33e cérémonie des Molières : Alex Vizorek vous dit (presque) tout !

C'est la deuxième fois que la prestigieuse académie du théâtre lui fait cet honneur : Alex Vizorek animera la 33e cérémonie des Molières le 30 mai, aux Folies Bergères à Paris. L’humoriste s’apprête à accueillir des stars comme Isabelle Huppert, Vanessa Paradis, Laetitia Casta ou encore Pierre Arditi, tous nommés pour recevoir un prix lors de l'événement qui sera retransmis en direct sur France 3.

Alex Vizorek animera la 33e cérémonie des Molières

Bonjour Alex Vizorek, vous revenez pour la deuxième fois animer la cérémonie des Molières, qui célèbre chaque année la création théâtrale en France. Ça veut dire que l'exercice vous a plu ?
Oui, ça m’a beaucoup plu ! J’aime beaucoup les cérémonies. Quand j’étais gamin, puis ado, j’aimais bien l’idée que tout le monde se retrouve dans la même salle pour se donner des prix. J’ai beaucoup regardé les Molières mais aussi les Sept d’Or et les Césars… Ce qui me plaisait, c’était de voir des gens qu’on n’avait pas toujours l’occasion de voir rigolos, ou détendus, faire un petit sketch pour remettre le prix. Quand on m’a demandé d’orchestrer tout ça, la première fois, j’ai été hyper flatté. Et quand on me l’a redemandé, je me suis dit que le plaisir avait été partagé. Donc c’était une évidence de revenir.

Vous allez tenir un rôle occupé avant vous par Alex Lutz, Nicolas Bedos, Zabou Breitman ou encore Michel Drucker pendant des années. Y-a-t’il une bonne formule ? Qu’allez-vous changer par rapport à votre dernière prestation ?
Je vais essayer de rythmer encore plus le truc, d’être plus attentif, parce que c’est casse-gueule de remettre un prix ! Je vais essayer d’accompagner encore plus les remettants (ceux qui vont remettre les prix, NDLR). Il faut que je sois avec eux. Il faut que je leur dise qu'il vaut mieux faire deux minutes efficaces que trois minutes trente en dilettante. Ce n’est que de la bienveillance de part et d’autre. On est surtout là pour s'amuser. Et si on s’amuse, ça se voit ! Donc je vais essayer d’être encore plus un grand frère pendant toute la soirée et toute la préparation.

Justement, comment vous préparez-vous ?
D’abord, il y a tout ce qui relève de mon initiative. Par exemple, on va diffuser un petit film au début de la cérémonie. Il y a un monologue de début qui lance la soirée, quelques petites parties où c’est moi qui intervient…Tout ça, je l’écris avec mon équipe habituelle, celle avec laquelle je travaille mes spectacles. Je vais passer une semaine à Bruxelles pour ça. Ma chance aujourd'hui, c’est que depuis trois ans, je connais plus de monde, on a plus confiance en moi, donc c’est plus facile. Les remettants ont vu que la première cérémonie que j’avais présentée s’était bien déroulée, donc ils ne sont pas contre l’idée de sauter dans le wagon.

Alex Vizorek, maître de cérémonie de la 33è cérémornie des Molières
Alex Vizorek, maître de cérémonie de la 33è cérémornie des Molières
@ Académie des Molières - France Télévisions


À quelles surprises peut-on s’attendre pour cette nouvelle édition ?
Le principe d’une surprise... c’est de ne pas être dévoilée ! Mais en gros, il y en aura de deux sortes. Ce sera soit des gens que l’on n’attendrait pas là et qui viennent remettre un prix. J’aime bien créer un petit peu ça, soit des gens qu’on attend là et qui vont faire quelque chose que l’on attend moins d’eux.

Comment qualifieriez-vous cette nouvelle sélection ? Beaucoup de pièces semblent faire la part belle à l’humour cette année…
Disons qu’entre la partie théâtre privé et théâtre public, ça s’équilibre assez bien. Il y a du Molière et du Shakespeare notamment. Parce qu’il y a des pièces de Shakespeare qui sont drôles ! Comme il vous plaira est une comédie de Shakespeare, mais ça reste du théâtre de haut vol. Donc je pense que c’est assez équilibré. Je suis aussi content qu’il y ait pas mal de stars. Quand vous avez parmi les nommés Vanessa Paradis, Laetitia Casta, Isabelle Huppert, Pierre Arditi… ça rend la cérémonie un peu glamour ! Et ça peut donner envie au public d’aller voir les pièces, de se déplacer à Paris ou d’attendre que les spectacles aillent en tournée. Il faut que ce soit une soirée populaire, pas seulement pour un public parisien. Sinon, on passe à côté du but.

