Rencontre : « Yo Mama »
Quand les trois daronnes de « Yo Mama » découvrent, choquées, le clip de rap incendiaire de leurs fils de 11 ans, elles décident d'entrer dans le game et de créer leur propre clip pour leur répondre. Mais, bientôt, leurs punchlines et leur swag dépassent les murs de la cité et surtout leurs attentes... Avec Claudia Tagbo, Zaho, Sophie-Marie Larrouy et Jean-Pascal Zadi.
Une coproduction France 2 Cinéma et un partenariat France Télévisions. En salles le 5 juillet.
Le Club Fans de Culture : De quoi parle Yo Mama ?
Claudia Tagbo :Yo Mama, c’est l’histoire de trois mamans qui vont faire du rap parce que leurs gamins ont merdé.
Quelles sont les réactions des trois mamans ?
Claudia Tagbo : On est dépassées certes, mais on veut monter sur le ring pour dire : « Nous, vos mamans, nous sommes là. » Et puis, ce que j’aime dans le film, c’est que moi je viens d’une communauté où on ne dit pas les choses. On dit : « Mais tu le sais déjà, non ? Est-ce que tu as besoin que je te le dise ? » Là, on se dit qu’on s’aime !
Ça raconte la sororité entre ces femmes. Ce qui me plaît, c’est que ce n’est pas, une fois encore, des femmes qui ne savent pas lire… Ce sont des femmes battantes. Elles sont lumineuses, elles sont généreuses. Elles sont puissantes.
Comment s’est passé le tournage ?
Claudia Tagbo : Horrible, non, je rigole ! L’ambiance ressemble au film. C’était très lumineux. Très bienveillant. Il y a des gens du quartier qui voulaient faire partie du film et qui ont fait partie du film. Alors, c’était très marrant, quand ils ont fini, on leur a dit : « Mais vous allez où ? — Ben, c’est fini. — Ah ! non, non, non, là, il y a une prise. Il y a la caméra qui doit vous prendre comme ça maintenant. Et demain on est encore là sur le même jour, le même site, donc il faudra revenir avec les mêmes vêtements ! — Ah ! C’est ça le cinéma ? »
C’est vraiment vous qui rappez ?
Claudia Tagbo : Je l’ai vraiment fait parce que c’est un challenge, sinon j’y vais pas ! C’était parce qu’il y avait ce challenge-là aussi. Merci encore à tous les auteurs qui ont écrit les textes, la musique. Et merci à Zaho qui nous a coachées. Qui nous a dit : « Mais non, ne t’inquiète pas, il faut avaler telle labiale, enlever ça, tac, fais ça. » Pour garder le rythme. Ça rappe, ça kick dur, comme les enfants nous disent quand on était en avant-première. Ça kick !
Que raconte Yo Mama sur la place de la femme ?
Claudia Tagbo : Le scénariste a mis la caméra sur le point de vue des mamans. Faut déjà que nous-mêmes on décide de prendre notre place… Surtout dans les milieux du rap, du cinéma, il y a de quoi faire. Et la place est là, il faut la prendre, les filles. Il faut qu’on arrête d’être dans l’attente. Mais moi, dès que je vois une maman qui est enceinte et qu’elle me dit : « C’est une fille », je fais : « Viens armée. »
Selon vous, culture rime avec... ?
Claudia Tagbo : Pour moi, la culture, c’est de l’oxygène, c’est se nourrir. C’est voyager, c’est casser son imaginaire. Ouvrir les œillères. Après, on parle à quelqu’un qui est né dans un continent, qui a été emporté dans un autre continent et qui se rêve ailleurs… Forcément, pour moi, la culture… J’ai eu la chance d’avoir des parents… « Tu lis, mais t’as compris quoi ? »