Suzanne jour après jour

Mercredi 2 août dès 23.25 sur France 3. Collection « L'Heure D »

« Suzanne, jour après jour », heure après heure, saison après saison : pendant un an, Suzanne Claudel a eu « ses cinéastes »  à ses côtés. Les réalisateurs Stéphane Manchematin et Serge Steyer ont suivi cette retraitée de 91 ans installée dans sa maison natale des Hautes-Vosges. Une vie austère mais limpide menée par une femme délicieuse et attachante. Un inédit remarquable.

« Suzanne jour après jour » © Les Films de la Pluie et Ana Films

Suzanne est l’aînée de 10 enfants. Elle a toujours vécu dans les Vosges. Son arrière-grand-père, son grand-père et son père sont nés dans cette maison où elle a choisi de revenir à la retraite.
Car Suzanne était professeur de mathématiques. Au grand dam de sa tante, sœur de la Providence de Portieux : « Elle avait derrière la tête que je ferais une bonne recrue. Alors j’ai été là-bas, à l’école, après la guerre. Mais pour être une bonne religieuse, à l’époque fallait être soumise. J’aurais pas fait une bonne recrue, sûrement pas ! » Suzanne s'en amuse, comme elle se fiche bien des quolibets lorsqu'elle a annoncé à ses anciens collègues qu'elle emménageait dans cette ferme qui l’a vue naître en 1930. Car là-haut, tout est resté intact, dans son jus : pas d’eau courante, pas de frigo, pas d’électricité ou presque...

C’est du 110, la turbine date de 1928. C’est mes grands-parents qui l’ont installée. Et quand y a pas d’eau dans le ruisseau, ben ça tourne pas.

Suzanne se nourrit des légumes de son potager, « c’est bio, dit-elle avec malice. C’est la mode. » Elle fait ses confitures à la groseille, ses bocaux de haricots et de ratatouille, prend de temps en temps sa voiture pour descendre acheter quelques victuailles au village. Elle se chauffe grâce à son poêle à bois, son seul luxe est sa cuisinière à gaz. L’hiver peut descendre jusqu'à 3 ou 4 degrés dans sa chambre.

On peut très bien vivre sans tout le confort de maintenant. Parce que, finalement, on se crée des besoins et, une fois qu’on les a, on peut plus sans passer.

Suzanne s’émerveille, rigole, fait ses mots croisés, tricote, cuisine, lit La Croix, joue aux cartes avec une voisine, observe la nature, les fleurs, les vaches.

Été comme hiver, Suzanne savoure, profite. Et nous, on l'envie...

 

Stéphane Manchematin et Serge Steyer, réalisateurs

Voilà plus de vingt ans que nous – Serge et Stéphane – cheminons ensemble sur la voie du documentaire, de tournages en séances de montage, de projets en projets, de films en films. Nous voilà donc à nouveau réunis, avec l’envie de pousser plus loin l’expérience de cinéma que nous proposons au spectateur. Une expérience existentielle jouant sur les registres du temps dilaté et des silences. Une invitation à nous tenir au plus près de notre personnage qui, comme les précédents, a fait le choix de se tenir à distance du monde contemporain.
Avec Suzanne, nous continuons aussi à creuser notre sillon vosgien, dans une région sylvestre qui abrite nos souvenirs d’enfance et à laquelle nous sommes intimement liés. Par son mode de vie, Suzanne fait partie de ce que les chercheurs en sciences sociales appellent les « derniers ». Pour nous, sa façon d’« habiter la vie » est exemplaire d’un rapport au temps en voie de disparition, d’une relation simple à l’existence, d’une consommation qui se limite aux besoins essentiels, d’une relation à l’environnement spontanément respectueuse. Son mode de vie a de quoi interroger, et fournir nombre de pistes de réflexions à celui qui questionne peu ou prou sa façon de vivre. Notre conviction est que le mode de vie de Suzanne, loin d’être « archaïque », est éminemment d’actualité. Et si les « derniers » devenaient des pionniers ? 

L'Heure D

Une collection de 14 documentaires inédits, suivis de rediffusions, tous les mercredis de l'été sur France 3.
Présentation de la collection

Suzanne jour après jour

« Suzanne jour après jour »
« Suzanne jour après jour »
© Les Films de la Pluie et Ana Films



« On verra bien ! » Suzanne prend la vie comme elle vient, avec calme et sérénité. Elle vit seule dans la ferme qui l’a vue naître en 1930, en lisière d’une forêt des Hautes-Vosges. La maison n’est raccordée ni à l’eau ni à l’électricité. Au gré des saisons, Suzanne cultive son potager, prépare ses conserves, lit la presse, marche dans la montagne, accueille les visiteurs de passage. Elle savoure en riant tous les petits plaisirs de la vie, s’amusant d’incarner cette sobriété heureuse à laquelle aspirent ses contemporains.

88 min – Réalisation Stéphane Manchematin et Serge Steyer – Production Les Films de la Pluie et Ana Films – Avec la participation de France 3 Grand Est

Suzanne jour après jour est diffusée le mercredi 2 août dès 23.25  sur France 3. 

À voir et à revoir sur france.tv

Publié par Béatrice Cantet
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