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« Dates IRL » : chronique d’une génération Z désenchantée

La « vraie » vie est-elle si « vraie » ? Quand une ado, larguée par son « date » virtuel, tente de découvrir l’amour dans le monde réel.

  • Gina Bernhoft Gørvell - « Dates IRL ».
  • © Dynamic Television LLC

Catastrophe. Le monde d’Ida, ado introvertie de la banlieue d’Oslo, s’effondre : Marvin, avec lequel elle file pourtant le parfait amour, veut rompre. Et ce n’est pas tout : non seulement il la quitte, mais il le fait pour une autre fille. Catastrophe redoublée d’un cataclysme. Et ce n’est re-pas tout (mais alors pas du tout) : non seulement il la quitte pour une autre fille, mais il le fait pour une fille IRLin real Life »). Cataclysme redoublé de catastrophe triplé d’apocalypse. Une « vraie » fille de la « vraie » vie ? Trahison ultime, crime de lèse-virtualité.
Il faut comprendre qu’Ida et Marvin, purs produits de la Gen Z, sont des amoureux de leur temps, qui vivent leur relation par avatars interposés, à des kilomètres de distance, sans s’être jamais rencontrés. Masques sur la tête, ils se retrouvent, se touchent, s’aiment dans un monde apaisant, façonné à leur image.
Si la relation était virtuelle, la douleur d’Ida, elle, est bien réelle. Comment Marvin peut-il désormais lui préférer la « vraie » vie ? Et puis, au juste, qu’a-t-elle de si « vraie », cette vie-là ? La jeune fille décide de comprendre par elle-même : elle enlève son casque et quitte enfin sa chambre (autant que sa carapace de timidité) pour tenter sa chance dans le monde réel…

Je suis 1.0. Peut-être 1.3. Je n’ai jamais été en couple dans la vraie vie. J’ai jamais largué quelqu’un. J’ai juste ghosté des mecs sur des applis...

Gina Bernhoft Gørvell (Ida) - « Dates IRL »
« Dates IRL »
« Dates IRL »
© Dynamic Television LLC

Osée et rythmée, cette série norvégienne réussit, en permanence, à se jouer des contrastes, tout comme son héroïne (bouleversante Gina Bernhoft Gørvell) oscille entre plusieurs réalités : contrastes entre une esthétique de jeu vidéo policé (métavers peuplé d’avatars aux allures de boys band ou avec des têtes de hamburgers) et une photographie à la sensualité morne (ultramoderne solitude du monde réel) ; contrastes entre les réactions de Marvin (finalement plutôt loyal et sincère) et celles d’Ida (lancée à la quête du grand et « vrai » amour, dans un tourbillon de grand n’importe quoi plus ou moins cathartique) ; contrastes, enfin, au sein des scènes elles-mêmes, la série osant toutes les ruptures de tons possibles, brouillant à merveille les pistes entre comédie romantique légère, récit cru sur le passage à l’âge adulte et chronique d’une génération désenchantée.

C’est évident que j’ai ma place en ligne, mais j’ai aussi ma place dans la vraie vie et dans mon corps.

Gina Bernhoft Gørvell (Ida) - « Dates IRL »

La série "Dates IRL" est disponible ici 👇
 

La série Dates IRL

 

Publié le 28 mai 2025
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