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« INA ADN - Les mots de Lio, la combattante » : autoportrait de l'artiste en citoyenne engagée

Réagissant aux images d’archives de l’INA, la chanteuse revient sur ses débuts, son parcours, ses influences et ses indignations.

  • Lio - « INA ADN ».
  • © DR

« C’est le dessert que sert / L’abominable homme des neiges / À l’abominable enfant teenage » : impossible d’être passé à côté de Banana Split, tube pop des années 1980 qui a traversé le temps. « Baisers givrés sur les Montagnes blanches / On dirait que les choses se déclenchent / La chantilly s’écroule / En avalanche » : impossible surtout de passer à côté des multiples sous-entendus sexuels, scandés par une toute jeune « enfant teenage », Lio.
« Je me pensais rock’n’roll, je pensais que c’était extrêmement in, mais je n’avais que 16 ans, se rappelle-t-elle, aujourd’hui. À l’époque, on m’avait dit que Nabokov c’était génial, que les Lolitas et les Baby Dolls, c’était vraiment top. » C’était un peu plus de dix ans après Les Sucettes, métaphore sexuelle à peine voilée composée par Serge Gainsbourg pour l’ingénue France Gall ; c’était trois ans avant Lemon Incest où le même Gainsbourg offrait une chanson d’amour ambiguë à sa fille de 12 ans, étendue à ses côtés sur un grand lit en chemise et culotte ; c’était l’époque où l’écrivain Gabriel Matzneff était reçu en star de la littérature, étalant ses expériences pédophiles sur les plateaux télé. « On a beaucoup sexualisé les enfants, et ça a fait des dégâts considérables dans les familles, y compris dans la mienne… » résume Lio.

J’entendais chez moi Léo Ferré, c’est très misogyne ! Jacques Brel aussi... [...] Je me suis construite comme ça, avec un cinéma hollywoodien, toute une littérature, un cinéma français d’auteur misogynes. Alors, interrogeons-nous sur ce masochisme, le masochisme des femmes. Nous sommes construites par ça et il faut beaucoup de temps pour se déconstruire...

Lio, « ADN INA »

Face aux caméras de l’émission INA ADN, Lio revient ainsi, avec le franc-parler qu’on lui connaît, sur ses débuts, son parcours et ses engagements. Réagissant aux images d’archives habillement sélectionnées par le journaliste Hugo Domenach et ses équipes, l’artiste raconte sa vie, ses douleurs et ses sources d’indignation. Entière, ne mâchant pas ses mots, elle dénonce pêle-mêle la culture du viol dans une société « portée par un regard masculin », les violences faites aux femmes (revenant sur le féminicide de Marie Trintignant en 2003, qu’elle avait été la première et quasiment la seule, à l’époque, à nommer comme tel) ou encore fustige « les médias complaisants » avec le patriarcat. Elle évoque également son Portugal natal, que sa famille, fuyant la dictature de Salazar, a quitté pour la Belgique, et rend un bel hommage aux figures qui l’ont inspirée (comme la militante féministe Antoinette Fouque ou la chanteuse cap-verdienne Cesária Évora) et continuent de guider ses combats (comme l’essayiste Rose Lamy).
En regardant dans le rétro de l’INA, Lio, 63 ans, dessine une forme d’autoportrait sans concession et particulièrement touchant (« J’ai beaucoup de tendresse pour moi, maintenant, beaucoup de tendresse pour cette petite gamine »), qui, par-delà sa carrière, raconte les mutations sociales (les espoirs déçus ou non) de ces cinquante dernières années.
 

« INA ADN - Les mots de Lio, la combattante », à voir sur france.tv 👇🏽👇🏽👇🏽
 

Les mots de Lio, la combattante.
Publié le 16 juillet 2025
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