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L’Iranienne qui escalade les montagnes à mains (et tête) nues


Nasim a de fortes mains ornées de vernis à ongles rose vif. Elle est la pionnière de l’escalade en plein air en Iran, où les femmes grimpent sur des murs intérieurs, à heures fixes et uniquement entre elles. Nasim a un rêve qui peut devenir réalité : établir une connexion entre l’Iran et l’Italie, en ouvrant une nouvelle voie dans les Alpes. Découvre « Climbing Iran », le documentaire qui raconte son histoire sur france.tv.

  • Nasim Eshqi, pionnière de l'escalade en Iran.
  • © Nanof

La première fois que j’ai vu Nasim, c’était dans un journal, avec les cheveux libres au vent et le regard tout droit vers le sommet. On la décrivait comme la seule femme capable d’ouvrir des « nouvelles voies » sur les montagnes d’Iran.

Francesca Borghetti, réalisatrice

L’enfant hyperactive que fut Nasrim se souvient qu’il n’y avait aucune différence entre elle, sa sœur et ses frères. Mais un jour, tout change : « À 9 ans, toutes les filles doivent commencer à se couvrir le corps et les cheveux. » Pour Nasrim, c’est une rupture : « Aussitôt, le sentiment que je voulais être un garçon m’a accompagnée. » Elle se coupe les cheveux, multiplie les expériences dangereuses et les rapports avec sa famille se tendent : « C’était une constante bataille… Des fois, ils avaient honte de marcher avec moi dans la rue. »
Puis, à l’université, elle découvre le sport féminin et se rend compte que devenir forte n’est pas devenir un homme. Elle prend alors sa décision : « Je suis une femme qui veut réaliser ses rêves et qui ne s’arrêtera jamais. » Elle s’entraîne dur, parfois en secret en manquant les cours, et finalement « le sport [lui] a sauvé la vie ».

Mais, un jour, la championne de kickboxing refuse de porter le voile pour concourir à l’étranger, ne pouvant accepter « de devenir un outil publicitaire pour n’importe quel parti politique pendant qu’[elle] fai[t] du sport ». À 23 ans, elle choisit l’escalade, mais doit faire l’apprentissage de la lenteur. « Elle s’est entraînée très intelligemment, avec une vision ouverte, n’a pas oublié son professeur, parce qu’elle a commencé par ouvrir elle-même des nouvelles voies. »

Peu importe si tu es riche ou pauvre, noir ou blanc, Iranien ou Italien, homme ou femme, la gravité tire tout le monde vers le bas avec la même force. Et cela m’a donné un grand sentiment de liberté et d’égalité.

Nasim

« Je lui étais très reconnaissante de m’avoir aidée, en tant que local, insiste Nasim, car ce n’est pas facile pour un homme en Iran d’accepter d’aider et de soutenir une fille pour qu’elle puisse accomplir quelque chose de grand ou de dangereux. » Ses partenaires d’escalade – des hommes – ont rapidement été sidérés par « cette fille si différente des autres », sa force et sa volonté. 
« Quand j’ai commencé il y a quinze ans, nous n’étions que quatre filles en escalade en plein air. Mais ensuite elles se sont mariées, elles ont eu des enfants et elles ne grimpent plus… » Depuis, Nasim n’a eu de cesse de faire évoluer les choses. Résolue, elle emmène quelques autres jeunes femmes sur les parois rocheuses des environs de Téhéran, leur apprenant à grimper et à devenir indépendantes.

Ce film esquisse le portrait d’une femme extraordinaire, déterminée à repousser les barrières qui s’opposent à sa passion, qu’elles soient physiques, sociales, psychologiques, géographiques ou idéologiques. 
Avec la réalisatrice italienne, elle tente de réaliser un rêve : établir une connexion entre l’Iran et l’Italie, en ouvrant une nouvelle voie dans les Alpes.

Regarde le documentaire « Climbing Iran »👇👇👇 

Il a été récompensé par le Grand Prix du Jury du Festival Femmes en montagne 2022 et par le Prix du Public au Festival du film de Trente (Italie).

Un documentaire de Francesca Borghetti
« Climbing Iran » avec Nasim Eshqi.
© FTV
Publié le 13 août 2025
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