Depuis des siècles, les aurores boréales interrogent. Pour certains peuples du cercle polaire, il s’agirait de manifestations des esprits des morts, particulièrement les jeunes femmes disparues prématurément. Les premiers voyageurs et naturalistes ont évoqué le reflet dans le ciel de baleines ou de bancs de harengs nageant dans l’océan Arctique. Comme souvent, les scientifiques ont cassé l’ambiance, et leurs explications sont un peu flippantes.
Le Soleil, l’étoile la plus proche de nous, n’émet pas seulement de la chaleur et de la lumière, mais aussi des flots de particules chargées électriquement, libérées par les éruptions qui surviennent à sa surface et qui sont envoyées dans l’espace à grande vitesse. C’est le phénomène du vent solaire. Lorsque celui-ci entre dans l’atmosphère de notre globe, les particules s’accumulent dans l’environnement spatial terrestre, côté nuit, au niveau de l’équateur, et y forment des plaques de plasma qui sont peu à peu canalisées en direction des pôles dans la zone appelée « ovale auroral », où les aurores boréales sont fréquentes.

Voilà. C’est moins poétique que les esprits des défunts, mais pourquoi pas ? Attendez la suite... Car le champ magnétique solaire transporté par les particules entre en interaction avec le champ magnétique terrestre et perturbe les courants électriques qui parcourent la Terre. C’est ainsi que la pire tempête solaire jamais enregistrée, qui a eu lieu en 1859, a déclenché des incendies dans les bureaux de télégraphie. Ses effets, dit-on, ont été perçus jusqu’aux Caraïbes !
Maintenant, imaginons les effets décuplés d’un tel phénomène aujourd’hui : paralysie du trafic aérien, dommages aux satellites, interruption des réseaux électriques et informatiques... Avec les retombées économiques qu’on imagine. En 2012, la Terre a échappé de peu à une tempête solaire majeure. Par chance, la masse de particules a été éjectée dans le sens opposé. À quand la prochaine ? Justement, on n’en sait rien... Nous sommes très en retard en matière de météo spatiale, qui est à un niveau équivalent à celui de la métro terrestre des années 50.
Les scientifiques sont formels : l’étude de l’environnement spatial de la Terre va être d’une importance capitale pour nos sociétés de plus en plus dépendantes des satellites et des données que ceux-ci nous transmettent. Par ailleurs, il est urgent de mieux comprendre l’activité solaire afin de prévoir ses manifestations et peut-être de préparer les populations à des tempêtes solaires d’une exceptionnelle intensité...










