Icône retour Retour

« HEC, admis sans les codes », portraits d’étudiants transclasses

Les premiers pas de trois jeunes issus de milieux populaires au sein de la très élitiste école de commerce parisienne : un portrait sensible d’étudiants « transclasses ».

  • « HEC, admis sans les codes ».
  • © BrothersFilms

HEC Paris, l’école de commerce de renommée mondiale, qui forme ministres (et même un ancien président de la République, François Hollande), patrons du Cac 40 et banquiers d’affaires, accessible après une classe prépa sélective et, surtout, au prix de frais de scolarité pouvant atteindre 70 000 euros l’année sur trois ans : le modèle-type de l’école d’élite à la française, rouage imparable du mécanisme de reproduction sociale*.
Autant dire que pour Isabelle, Tom et Victor, trois jeunes issus de milieux populaires, intégrer HEC relevait du scénario de science-fiction. Victor, fan de sports automobiles, a grandi près de Marseille et n’aurait jamais rien connu des écoles de commerce si un de ces professeurs de lycée ne lui avait, au vu de ses résultats, conseillé cette possibilité d’orientation. Isabelle, du quartier des Olympiades à Paris, se rêvait footballeuse professionnelle : elle est la première de sa famille à poursuivre des études après le bac. Depuis qu’il a 14 ans, Tom, lui, travaille chaque week-end comme poissonnier sur l’étal que tient sa mère dans un marché couvert du Val-d’Oise.
Ils sont les trois protagonistes d’un émouvant documentaire signé Camille Poulain (passée elle-même par HEC) et Jules Giraudat, qui suit leurs premiers pas dans leur nouvel environnement. Trouver sa place à 20 ans, ce n’est déjà pas facile, mais ça l’est encore moins lorsqu’on est projeté dans un univers dont on ne maîtrise pas les codes.

D’un côté, j’étais un peu fière de moi parce que je me disais : « J’ai réussi à arriver ici, en ayant des parents qui n’ont pas fait d’études, qui ne sont pas de cet univers-là », mais, d’un autre côté, je me disais : « Je ne suis pas du tout à ma place, qu’est-ce que je fous là ? »

Isabelle - « HEC, admis sans les codes »

L’arrivée à HEC d’Isabelle, Tom et Victor est un changement radical : leur première année d’études ressemble à un voyage en accéléré d’un bout à l’autre de l’échelle sociale… Recueillant au fil des mois leurs doutes et leurs difficultés, le documentaire passe de la solitude de leur chambre d’étudiant aux soirées survoltées du campus, de l’angoisse des premières recherches de stage à celle de leurs premiers partiels. Vont-ils réussir ? Comment vont-ils s’intégrer parmi tous ces étudiants issus de bonnes familles, champions de ce « networking » dont l’école fait sa priorité ? « Globalement, ils ne veulent pas qu’on soit là, dit, amer, au solitaire Victor, un de ses camarades de lycée qui étudie dans une autre grande école de commerce parisienne. C’est vicieux, non explicite, mais dès le début, ils ne te parlent pas… On dérange. »
Comment évoluer dans un nouveau milieu sans renier ses origines ? Comment envisager sereinement un avenir professionnel quand pèse sur ses épaules un emprunt de près de 80 000 euros, nécessaire aux frais de scolarité ? Tout en pudeur, le documentaire s’empare de ces questions pour dresser le portrait sensible et complexe de ces trois jeunes, saisis au seuil de l’âge adulte. 

* Depuis 2019, HEC Paris accueille des boursiers dont elle finance une partie des frais – ils étaient 28 % parmi les élèves entrants en 2024.

Regarde « HEC, admis sans les codes » sur france.tv👇
 

HEC, admis sans les codes
Publié le 29 octobre 2025

Explorer