« L’Énergie positive des dieux », ou le quotidien d’un groupe de rock pas tout à fait comme les autres

Entre concerts et répétitions, le film de Laetitia Møller suit le processus créatif du groupe Astéréotypie. Composé de personnes atteintes d’autisme – dont certaines sont aussi membres de la rédaction du journal « Le Papotin » –, ce collectif aux accents punk rock livre toute sa poésie dans le touchant documentaire « L’Énergie positive des dieux ». Sur Culturebox samedi 18 novembre à 21.10.

Stanislas, l'un des chanteurs du groupe Astéréotypie sur scène. © La Vingt-Cinquième Heure / Chloé Rafat - Les Films du Bilboquet

Accompagnés de quatre musiciens, Stanislas, Yohann, Aurélien, Kevin sont les chanteurs du groupe Astéréotypie. Encouragés par Christophe, guitariste du collectif, ils délivrent sur scène leurs univers détonants. Au départ de l’aventure, en 2010, le jeune éducateur spécialisé anime un atelier de poésie et d’écriture pour des adolescents autistes au sein d’un IME en région parisienne. Leur créativité et leur imagination bousculent les techniques éducatives et font émerger une écriture personnelle proche de l’art brut ou d’un slam surréaliste. Les chansons s’élaborent à partir de l’écriture et de l’imaginaire de chacun des chanteurs.  
Avec fluidité et simplicité, la caméra de Laetitia Møller capte les moments de fragile équilibre lors des répétitions ou des ateliers. Entre écriture, chant, déclamation, lorsque l’angoisse surgit, qu’une situation imprévue ou inhabituelle fait monter le malaise et basculer la situation, Christophe est là pour parler, rassurer, expliquer, accompagner. Avec patience, tout à l’écoute de ces jeunes et de leurs réactions, il les pousse aussi et les stimule pour les mettre au travail. Ainsi quand Stanislas semble préférer une promenade, il le ramène fermement vers ce que lui apporte l’atelier d’écriture, et les concerts. Et l’on voit la feuille d’un cahier se couvrir de la prose du jeune homme, qui explique clairement dans une interview ce que représente pour lui cette expérience : « Jouer en concert, c’est un peu s’exprimer. Si j’écris un texte sur ce qui va pas, c’est comme si je parlais à un ami (…). C’est un principe similaire, j’aime beaucoup ! Non seulement ça plaît au public car j’ai de l’énergie, je suis tonique, mais c’est une manière de s’exprimer, de dire ce qui ne va pas. »

« L'Énergie positive des dieux »
Christophe et Yohann.
© La Vingt-Cinquième Heure / Chloé Rafat - Les Films du Bilboquet

Alternant donc entre le calme du jardin qui abrite l’IME et la puissance de la scène, le film s’immerge dans l’aventure créatrice de ces jeunes gens. Il saisit au plus près la force de Stanislas qui tonne : « Ce qui me met en colère, c’est quand les gens se moquent de moi » ou, dans le morceau « Angoisse », s’interroge avec humour : « Je ne comprends pas pourquoi le logo d’Apple c’est une pomme croquée. Et ça m’angoisse. Je ne vois pas de rapport entre une pomme croquée et un smartphone. J’aime pas les pommes et j’aime les IPhone. » Il y aussi Aurélien qui, à la manière d’un Philippe Katerine, déclame Alphabetix en un inventaire à la Prévert. Et on est tenu en suspens par l’inquiétude de Kevin qui se demande « quand est-ce qu’on va l’arrêter, ma pilule bleue ? » et la prestation électrisée de « La Soufflante » par Yohann lors d’un concert joué sous les ors de l’Élysée. Leur talent de rock stars se libère ainsi sur scène en osmose aux côtés des musiciens, transportés et inspirés, eux aussi.
Le film se termine avec l’arrivée d’une nouvelle venue dans le groupe, Claire, fan d’heroic fantasy, qui, dit-elle, « aspire les bouquins qu’elle emprunte à la bibliothèque » pour écrire ses textes. L’Énergie positive des dieux, ou comment la création et l’art permettent de partager une aventure qui dépasse et abolit complètement les différences.

Le film de Laetitia Møller a reçu différents prix, dont le Prix de la critique du Meilleur long-métrage français et le Prix du jury du Film français indépendant au Champs-Élysées Film Festival en 2021.

L’Énergie positive des dieux 

 

Documentaire (70 min – 2020) – Auteure et réalisatrice Laetitia Møller – Production Les Films du Bilboquet 

L’Énergie positive des dieux est diffusé samedi 18 novembre à 21.10 sur Culturebox
À voir et revoir sur france.tv


Le concert d’Astéréotypie aux Trans Musicales de Rennes 2022 sur Culturebox

Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme, c’est le titre du troisième album du groupe de rockeurs. Le musique libératrice et abrasive d’Astéréotypie sonne comme un cri du cœur, déversant la colère, les peurs, les joies et les désirs des quatre membres du groupe, atteints d’autisme. Le collectif Astéréotypie explore des sonorités électro punk et embrase la scène des Trans Musicales de Rennes 2022 !

Publié par Bénédicte Mielcarek le 16 novembre 2023