Angoulême : Le billet de Noëmie Roussel

Responsable de l’offre vidéo Culture Prime, Noëmie Roussel fait partie du jury du Fauve - Prix du public France Télévisions du Festival de la bande dessinée d’Angoulême. Passionnée de BD, la journaliste nous fait part de son expérience sur cet événement exceptionnel, mais aussi de ses coups de cœur dans la sélection de cette année.

Noëmie Roussel, membre du jury du Fauve - Prix du public France Télévisions © France tv

Ce Fauve d'Angoulême - Prix du public France Télévisions est un double soutien : au secteur de la bande-dessinée et aux créateurs, d’une part, et aux passionnés qui font entendre leur voix, d’autre part. Des téléspectateurs ont l’opportunité de décerner un prix à leur coup de cœur. Plus largement, ce prix s’inscrit dans la volonté du service public de faire la promotion de la lecture auprès de ses publics.

Cela fait maintenant 3 ans que je m’occupe de l’offre vidéo Culture Prime le média social culturel 100% vidéo créé par les 6 entreprises de l'audiovisuel public. À Angoulême nous essayons de réaliser un maximum de sujets, disponibles sur France.tv dans un corner qui s’appelle « Dans la bulle ». Ce n’est pas un hasard, j’ai une fascination pour l’univers de la BD depuis que je suis toute petite. 

Angoulême fait souvent l’actualité, car le monde de la BD s’empare très facilement d’enjeux de société. Comme par exemple la place des autrices dans ce milieu très masculin. C’est une expérience assez incroyable à vivre : en l’espace de 4 jours c’est un autre monde qui se met en place.

Amateurs, professionnels, fans, gens connus et inconnus, se côtoient sans distinction pour partager leur passion de la bande-dessinée dans une ambiance plus que chaleureuse.

Noëmie Roussel

Et c’est avec fierté que je suis dans le « jury professionnel » du Fauve d'Angoulême - Prix du public France Télévisions pour la deuxième année consécutive. Nous sommes 9 jurés à recevoir entre 40 et 50 ouvrages. Nous devons nous mettre d’accord sur 8 titres à présenter au « jury téléspectateur », 9 particuliers sélectionnés pour leur amour du 9ème art. Ce sont eux qui choisissent le ou la lauréate.

Dans notre sélection nous privilégions les titres francophones autant que possible. Mais il y a des traductions qui sont incontournables. Cette année par exemple on a retenu la BD brésilienne Écoute, jolie Marcia de Marcello Quintanilha, une histoire très touchante sur les difficultés d’être mère, infirmière et de vivre dans une favela. C’est tout à fait le genre d’œuvre qui fait l’unanimité même si elle n’est pas francophone. 

"Écoute, jolie Marcia" de Marcello Quintanilha
"Écoute, jolie Marcia" de Marcello Quintanilha
© çà et là

Nous cherchons aussi des bandes-dessinées qui répondent aux valeurs portées par le service public. Autre exemple qui m’a beaucoup touchée : Des Vivants. Un collectif d’auteurs fait revivre la mémoire du réseau de résistance du Musée de l’Homme. Les auteurs ont mené une enquête incroyable à partir de dialogues réels, tirés de lettres que les membres de ce réseau de résistants s’échangeaient.

Mettre en lumière un pan de l’histoire tombé aux oubliettes rentre complètement dans notre mission de service public.

Noëmie Roussel
"Des Vivants"
"Des Vivants"
© 2024

Nous sommes également sensibles à la portée pédagogique d’une œuvre. Du bruit dans le ciel de David Prudhomme est une enquête autobiographique et presque sociologique. C’est très bien fait, on apprend en quelques pages 40 ans de vie où la grande histoire des enjeux géopolitiques rencontre la petite histoire des habitants de la commune où a grandi l’auteur.

"Du bruit dans le ciel" de David Prudhomme
"Du bruit dans le ciel" de David Prudhomme
© Futuropolis

C’est un prix qui fait également la part belle aux autrices et auteurs en tout début de parcours.

Noëmie Roussel

C’est le cas pour Le Grand Vide de Léa Murawiec, une jeune autrice de 27 ans dont c’est la première BD. Elle nous parle d’un monde dystopique où chacun doit se faire connaître sous peine de mourir. C’est vraiment un concept brillant, très satyrique et en résonance parfaite avec notre époque.

"Le Grand Vide" de Léa Murawiek
"Le Grand Vide" de Léa Murawiec
© 2024

On se retrouvera avec le jury téléspectateur le jour même de la remise du prix, le 19 mars. De midi à 16 heures ils vont délibérer. Nous ne pouvons pas intervenir dans ces discussions. On y assiste sans pouvoir influer sur leur choix. C’est un moment assez génial, avoir le retour de ce public passionné, entendre leur débat. Et parfois, ils mettent des mots sur ce qu’on a tous ressenti, ils prennent très à cœur leur rôle et mettent beaucoup de passion dans leur délibération. C’est très gratifiant de voir notre sélection discutée et débattue avec autant d’enthousiasme. Ce sont des moments très enrichissants pour nous, professionnels de la télévision. 

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