« Sarah Bernhardt - Et la femme créa la star » : exposition au Petit Palais

Un « monstre sacré » : c’est pour elle que Jean Cocteau inventa cette expression qui résume l’empreinte laissée par la plus célèbre des tragédiennes françaises, connue à la fois pour son art et pour ses extravagances. Pour retracer la vie et la carrière de « La scandaleuse » artiste aux talents multiples, le Petit Palais a établi un parcours jalonné de plus de 400 œuvres. 

Grâce à la présentation de ses costumes de scène, de photographies, de tableaux, d’affiches, ses plus grands rôles y sont évoqués. Celle qui fut l’interprète mythique des plus grands dramaturges (Racine, Shakespeare, Victor Hugo, Edmond Rostand) n’a de son vivant cessé de triompher sur les scènes du monde entier. Sa « voix d’or » et sa silhouette longiligne, atypique à l’époque, fascinaient autant le public que le monde artistique et littéraire. Actrice culte, elle devint l’amie de peintres comme Gustave Doré, Georges Clairin, Louise Abbéma, Alphonse Mucha, mais aussi d’écrivains (Victor Hugo, Victorien Sardou ou Sacha Guitry) et de musiciens, comme Reynaldo Hahn. Elle fut aussi directrice de compagnies théâtrales. 

Actrice, mais aussi peintre, écrivain, sculptrice

Une section entière de l’exposition revient sur un aspect moins connu de sa vie : celui qui vit Sarah Bernhardt prendre la plume, mais aussi dessiner, peindre, faire de la sculpture… Des photographies et des tableaux la montrent ainsi « au travail », tandis que de nombreuses sculptures témoignent de son talent.

De multiples objets lui ayant appartenu (son intérieur, sa garde-robe) illustrent également la « Sarah intime », rappelant son goût pour les excentricités et les bizarreries. Ils prouvent que cette femme au caractère indomptable était considérée comme une véritable star avant l’heure, toujours à l’affût des nouveautés, utilisant son image pour sa propre publicité. Elle est la première actrice à avoir fait des tournées sur les cinq continents, tournées auxquelles est dédié un chapitre de l’exposition.

L’ensemble de ce parcours montre comment Sarah Bernhardt a fait de son vivant l’objet d’un engouement préfigurant le culte dont bénéficièrent les grandes étoiles du cinéma du XX^e siècle. « Elle a écrit elle-même sa légende, celle d’une femme indépendante, incarnation de la femme nouvelle », écrit sa biographe Sophie-Aude Picon. Disparue en 1923 à l’âge de 79 ans, sa devise était « quand même », une formule qui résume bien son audace et son obstination.