Non, les personnages de James McAvoy dans Split, d’Anthony Perkins dans Psychose ou, plus récemment sur france.tv, de Marc Lavoine dans Kepler(s) ne sont pas que des élucubrations de scénaristes, ils sont une réinterprétation d’un cas clinique bien réel (mais tout de même beaucoup moins flippant) : le « trouble dissociatif de l’identité », autrement dit le fait que plusieurs personnalités vivent au sein d’une même personne.
C’est le cas de Lisa, 22 ans, dont ce documentaire diffusé sur france.tv dresse le troublant et attendrissant portrait.
Quand j’ai entendu les mots TDI, ça a été l’horreur pour moi. [...] Je sentais confusément qu’on était plusieurs. Je me rendais bien compte qu’à un moment j’étais là, que je faisais quelque chose, puis je disparaissais. Deux ou trois jours plus tard, j’étais à nouveau présente, mais je ne savais pas ce qu’il s’était passé entre-temps...
Lisa, 22 ans - « Vivre avec un trouble dissociatif de l’identité »
« Nous avons un seul corps et il faut faire avec », explique simplement la jeune Allemande qui, si elle s’est toujours sentie « étrangère à elle-même », n’a découvert qu’il y a trois ans qu’elle souffrait de TDI. Tour à tour, au gré des successions de ces « alters » (c’est ainsi qu’on appelle ses personnalités « alternatives »), elle peut être (et agir comme) une adulte responsable, une fillette de 4 ans, un garçon sportif… La caméra saisit ces moments troublants où, sans prévenir, sa voix mue, sa silhouette se transforme, ses gestes changent… sans que la jeune femme n’en garde le moindre souvenir.
Engagée dans une thérapie, Lisa cherche moins à guérir qu’à (faire) accepter ses différentes identités, à favoriser un dialogue apaisé et constructif : dialogue intérieur, entre ses « alters », et dialogue extérieur, avec celles et ceux qui croisent sa route. Et c’est exactement ce que permet ce film délicat, qui entremêle le quotidien de Lisa, ses commentaires (d’une rare lucidité) et diverses interviews de spécialistes (psychiatres, chercheurs dont les éclairages permettent de mieux comprendre cette pathologie mal connue, dont souffrirait 1 % de la population mondiale) : porter, sans jugement, un autre regard sur un trouble mental et saisir, en miroir, ce qu’il dit de nous, de nos sociétés, de notre culte de la norme.
Le TDI, ça vient d’où ?
Avant tout, il s’agit d’un mécanisme de défense. Les enfants victimes de violences, de maltraitance ou de négligence grave peuvent développer des états de personnalité distincts pour survivre, diluant la charge de leurs expériences traumatisantes sur différentes identités, de manière à en atténuer la souffrance.
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