Depuis des mois, les gangs contrôlent presque tous les quartiers de Port-au-Prince, ainsi que les routes qui y mènent, s’en prenant aux sites stratégiques du pays : académie de police, aéroport et plusieurs prisons. La violence qui ne cesse de s’intensifier et s’étend aux départements voisins a déjà fait des milliers de morts et plus d’un million de déplacés.
On ne peut aller nulle part pour manger, pour dormir. Parce que le pays a la tête en bas.Une réfugiée et sa petite fille, sur la place du Champ-de-Mars à Port-au-Prince

Une tragédie de plus dans la longue histoire douloureuse de celle qu’on surnomma « la perle des Antilles » durant la colonisation française. Pourtant, Haïti fut le premier pays à se libérer de l’esclavage au terme d’une longue et sanglante guerre d’indépendance contre les troupes napoléoniennes.
La dette haïtienne
Mais, au XIXe siècle, la France impose une dette colossale de 150 millions de francs-or à son ancienne colonie. Un paiement exorbitant qui condamne la jeune nation à la pauvreté et au sous-développement chronique, entraînant l’instabilité politique, des crises alimentaires et la violence sur fond de catastrophes naturelles.
La « dette haïtienne » reste un pan méconnu et une plaie ouverte entre Haïti et la France. Les initiatives de l’ancien président haïtien Aristide (2003) pour en obtenir le remboursement ou les déclarations maladroites de François Hollande (2015) n’ont en rien changé le regard accusateur que posent les Haïtiens sur cette vieille histoire.
La part douloureuse, c’est qu’on vous fait payer cette victoire. Lyonel Trouillot, écrivain, poète et maître du « bazilic patikola » ou bâton, art martial haïtien

Deux cent vingt ans après la proclamation d’indépendance, cette histoire laisse un sentiment amer et de profonde injustice au sein de la population. Ils sont agriculteurs, artistes, religieux, économiste, avocat ou encore médecin. La priorité des habitants est de survivre, mais ils n’oublient pas ce passé douloureux.
Ce documentaire donne des clés pour comprendre le destin unique et tragique du pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes.
À cause de la dette, Haïti reste à genoux.Jean Roland, un cultivateur de café
Découvre le reportage de Gilles Gasser et Michel Reinette : « Haïti, la rançon de la liberté » sur france.tv 👇
