Marivaux mis en scène par Alain Françon : deux pièces à voir immédiatement !

Au Théâtre de la Porte Saint Martin, en partenariat avec france.tv

Pourquoi monter Marivaux aujourd’hui ? La réponse avec Alain Françon, metteur en scène de génie, qui donne vie à deux pièces majeures du dramaturge du XVIIIe siècle, « La Seconde Surprise de l’amour » et « Les Fausses Confidences ». Relations entre maîtres et esclaves, amour et modernité du rythme : la redécouverte sensible et lumineuse de Marivaux par son plus fervent admirateur ne nous laisse pas de marbre !

Les Fans de Culture sont allés à la rencontre d'Alain Françon, qui met Marivaux en lumière au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Deux mises en scène puissantes et sensibles pour redécouvrir l'un des plus fins analystes du sentiment amoureux. 

 

On n’a jamais pensé une seconde que le public pouvait rire. Et le jour de la première… les gens riaient. On était ébahis. C’est une œuvre qui garde son secret.

Alain Françon, metteur en scène

Les Fans de Culture :Qu'est-ce qui fait la longévité du succès de Marivaux ?
Alain Françon : La première fois que j’ai monté La Seconde Surprise de l’amour, on n’a jamais pensé une seconde que le public pouvait rire. Et le jour de la première… les gens riaient. On était ébahis. C’est une œuvre qui garde son secret. Sous une apparence de surface, c’est très simple, relativement simple, alors que la complexité est diaboliquement cachée. Je pense d’ailleurs que ce sont plus les acteurs que les metteurs en scène qui touchent ce secret.


Les Fans de Culture :Qu’est-ce qui rend ces pièces si particulières dans l’œuvre de Marivaux ?
Alain Françon : Elles parlent toutes les deux d’amour. La Seconde Surprise de l’amour, c’est une pièce très structurée : on retrouve un couple de maîtres, surpris par l’amour. Et en face, les domestiques, eux, n’ont pas de problème avec la langue ni pour se dire les choses. Ce sont eux qui deviennent les dieux du récit, qui aident les maîtres à parler leur amour, à le comprendre et à l’accepter enfin. Dans Les Fausses Confidences, ce qui est très fort, c’est le choix fait par Araminte. C’est une femme qui se libère, qui se libère des liens sociaux, des liens familiaux. C’est très émouvant. Et c’est important parce que c’est presque prérévolutionnaire. La pièce, juste avant la Révolution et après, était énormément jouée. Les gens adoraient cette pièce.


Quand on lit Marivaux, on a forcément des soucis avec le style. On est obligés de se poser des questions de rythme. Ça ne veut pas dire jouer vite, mais peut-être penser vite.

Alain Françon, metteur en scène

Les Fans de Culture : Comment vous êtes-vous attelé au style de Marivaux ?
Alain Françon : Quand on lit Marivaux, on a forcément des soucis avec le style. On est obligés de se poser des questions de rythme. Ça ne veut pas dire jouer vite, mais peut-être penser vite. Ce qui est plus intéressant. Donc au travail avec les acteurs, il faut bien regarder comment sont construites les phrases, s’aider de tous les moyens, de tous les moyens prosodiques*. C’est un travail très artisanal, compliqué. On ne peut pas imposer un rythme depuis la salle à des acteurs. C’est impossible.


Les Fans de Culture : Qu’est-ce que vous auriez aimé demander à Marivaux s’il était encore vivant ?
Alain Françon : Oh, ce serait une plaisanterie. Mais dans toutes ses pièces, ce qui est fascinant, c’est que ça finit toujours par le mariage. Il n’a jamais écrit ce qui se passe après. Et ça, ça m’aurait intéressé qu’il écrive là-dessus.

 

*Le terme « prosodique » fait référence à la prosodie, c’est-à-dire à l’ensemble des caractéristiques sonores du langage, comme le rythme, l’intonation, la durée des syllabes ou les accents. Un travail prosodique vise donc à faire résonner un texte avec fluidité et expressivité, à la fois dans le respect de son style d’origine et en accord avec notre oreille contemporaine.


🎟 Les deux pièces, en bref :

  • Les Fausses Confidences
    Un jeune homme amoureux d’une riche veuve orchestre un savant stratagème pour se faire aimer d’elle… sans jamais le lui dire franchement. Une mécanique du mensonge au service du sentiment, où l’amour avance masqué.
     
  • La Seconde Surprise de l’amour
    Une jeune marquise tente de surmonter le deuil amoureux, quand une rencontre inattendue bouleverse ses certitudes. Une comédie sur les faux-semblants, le désir, et la lente reconstruction de soi.


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