La série « 9.3 BB » : entre théâtre, rap et identité

Confrontée au deuil, Leïla propose à ses ami·es de monter une troupe de théâtre pour se donner un objectif et aller de l'avant. Passionnée par l'écriture et la poésie, elle est subjuguée par la dimension que prennent les textes quand ils sont déclamés sur scène. Une série inspirante sur des jeunes de Bagnolet, en région parisienne, qui se construisent et tracent leur chemin. Wallen à l'écriture et Abd al Malik à la réalisation. Disponible dès le vendredi 19 avril sur france.tv. 

 

Leïla habite avec sa mère. Elle perd son petit ami qui meurt lors d'une altercation pendant qu'il infiltrait un groupe d'extrême droite. Elle décide alors d’abandonner ses études de droit et de suivre des objectifs qui ont un sens pour elle. Un soir, elle tombe par hasard sur une répétition au théâtre en face de chez elle. C’est « Antigone » de Brecht, qui est jouée. Elle est touchée, la pièce lui parle. Leïla aime écrire, et notamment de la poésie. Elle va alors monter sa propre troupe de théâtre pour se battre à sa manière : sur scène et avec les mots. 

« On fait partie d'une génération qui s'est construite sur fond de débat identitaire. »

« Mais au fond, c'est quoi l'identité ? Qu'est-ce qui nous définit ? L'identité, c'est plus complexe que tous les raccourcis qui sont faits sur le sujet. » (Leïla, personnage principal). En huit actes, cette série dépeint entre autres la vie de Leïla, Baptiste, Jane et Charlotte qui se cherchent, motivé·es pour monter leur projet malgré les vécus de chacun·e. À la croisée de leur héritage et du contexte actuel, ces jeunes se questionnent sur leurs envies, les attentes de la société, et notamment celles envers leur statut d'enfants d'immigré·es à qui l'on autorise peu de nuances. Exemple : la réussite ou la street. Les talents en herbe s'interrogent sur ce que signifie réussir : faire de l'argent, quitter la cité, être libre ? Mais aussi sur ce qu'il·elles veulent dire, notamment en tant qu'artiste. Des questions que les personnes ayant écrit et réalisé cette série ont sûrement dû se poser. Leur réalisation montre une variété d'identités qui cohabitent et s'enrichissent, ainsi que l'influence entre les disciplines artistiques : des ponts entre les mondes.

Le théâtre prend ses quartiers à l'écran, le rap entre au théâtre

C'est une série à l'image de son autrice, Wallen, et de son réalisateur, Abd al Malik, issu·es des milieux hip-hop, rap, slam, r'n'b et jazz. Elle, vient de Seine-Saint-Denis, comme les personnages. « Le vivre ensemble », caractéristique du binôme, y est très présent. La série navigue entre les disciplines comme les identités. Le théâtre est traversé par le rap, et la forme théâtrale s'installe dans la série, entre autres à travers sa construction : huit actes et non huit épisodes, ou quand le « quatrième mur » s'effondre. Cette série met en lumière les liens possibles entre les différents milieux, la porosité entre les univers. La musique éclectique de la bande originale le démontre également. Ici, le théâtre s'invite dans tous les milieux, et son large répertoire est bien représenté, tout comme la manière de se l'approprier pour transmettre ses propres messages. Les plans graphiques et aérés au-dessus des personnages montrent les étapes du deuil, la spiritualité. De belles images et des plans rapprochés nous permettent de plonger dans l'univers du dramaturge Bertolt Brecht. La série actualise la pensée de ce dernier et l'applique au contexte actuel, qui voit notamment la montée en flèche de l'extrême droite. Elle transmet aussi une idée de cet homme de théâtre : ne jamais sous-estimer l'intelligence des gens. Enfin, peu importe le domaine, il s'agit de savoir s'exprimer pour se relier à soi et aux autres.

À l'image des artistes qui l'ont réalisée, c'est une série qui transpire l'amour des mots jusque dans les dialogues, qui prend aussi le temps de dire et de penser les maux. 

Aaliyah LEXILUS (Jane) Luiza BENAÏSSA (Leïla) Horya BENABET (Charlotte) Zin
Luiza Benaïssa (Leïla), Horya Benabet (Charlotte), Aaliyah Lexilus (Jane)
© Jean-Philippe Baltel - Chabraque Productions - Maison Wanowan - FTV
Remportez un an de théâtre et des ateliers parents enfants !

Quand j'ai vu « Antigone » de Brecht, ici, je me suis rendu compte à quel point un texte prend encore plus de sens au théâtre, sur une scène. Ça m'a vraiment touchée.

Leïla, personnage principale et metteuse en scène de la série.

Baptiste, par exemple, c'est un rappeur hyper talentueux, et pourtant j'ai l'impression qu'on ne lui laisse pas le droit à la complexité. 

Leïla.

T'avais raison, Leïla, on peut faire un truc de fou. Représenter une alternative pour tous les gens comme nous, un peu cassé·es. 

Baptiste à Leïla, en parlant de la pièce.

 9.3 BB  

Aaliyah LEXILUS (Jane) Luiza BENAÏSSA (Leïla) Horya BENABET (Charlotte) Mat
Jane, Baptiste, Leïla & Charlotte
© Jean-Philippe BALTEL - CHABRAQUE PRODUCTIONS - MAISON WANOWAN - FTV

Série (8 x 26 min – 2023) – Scénario Wallen – Réalisateur Abd al Malik – Production Chabraque Productions - Clémentine Dabadie et Hervé Fihey, Maison wanOwan - Abd al Malik et Fabien Coste 

Avec notamment : Luiza Benaïssa (Leïla), Matteo Falkone (Baptiste), Boumes (Slim), Horya Benabet (Charlotte), Patrick Bouchitey (Brian), Aaliyah Lexilus (Jane), Victor Bonnel (Jérémie), Majida Ghomari (Zina), Marie Zabukovec (Manon), Milla Nizard (Aïdé), Jules Benchetrit (Raphaël) 

Disponible dès le vendredi 19 avril sur france.tv

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Publié par Ambre Gozlin-Frobert