Quand on fait de l'humour, on est obligé d'avoir été biberonné à Molière.

Cette 33ᵉ cérémonie a été rebaptisée « 400ᵉ cérémonie des Molières » en hommage à l’anniversaire la naissance du dramaturge. Comment cela va-t-il colorer cet événement ?Molière est le patron du théâtre français, quoi qu’il arrive ! Mais c’est vrai que l’on va tout organiser pour qu’à n'importe quel moment, si quelqu'un tombe sur la cérémonie, il constate à quel point tout est orienté vers lui. Il y aura des références dans la vidéo d’introduction, je vais essayer de placer des citations tout au long de la soirée. On va faire en sorte de lui souhaiter bon anniversaire !

Vous-même, vous êtes un homme de théâtre, quelle place a eu Molière dans votre itinéraire artistique et personnel ?
Quand on fait de l’humour, on est obligé d'avoir été biberonné à Molière, ne fût-ce que par sa façon de dépeindre nos vices et nos facettes. S’il était là aujourd’hui, il aurait sans doute fait des pièces pour moquer l’arrivisme d’un Manuel Valls, la folie étrange d’un Didier Raoult… Je pense vraiment que ça l’aurait amusé. Et au fond, quand on lit Le Médecin malgré lui ou Le Malade imaginaire, les choses ont-elles vraiment changé ? En vrai, on peut imaginer les dialogues parfois !

Si être philosophe, c'est réfléchir au monde, s'interroger et essayer de prendre du recul, alors oui très volontiers, j'aurais aimé être un philosophe !

Vous avez-vous-même une pièce, Ad vitam, qui est éligible au Molière de l’humour cette année. Vous avez décidé de vous attaquer à la question de la mort, après avoir écrit un spectacle entièrement dédié à l’art. Vous convoquez des références scientifiques et philosophiques, de Cynthia Fleury à Heidegger en passant par Avicenne. Seriez-vous un philosophe refoulé ?
Ha ha ! Je crois que nous, les humoristes, nous aimons bien cette idée ! On n’a pas forcément les capacités cognitives et intellectuelles pour orienter une philosophie complète, mais ce qui nous plait, c’est de bien observer les autres et en tirer des conclusions. Et je pense que la philosophie, c’est réfléchir à soi-même, réfléchir à pourquoi on est là. Donc, quelque part, c’est ce qu’on fait ! En France, quand on pense « philosophe », on s’imagine un type qui réfléchit toute la journée, en étant très concentré, qui connaît tous les philosophes antiques... Alors si c’est ça être philosophe, je ne le suis pas, évidemment. Mais si c’est réfléchir au monde, s’interroger et essayer de prendre du recul, alors oui très volontiers, j'aurais aimé être un philosophe. Parce que l’humour, c'est ça aussi, c’est essayer de décaler les choses...

Peut-être que l'humour est une façon de faire la philosophie sans en avoir l'air…
Je le pense. En tout cas, Molière, typiquement, ça en est !


Avez-vous eu un coup de cœur pour une pièce cette année ? Quel conseil donneriez-vous pour une sortie théâtre ?
Tout ce que je peux vous dire, c’est que quand on est nommé aux Molières, c’est très rarement mauvais. Je suis allé tout récemment voir Berlin, Berlin, de Patrick Haudecœur et Gérald Sibleyras, Comme il vous plaira, mise en scène par Léna Bréban, L’île d’or d’Ariane Mouchkine, la pièce Fallait pas le dire ! de Salomé Lelouch avec Pierre Arditi, et à chaque fois, c’était bien. Les Molières, c'est quand même une marque de qualité, donc que les gens n’hésitent pas à aller voir tous les spectacles nommés !

À l’heure des plateformes et autres divertissements accessibles depuis chez soi, le théâtre a donc encore de beaux jours devant lui ?
En ce moment, je suis en tournée tout le temps. Ce qui me frappe, c’est qu’à la sortie de mes spectacles, les gens viennent me voir pour me dire qu’avec les confinements successifs, ils ne s’étaient pas déplacés pour voir une pièce depuis très longtemps. Et ils me disent : « quelle belle soirée ! » Et c'est vrai que, parfois, on a un petit peu tendance à oublier à quel point c’est agréable de vivre un moment avec d’autres, dans une salle. Les gens aiment le théâtre, ce sont des moments très joyeux. Il y a, en plus, une vraie tradition du théâtre en France. Donc oui, il faut continuer à sortir !

Tout savoir sur la 33e cérémonie des Molière, diffusée en direct sur France 3

 

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