Au commencement est un carnet de voyage, celui du cinéaste allemand qui, d’un geste fou, relia Munich à Paris en plein hiver pour rejoindre son amie Lotte Eisner, gravement malade. Ces 800 kilomètres de terres inhospitalières, traversées sous la neige et le grésil, Bruno Geslin, Clément Bertani et Guilhem Logerot les ont éprouvés à nouveau : même distance, même froid. La solitude en moins. Ils en ont rapporté des paysages neigeux, qu’ils reversent au plateau en images projetées sur un grand rideau. Devant ces images d’un hiver glacé, Clément Bertani, poète joggeur esseulé sur un tapis roulant, épuise son corps et partage les mots d’Herzog dans un presque état de transe. Derrière lui, les chants envoûtants de Guilhem Logerot achèvent de nous propulser dans un espace-temps indéfini. Comme toujours avec Bruno Geslin – Le feu, la fumée, le soufre ou Chroma –, nos sensations sont exacerbées par les couleurs, les ambiances sonores et une poésie des corps et du verbe. Un oratorio, beau à couper le souffle.