« Sur la ligne : Mayotte-Comores, les sœurs ennemies »

Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore, quatre îles, un archipel meurtri depuis près de cinquante ans. Mayotte, devenue département français, est au cœur de ce conflit sans fin. Pour mieux comprendre les raisons de ces vives tensions, le nouveau magazine d’information internationale « Sur la ligne » propose une immersion en plein cœur de Mayotte. À suivre jeudi 2 février à partir de 23.00 sur France 2.

 

Surnommée l’île aux parfums, Mayotte est située entre le Mozambique et Madagascar. Pour s’y rendre, il faut s’armer de patience… Près de 8 000 kilomètres la séparent de la métropole, avec laquelle elle est intimement liée depuis de nombreux siècles. Appartenant à l’archipel des Comores, ses premiers habitants seraient venus d’Afrique centrale, d’Afrique de l’Est ou encore Australe – soit des ethnies dites bantoues, que l’on retrouve aujourd’hui au Cameroun, en Angola, au Kenya, au Burundi. D’autres peuples les ont rejoints, tels que les Malgaches, Indonésiens, Philippins et Polynésiens… Au XIIIe siècle, quelques familles nobles provenant de Chiraz (Empire perse) s’installent dans l’ensemble de l’archipel des Comores, imposant peu à peu leur culture et notamment leur religion, l’islam. Chaque île hérite d’un sultan, mais des rivalités entre monarques donnent lieu à des expéditions militaires d’une île à l’autre. Les Comores sont alors appelés « l’archipel des sultans batailleurs ». Après avoir perdu l’île Maurice, nommée jusqu’en 1810 « l’île de France », au profit de l’Angleterre, la France, qui cherchait un abri maritime dans la région, s’empare de Mayotte en 1841. Excédé par ces querelles, le dernier sultan de « l’île aux parfums » (Adriantsouly) cède son territoire aux Français, qui en font une colonie. La Grande Comore, Anjouan et Mohéli tombent également dans l’escarcelle de la France et deviennent des protectorats en 1886, puis des colonies en 1912. 

Malgré le souhait de Mayotte de rester française, l’Union des Comores proclame son indépendance le 6 juillet 1975 et revendique les quatre îles de l’archipel. La France utilise son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU et lance une autre consultation uniquement pour Mayotte, qui réitère son souhait de rester dépendante. Depuis, l’Union des Comores, appuyée par la Ligue arabe et l’Union africaine, n’a de cesse de réclamer la souveraineté sur Mayotte.

Sur la ligne - Mayotte-Comores : les soeurs ennemies
Djamel Mazi et Christophe Kenck à Mayotte.
© FTV

Aujourd’hui, la rupture entre Mayotte et les Comores n’est toujours pas acceptée. Les Comores connaissent une instabilité continuelle, ponctuée par une succession de coups d’État. Malgré son immense pauvreté, Mayotte, devenue le 101 département français (en 2011), est victime de mouvements migratoires en provenance des îles voisines. Conséquences immédiates, le taux de natalité du département est au plus haut, les hôpitaux et les dispensaires sont saturés, l’île est constamment en proie à des violences, en particulier intercommunautaires. Les Mahorais accusent ces migrants d’être responsables de tous leurs problèmes. Des « collectifs citoyens » font pression sur les pouvoirs publics pour augmenter le nombre d’expulsions de migrants dits « clandestins ». Dans le même temps, des milices s’organisent, faisant justice elles-mêmes. 

Moi, je suis républicain, j’ai voté Jacques Chirac, j’ai voté Sarkozy, même Hollande… Au premier mandat de Macron, j’ai voté Macron, mais là, au deuxième mandat, je vois tout ce qu’il se passe à Mayotte. Mayotte est en train de couler. Je me suis dit : Oh non, il faut arrêter, c’est pourquoi, j’ai voté Marine Le Pen au deuxième tour.

 

Mohamed Ali (Mahorais)

Malgré ces nombreux problèmes, Mayotte reste un atout essentiel pour la France, son positionnement lui permettant de contrôler l’intégralité du canal du Mozambique et de s’affirmer comme une puissance maritime incontournable au niveau planétaire. Sans oublier les nombreuses ressources, notamment en matière de pêche et de gisements gaziers, que détient la région. 

Sur la ligne : Mayotte-Comores, les sœurs ennemies

La séparation est d’autant plus brutale que les habitants des deux rives parlent les mêmes dialectes, pratiquent la même religion, partagent la même histoire. Sous le joug d’une dictature et gangrenés par la corruption, les Comores s’enfoncent dans la misère. Pour leurs habitants, Mayotte fait figure d’eldorado. Depuis les Comores, les candidats à l’exil prennent tous les risques pour traverser l’océan en kwassa-kwassa, de frêles embarcations (plus de 770 ont été interceptées en 2022), et espèrent une vie meilleure faite de liberté et de soins médicaux accessibles. Sauf que bon nombre de parents sont expulsés en y laissant leurs jeunes enfants. Officiellement, près de 300 000 habitants vivent à Mayotte. En réalité, ils seraient plus d’un demi-million aujourd’hui sur ce caillou de 374 km2. Les services publics et les infrastructures sont en surchauffe. Les équipes de Sur la ligne sont parties à la rencontre des habitants de Mayotte et des Comores et explorent les aspects méconnus des relations entre ces deux sœurs ennemies. 

Magazine (60 min - Inédit) – Présentation Djamel Mazi et Christophe Kenck – Journaliste Yvan Martinet

Sur la ligne : Mayotte-Comores, les sœurs ennemies est diffusé jeudi 2 février à partir de 23.00 sur France 2
À (re)voir sur france.tv

Lire l’interview de Djamel Mazi et Cristophe Kenck à propos de ce nouveau magazine d’information

Publié le 01 février 2023
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