Après la post-vérité — élue mot de l’année 2016 par le Oxford Dictionary, en pleine ascension de Trump et du Brexit — nous voilà propulsés dans l’ère de la post-réalité. Agents créatifs dopés à l’IA, recruteurs virtuels qui ne jurent que par les soft skills synthétiques, compagnons artificio-émotionnels à la voix rassurante : bienvenue dans une « hyperréalité » version Baudrillard 2.0, où l’illusion est plus crédible que le réel, et souvent, mieux notée par les algorithmes.

Entre fake news, deepfakes et univers virtuels, la réalité semble parfois vaciller, moins saisissable – voire moins désirable – que ses simulacres. L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (générative) n’a pas seulement amplifié la production de récits alternatifs : il a démocratisé la faculté, pour chacun, de façonner ses propres réalités parallèles, souvent calquées sur ses biais, ses croyances ou ses affects. Un glissement insidieux qui érode, jour après jour, le socle fragile de la confiance entre médias et publics. Mais imputer cette fragmentation du réel à la seule IA générative serait à la fois réducteur et aveugle aux dynamiques profondes à l’œuvre. D’autant que cette même technologie, bien pensée, bien encadrée, pourrait aussi contribuer à restaurer ce lien fissuré.
Le nouveau cahier de tendances de Méta-Media, le blog collectif de France Télévisions qui décrypte les tendances pour comprendre les médias et le journalisme de demain, invite à s’interroger collectivement : que nous reste-t-il du réel lorsque récits, images et émotions sont générés à la chaîne, calibrés par des algorithmes ? Comment former notre jugement à l’ère où l’illusion peut parfaitement singer le réel ? Quel rôle pour les rédactions dans ce nouveau paysage ? Quelle part de la chaîne de valeur des médias sommes-nous réellement prêts à confier aux machines ? Et surtout, quelles actions concrètes mettre en place pour maintenir un équilibre entre illusion et réalité — et préserver une sphère publique où le débat s’appuie encore sur un socle commun de vérité ?

A travers ce cahier, Méta-Media propose un voyage au pays du doute où « Il ne s’agit plus seulement de déformer le réel, mais de le générer ex nihilo », où le faux s’érige en nouvelle norme esthétique, où les amitiés deviennent synthétiques, où les IA se prennent à élaborer des concepts repris par des êtres de chair, mais où également le lien humain devient l’amarrage des rédactions à leurs publics. Pour vous guider dans ces contrés, des voix venues de tous horizons telles que Fabrice Arfi, Etienne Klein, Chine Labbé, Nikita Roy ou encore François Saltiel et la philosophe Appoline Guillot.
Prêts à garder les pieds sur terre ?
Consultez le cahier de tendances ici et découvrez l’introduction de Kati Bremme, directrice de l’innovation à France Télévisions et rédactrice en chef de Méta-Media là.
Bonne lecture !
