Boire un verre est un petit rituel bien ancré dans notre quotidien. Si bien que l’alcool résonne chez chacun d’entre nous. « Le sujet a souvent été traité sous des angles très marqués : les jeunes, les femmes, la maladie, explique la réalisatrice. Notre souhait dans Boire était d’abord de recueillir une parole collective, de raconter notre histoire commune autour de cette pratique si ancrée dans nos habitudes du quotidien et de la questionner avec un regard nouveau, celui de notre époque. »
Au cœur du documentaire, des témoignages forts de Français venus de tous horizons, qu’ils soient connus ou non. Réunis dans un groupe de parole, Charlotte, Marie, Jean-François, Lou, David, Baptiste et l’artiste Rose ne se connaissent pas. Pourtant, tous partagent une trajectoire commune qu’ils délivrent sans détour dans le documentaire. « Si chaque histoire a ses particularités, au fur et à mesure des échanges, j’ai réalisé qu’une mécanique se répétait systématiquement, témoigne Élise Le Bivic. Cette mécanique de la consommation d’alcool m’a ensuite guidée pour tisser la trame de ce documentaire, alimenter les échanges au sein du groupe de parole, développer un propos à la fois intime et universel. »
Au départ, il y a les premières vapeurs d’alcool remontant à l’enfance. Des coupes de champagne pour fêter en famille les grandes occasions, et sur lesquelles on trempe le bout de ses lèvres sous la bénédiction des adultes (sans doute un héritage de l’époque où, dans les écoles primaires, l’on coupait encore l’eau avec le vin dans les cantines !).
Puis vient l’adolescence, l’âge des premières fois. Boire devient alors une sorte de rite de passage à l’âge adulte. En France, c’est en moyenne à 15 ans que l’on prend sa première cuite. Pour Baptiste, l’alcool lui donnait des « super pouvoirs ». « C’est de l’essence dans mon moteur, le breuvage magique qui va me permettre d’être moi-même. » Boire désinhibe, décoince. Revers de la médaille : comme Baptiste, plus d’un jeune sur trois confirme avoir besoin de boire avant d’avoir un rapport sexuel. En école d’ingénieur où l’école coulait à flots, Charlotte, elle, buvait pour se sentir « désirable », pour « casser des barrières » et s’intégrer dans sa promo. Pour David, marié et père de quatre enfants, l’alcool est vite devenu un soutien pour assumer la pression du quotidien. Mais il finit par perdre le contrôle. Entre lui et sa femme, épuisée, la violence verbale s’installe.
Quand Jean-François Bresset, cycliste de haut niveau, stoppe sa carrière sportive, il sombre peu à peu. Il se souvient de ce jour où il s’est mis à boire du vin tout seul. La chanteuse Rose évoque quant à elle les tournées et les concerts qui vont démultiplier les consommations d’alcool. « C'est pas arrêter de boire qui est difficile, le plus dur c'est d'apprendre à vivre sans cette béquille-là », explique l'artiste. Pour Amine Benyamamina, psychiatre-addictologue, « l'alcoolisme, c'est une pathologie de la liberté. C'est la perte de la liberté de s'abstenir ».
L'alcool : un art de vivre à la Française ?
« Écouter ces Français échanger et débattre, découvrir leurs portraits, rencontrer leurs familles, c’est aussi une façon de nous regarder dans un miroir, précise la réalisatrice. En disant « je », ils parlent d’eux bien sûr, mais de « nous » tous aussi. Leur prise de parole est courageuse, sans filtre, parfois douloureuse et, j’en suis convaincue, nécessaire.»
Au fil du documentaire, les souvenirs d’ivresse personnels se mêlent aux archives de notre culture populaire. De Florence Foresti à Gad Elmaleh, en passant par les images du coming out alcoolique de Marguerite Duras sur le plateau de Bernard Pivot, ou de Coluche dans Le Jeu de la vérité, Boire parcourt cet étrange héritage qui n’en finit pas de couler dans nos veines. Des images cultes résonnant avec les témoignages intimes, forts, parfois drôles, et souvent bouleversants, de ces hommes et femmes en pleine prise de conscience et de distance avec l’alcool, pourtant omniprésent dans leur vie. Pour Charlotte, « l'alcool, c'est comme un ex un peu trop collant » qu'on quitte et qu'on préfère ne pas revoir. Quant à Marie, serveuse, il fait partie de son job. L'alcool est son meilleur ennemi. « Je me déteste de l'aimer autant.», précise la jeune femme. « En France, boire un petit coup, c’est agréable, c’est doux et c’est une évidence, conclut Elise Le Bivic. Un automatisme qui nous fait parfois oublier de nous poser certaines questions. Notamment, une : pourquoi on boit ? »

Soirée continue
21.10 Boire
Boire exacerbe nos émotions, délie les langues, fait rire ou pleurer, rapproche les êtres et les corps. Un art de vivre à la française qui sublime, rassure, désinhibe. Mais derrière l’euphorie, il y a l’autre face : celle des risques, des excès, des maladies, des violences. Boire nous unit et nous divise, nous libère et nous détruit.
Réunis au sein d’un cercle de parole, Lou, Charlotte, Baptiste, David, Marie, Jean-François et l'artiste Rose décryptent les pouvoirs de l’alcool, ses illusions et ses mensonges, de l’initiation à l’addiction, du déni à la sobriété. Des récits sans tabou, souvent drôles, de rencontres, de fous rires, de fêtes et de gueules de bois, mais aussi de dépendances et de violences conjugales ou sexuelles...
Réalisé dans le cadre du documentaire, un sondage inédit de l’Ifop apporte un éclairage sur les habitudes et les effets de la consommation des Français.
Avec la participation de : Pr Amine Benyamina, Jean-François Bresset, David Daudignon, Lou, Baptiste Mulliez, Charlotte Peyronnet, Rose, Marie Thomas, Marion Acquier, Mickaël Naassila
Documentaire inédit (110 min) — Un film d'Élise Le Bivic — