Prix Essai et Prix Roman France Télévisions : la sélection

Découvrez les 12 ouvrages (six romans, six essais) sélectionnés pour l’édition 2024 du Prix Essai et du Prix Roman France Télévisions. Ces récompenses seront décernées par 22 lecteurs choisis à l’issue de l’appel à candidatures lancé le mois dernier sur les antennes de France Télévisions. Rendez-vous le 29 mai pour connaître les lauréats !

Six essais et six romans en lice.

Créés en 1995, les deux Prix Essai et Roman France Télévisions récompensent les auteurs d’ouvrages parus en langue française dans l’actualité littéraire récente. Ils seront décernés par 22 lecteurs (11 pour le Prix Essai et 11 autres pour le Prix Roman) qui ont été choisis à l’issue de l’appel à candidatures lancé sur les antennes de France Télévisions et France TV & Vous.

Jury du Prix Essai France Télévisions 2024

Louise BELIAEFF (13 004 Marseille), Etienne BERTERETCHE (75015 Paris), Laurence BREVET (92290 Chatenay Malabry), Alexis CATELAIN (76700 Gonfreville-l'Orcher), Aline CHARLES (38950 Saint Martin le Vinoux), Lilou FERON-GRIMM (67460 Souffelweyersheim), Virginie FRANZESE LEAUTHIER (05000 Gap), Seila GACI (74 100 Ville-la-Grand), Patrick LE HENAFF (30160 Besseges), Kevin RÉGIS (06600 Antibes) et Jose RIVERA (38100 Grenoble).

Jury du Prix Roman France Télévisions 2024

Nicolas FAURE (01300 Magnieu), Marine GAGNE (67000 Strasbourg), Florence GUELIN (17800 Perignac), Viviane LABORDE (64000 Pau), Jérôme LANCHOU (35700 Rennes), Manon LE GAL (91390 Morsang sur Orge), Philippe MENEZ (69420 CONDRIEU), Florence PAULHAC (34320 Roujan), Olivier REGNAULT (59491 Villeneuve d’Ascq), Delphine SERPIN (17320 Marennes) et Lionel VERNA (93340 Le Raincy).

De son côté, la sélection des ouvrages a été opérée par un jury composé des spécialistes de la littérature intervenant sur les antennes de France Télévisions : Olivia de Lamberterie, Anne-Marie Revol,  Sarah Briand et Inès De La Motte Saint Pierre et Augustin Trapenard, nouveau président du jury.

Les six essais en lice

Les six essais retenus par le jury.
Les six essais retenus par le jury.

La Mémoire délavée, de Nathacha Appanah (Mercure de France)
Dans ce récit personnel, Nathacha Appanah évoque ses souvenirs d’enfance ainsi que l’histoire de ses ascendants, depuis ses aïeux partis d’un village d’Inde en 1872 pour rejoindre l’île Maurice. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d’un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d’une terrible déshumanisation dont elle décrit avec précision chaque détail. Le livre constitue également un magnifique hommage à son grand-père.  

 

 

Grand Seigneur, de Nina Bouraoui (JC Lattès)
À la mort de son père, face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l’écriture, vers la « puissance surnaturelle des mots » : pour retrouver son père ou qu’il lui adresse un signe. C’est le portrait d’un homme, d’un père, dont la vie était hautement romanesque et ce sont tous les souvenirs qui reviennent, ce qui lui était attaché : une enfance, l’Algérie, l’amour, un art de jouer, des secrets. 

 


Retrouver Estelle Moufflarge, de Bastien François (Gallimard)
Le 28 octobre 1943, Estelle Moufflarge est déportée vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Elle n’en reviendra pas. Des décennies plus tard, Bastien François découvre que cette adolescente habitait à quelques immeubles de chez lui, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. C’est le point de départ d’une minutieuse et passionnante enquête qui reconstitue la trajectoire d’une jeune orpheline, fille d’immigrés pauvres, prise dans le tourbillon de l’Histoire.

 

Le Gaslighting, ou l’art de faire taire les femmes, dHélène Frappat (L’Observatoire)
Le gaslighting désigne originellement une relation conjugale reposant sur la manipulation d’une femme par son époux. Il est devenu un mot-clé de la psychologie américaine, puis un outil critique du féminisme, avant récemment de définir un type de langage politique mensonger et la violence qui en découle. Le repérer, c’est d’abord pointer les abus subis par les victimes, le plus souvent des femmes, ainsi que le processus mis en œuvre pour brouiller ce statut même de victime – le gaslighteur est maître dans l’art d’inverser les rôles. C’est ensuite élucider comment les fondements de la réalité, voire de la vérité, sont progressivement sapés. Car cette notion, qui permet de retracer comment les femmes ont été réduites au silence, est devenue une arme politique dangereuse. Hélène Frappat livre la première définition philosophique d’un mot au cœur de tous les débats de notre époque.



L’Homme aux mille visages, Sonia Kronlund (Grasset)
Marianne découvre que l’homme qu’elle aime n’a pas la vie qu’il prétend. Il n’est ni chirurgien, probablement pas Brésilien et n’a pas l’histoire familiale qu’il déclare avoir. On l’appelle Alexandre, Ricardo, Daniel ou Richard. Il mène de front plusieurs histoires d’amour avec différentes femmes en Argentine, en France et en Pologne. Aucune ne se doute de rien, jusqu’à ce que Marianne contacte Sonia Kronlund. En faisant appel à un détective privé polonais et à des policières portugaises, Sonia Kronlund fouille la vie de Ricardo. Pendant cinq ans, avec l’aide des femmes qui ont aimé cet imposteur, elle cherche les traces laissées par « l’homme aux mille visages ». Dans le prolongement d’un reportage réalisé en 2017 dans son émission Les Pieds sur terre, Sonia Kronlund poursuit dans L’Homme aux mille visages l’histoire d’un imposteur et caméléon de génie et raconte comment ce « parfait » menteur a fini par se retrouver pris à son propre piège.

 


Le Convoi, Beata Umubyeyi Mairesse (Flammarion)
Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide des Tutsi au Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse, alors adolescente, a eu la vie sauve grâce à un convoi humanitaire suisse. Treize ans après les faits, elle entre en contact avec l’équipe de la BBC qui a filmé et photographié ce convoi. Commence alors une enquête acharnée (entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l’Italie et l’Afrique du Sud) pour recomposer les événements auprès des témoins encore vivants : rescapés, humanitaires, journalistes. Le génocide des Tutsi, comme d’autres faits historiques africains, a été principalement raconté au monde à travers des images et des interprétations occidentales, faisant parfois des victimes les figurants de leur propre histoire. Nourri de réflexions sur l’acte de témoigner et la valeur des traces, entre recherche d’archives et écriture de soi, Le Convoi est un livre sobre et bouleversant : il offre une contribution essentielle à la réappropriation et à la transmission de cette mémoire collective.

 

Les six romans en lice

Les six romans retenus
Les six romans retenus

Fantastique histoire d’amour, de Sophie Divry (Seuil)
Bastien, inspecteur du travail à Lyon, est amené à enquêter sur un accident : un ouvrier employé dans une usine de traitement des déchets est mort broyé dans une compacteuse. Maïa, journaliste scientifique, se rend au Cern, le prestigieux centre de recherche nucléaire à Genève, pour écrire un article sur le cristal scintillateur, un nouveau matériau dont les propriétés déconcertent ses inventeurs. Bastien apprend que l’accident est en réalité un homicide. Maïa, elle, découvre que l’expérience a mal tourné. Sa tante, physicienne dans la grande institution suisse, lui demande de l’aider à se débarrasser de ce cristal devenu toxique. Ce roman addictif qui emprunte aux codes de la série et du thriller est aussi une histoire d’amour. Une rencontre inattendue entre un homme, vaguement catholique et passablement alcoolique, et une femme, orpheline et fière, qui a érigé son indépendance en muraille.

Du même bois, de Marion Fayolle (Gallimard)
Plusieurs fois primée au Festival d’Angoulême en tant qu’autrice de BD, Marion Fayolle signe son premier roman. Elle y dresse le tableau d’un monde rural en disparition. Dans une ferme, l’histoire se reproduit de génération en génération : on s’occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l’étable et celles qui ruminent dans les têtes. Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer. Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s’imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.

 

 

Stella et l’Amérique, de Joseph Incardona (Finitude)
Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit malades et paralytiques, comme dans la Bible. Le seul hic, c’est le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle couche. Et Stella couche beaucoup, c’est même son métier… Pour s’en sortir, et échapper aux foudres du Vatican et de deux tueurs à gages, Santa va se voir épaulée par un ancien GI devenu prêtre. Et ensemble ils traversent les États-Unis… L’écrivain italo-suisse Joseph Incardona nous propose une ode au plaisir, à la liberté et à la naïveté.

À livre ouvert, la critique de Gilbert Chevalier

Qui après nous vivrez, d’Hervé Le Corre (Rivages)
À la fin du XXIe siècle, dans une grande ville de province, une jeune femme et son compagnon viennent, malgré les crises à répétition, de donner naissance à un enfant. Un jour, le réseau électrique français s’effondre et une émeute plus violente que les autres éclate. Le jeune père ne rentre pas chez lui. Pour sa compagne, l’angoisse va grandissant. Trois générations plus tard, dans un monde où toute technologie avancée a disparu, un petit groupe de gens a trouvé un abri de fortune dans une maison campagnarde qui a échappé à la destruction. Pas pour longtemps. Des pillards vont bientôt l’incendier et les survivants vont devoir fuir sur les routes avec leur carriole et leur cheval. Commence une épopée proche du western, où chaque jour l’enjeu est de survivre…

 

 

L’Inconnue du portrait, de Camille de Peretti (Calmann-Levy)
Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’Art moderne en Italie. Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait. Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celle de ses descendants. Une fresque magistrale où se mêlent secrets de famille, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants.

 

Blanches, de Claire Vesin (La Manufacture de Livres)
Villedeuil, aux portes de Paris. Ses tours, ses habitants et son hôpital. Jean-Claude y a passé toute sa carrière – jours comme nuits – au sein du service de chirurgie. Mélancolique et désormais solitaire, il reste passionné par cette ville comme par son métier. Laetitia y est née et y travaille, infirmière trop tendre pour l’âpreté de son poste à l’accueil des urgences. Aimée, jeune femme brillante autant que perdue, débute l’internat et décide d’effectuer son premier stage à Villedeuil, mue par des loyautés invisibles. Fabrice, médecin au Samu, sera bientôt père mais fuit sa vie personnelle. Lors de ces mois vécus ensemble, leurs destins vont s’entremêler. Au sein d’un hôpital qui se fissure de toutes parts, ils partageront joies et échecs, détresse et amour du métier. Malgré les difficultés, ils tiennent, jusqu’à ce qu’une nuit, cet équilibre soit remis en question, bouleversant leurs vies. 

La Manufacture de Livres

En 2023, le Prix Essai France Télévisions avait été décerné à Minh Tran Huy pour Un enfant sans histoire (Actes Sud) et à Maria Larrea pour le Prix Roman France Télévisions, avec Les gens de Bilbao naissent où ils veulent (Grasset).