L’origine du mal : « Haïti, la rançon de la liberté »

Depuis plusieurs semaines, la situation en Haïti est devenue intenable. Ce documentaire inédit plonge au cœur d’un pays aujourd’hui au bord de l’abîme. Pour comprendre les drames qui le déchirent, il se penche sur son histoire et la plaie toujours ouverte de la « dette haïtienne ». À voir lundi 15 avril à 23.50 sur France 3, sur La1ere.fr et sur france.tv.

« Haïti, la rançon de la liberté ». © Beau Comme une Image

Je suis la fille d’un pays maltraité mais un pays qui reste vivant. Haïti n’est ni une carte postale ni un cauchemar. Je pense qu’il faut trouver son âme. Celle qui s’est révélée pour conquérir la liberté en 1804.

Esther Mompoint, artiste

Les bandes criminelles, qui contrôlent presque tous les quartiers de Port-au-Prince, ainsi que les routes qui y mènent, s’en prennent aux sites stratégiques du pays : académie de police, aéroport et plusieurs prisons. 
Un déchaînement de violence qui intervient à la suite d’une action coordonnée des gangs, sous la direction de Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue », dont les assauts répétés ont eu raison du gouvernement du Premier ministre Ariel Henry. Plusieurs milliers de personnes ont fui leur maison, et l’accès aux services sociaux de base est plus périlleux que jamais, aggravant davantage un quotidien déjà précaire.

On ne peut aller nulle part pour manger, pour dormir. Parce que le pays a la tête en bas.

 

Une réfugiée et sa petite fille, sur la place du Champ-de-Mars à Port-au-Prince
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« Haïti, la rançon de la liberté ».
© Beau Comme une Image

Une tragédie de plus dans la longue histoire douloureuse de celle qu’on surnomma « la perle des Antilles » durant la colonisation française. Pourtant, Haïti fut le premier pays à se libérer de l’esclavage au terme d’une longue et sanglante guerre d’indépendance contre les troupes napoléoniennes. Mais, au XIXe siècle, la France impose une dette colossale de 150 millions de francs-or à son ancienne colonie. Un paiement exorbitant qui condamne la jeune nation à la pauvreté et au sous-développement chronique, entraînant l’instabilité politique, des crises alimentaires et la violence sur fond de catastrophes naturelles.

Deux cent vingt ans après la proclamation d’indépendance, cette histoire laisse un sentiment amer et de profonde injustice au sein de la population. Ils sont agriculteurs, artistes, religieux, économiste, avocat ou encore médecin. La priorité des habitants est de survivre, mais ils n’oublient pas ce passé douloureux.

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« Haïti, la rançon de la liberté ».
© Beau Comme une Image

La « dette haïtienne » reste un pan méconnu et une plaie ouverte entre Haïti et la France. Les initiatives de l’ancien président haïtien Aristide (2003) pour en obtenir le remboursement ou les déclarations maladroites de François Hollande (2015) n’ont en rien changé le regard accusateur que posent les Haïtiens sur cette vieille histoire. Retour sur le destin unique et tragique du pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes.

Je suis surtout en colère… On a l’impression qu’on est livrés à nous-mêmes.

Esther Mompoint, artiste

Extraits

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Esther Mompoint et Lyonel Trouillot dans « Haïti, la rançon de la liberté »
© Beau Comme une Image

« Pour les jeunes filles, un autre danger, c’est quand les membres des gangs leur font des avances qu’elles n’ont pas vraiment le droit de refuser… »Sœur Paësie, fondatrice de la communauté Famille Kizito

« On m’a dit qu’on lui a mis un sac sur la tête et qu’on l’a brûlée vive dans la rue. » Une mère qui cherche désespérément depuis un mois le corps de sa fille

« Il y a des milliers et des milliers d’enfants qui ne vont pas à l’école, particulièrement dans les bidonvilles. » Sœur Paësie

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« Haïti, la rançon de la liberté ».
© Beau Comme une Image

« La situation dans laquelle nous laisse l’État haïtien est innommable. Si Dessalines* revenait pour voir ça en Haïti, il en mourrait à nouveau ! » Jean Saint Hilaire, président du comité de quartier, Radio Commerce à Cité-Soleil

« Cet imaginaire collectif, c’est aussi une Haïti indépendante, une Haïti qui a pu se libérer des chaînes de l’esclavage. » Fritz Alphonse Jean, économiste et ancien gouverneur de la Banque nationale d’Haïti

« La part douloureuse, c’est qu’on vous fait payer cette victoire. » Lyonel Trouillot, écrivain, poète et maître du « bazilic patikola » ou bâton, art martial haïtien

« À cause de la dette, Haïti reste à genoux. » Jean Roland, un cultivateur de café

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Toussaint Louverture.
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« Il n’y a pas de budget d’investissement dans la santé, il n’y a pas assez d’hôpitaux, ni de centres de santé. Ce sont les proches qui doivent payer pour donner des soins… mais on essaie de garder espoir. » Dr Jean-Philippe Lebourg à l’hôpital universitaire de la Paix à Port-au-Prince

« En réalité, les gens ne demandent pas grand-chose. Ils demandent tout simplement ce qu’il leur revient de droit. » Esther Mompoint

* Jean-Jacques Dessalines : il proclame le 1er janvier 1804 l’indépendance de la République d’Haïti.

Outremer.ledoc : Haïti, la rançon de la liberté

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« Haïti, la rançon de la liberté ».
© Beau Comme une Image

Documentaire (52 min – 2024) — Réalisation Gilles Gasser et Michel Reinette — Production Beau Comme une Image, avec la participation de France Télévisions

Haïti, la rançon de la liberté est diffusé dans outremer.ledoc lundi 15 avril à 23.50 sur France 3 et sur La1ere.fr
À voir et revoir sur france.tv

La case outremer.ledoc de France Télévisions raconte un Outre-mer contemporain. Grâce à des histoires d’hommes et de femmes. Des histoires particulières qui viennent en miroir des sociétés ultramarines actuelles. Des films qui mettent en lumière des Ultramarins d’ici et de là-bas. Un regard porté de l’intérieur sur les Outre-mer, à la croisée de leurs histoires, de leurs cultures, de leurs croyances et de leurs enjeux.

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