Vingt-deux lecteurs recrutés dans la communauté des membres du Club Fans de Culture (11 pour le Prix Essai et 11 autres pour le Prix Roman), se sont réunis les 26 et 27 mai à France Télévisions pour délibérer, voter et élire leurs lauréats.
Au terme de débats animés par Augustin Trapenard, président des prix littéraires France Télévisions, leurs choix se sont portés sur deux lauréats.

Prix Essai France Télévisions 2025
Adèle Yon, pour Mon vrai nom est Élisabeth (Éditions du Sous-Sol)

Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. La narratrice ne dispose, sur cette femme morte avant sa naissance, que de quelques légendes familiales dont les récits fluctuent. Une vieille dame coquette qui aimait nager, bonnet de bain en caoutchouc et saut façon grenouille, dans la piscine de la propriété de vacances. Une grand-mère avec une cavité de chaque côté du front qui accusait son petit-fils de la regarder nue à travers les murs. Une maison qui prend feu. Des grossesses non désirées. C'est à peu près tout. Les enfants d'Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n'en parlent pas à leurs enfants qui n'en parlent pas à leurs petits-enfants. « C'était un nom qu'on ne prononçait pas. Maman, c'était un non-sujet. Tu peux enregistrer ça. Maman, c'était un non-sujet. »
Mon vrai nom est Elisabeth est un premier livre poignant à la lisière de différents genres : l'enquête familiale, le récit de soi, le road-trip, l'essai. À travers la voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploient différentes histoires, celles du poids de l'hérédité, des violences faites aux femmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d'une famille nombreuse et bourgeoise renfermant son lot de secrets.
Adèle Yon

Née en 1994 à Paris, Adèle Yon est normalienne devenue enseignante, et écrivaine. Mon vrai nom est Elisabeth est son premier livre, où elle explore l'histoire de son arrière-grand-mère, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. Ce récit mêle enquête personnelle et réflexion sur la folie et la psychiatrie. En parallèle de ses activités littéraires et académiques, Adèle Yon travaille également comme cheffe de cuisine à Paris et dans la Sarthe.
Prix Roman France Télévisions 2025
Philippe Manevy, pour La colline qui travaille (Le Bruit du monde)

« J'écris pour que les êtres et les liens qui les unissent cessent de se distendre et de disparaître. »
Le bruit d'un téléphone, l'odeur de l'eau de Javel, le goût d'un nescafé... Philippe Manevy tire le fil du souvenir et tisse l'étoffe d'un roman familial sur quatre générations en commençant justement par le personnage d'Alice, sa grand-mère maternelle, tisseuse de métier. Pointilleuse et déterminée, elle devint la figure de proue d'un mouvement ouvrier au lendemain de la victoire du Front Populaire. Très vite, René, son époux, fait son apparition dans le récit. Ancien sportif, il fut un typographe possiblement engagé, avec d'autres héros de l'ombre, dans un acte spectaculaire de résistance. Tous deux parents dévoués de Martine, ils seront prêts à tout pour assurer le futur de leur fille studieuse et appliquée.
Chaque chapitre met en lumière un membre de la famille aux prises avec les épreuves que lui réservent son époque et l'existence. Apparaissent progressivement des liens entre eux et des échos que l'auteur consigne ici, sans rien cacher des doutes qui surgissent au fil de son travail d'écriture. Et l'on traverse ainsi deux guerres mondiales, des crises économiques, les Trente glorieuses, les espoirs et les désillusions du XXe siècle.
Déclaration d'amour et hommage vibrant à la classe ouvrière, La colline qui travaille revigore le genre de la chronique familiale et offre au lecteur un sentiment de réconfort et de douce nostalgie.
Philippe Manevy

Né en 1980 à Clermont-Ferrand, Philippe Manevy a enseigné en France avant de s'installer à Montréal où il travaille comme professeur de français et de théâtre. Passionné de littérature, il publie régulièrement des critiques dans la revue Lettres Québécoises. Dans Ton pays sera mon pays (Leméac, 2021), il explorait son expérience de l’expatriation. Avec son deuxième livre, La colline qui travaille, il prolonge cette démarche où se confondent l’introspection et le regard porté sur l’autre pour lui donner une dimension nouvelle : celle d’une poignante quête mémorielle.
Un jury de sélection présidé par Augustin Trapenard
La sélection des ouvrages a été opérée par un jury composé des spécialistes de la littérature et de la culture intervenant sur les antennes de France Télévisions et présidé par Augustin Trapenard. C’est ce jury de sélection qui a choisi les six romans et les six essais en compétition cette année.
Venus de toute la France, les vingt-deux lecteurs (11 pour le Prix Roman, 11 pour le Prix Essai France Télévisions) qui ont participé à cette aventure littéraire et humaine ont pu rencontrer ces journalistes littéraires lors des délibérations.



Principal soutien de la littérature sous toutes ses formes et seul média français à proposer des émissions littéraires en première partie de soirée, le groupe public a créé ces prix en 1995 pour récompenser et mettre en avant les auteurs d’ouvrages francophones publiés récemment.
En trente ans, les lecteurs de France Télévisions ont couronné des Prix Roman et Essai, de nombreux auteurs confirmés comme des primo-romanciers ou essayistes, tels que : Olivier Adam, Nathacha Appanah, Alain Bentolila, Olivier Bourdeaut, Marianne Chaillan, Philippe Claudel, Jean-Paul Dubois, Jérôme Garcin, Ivan Jablonka.
Lors de l’édition 2024, le Prix Essai France Télévisions avait été remis à Beata Umubyeyi Mairesse pour Le Convoi (Flammarion) et le Prix Roman France Télévisions à Sophie Divry, pour Fantastique histoire d'amour (Seuil).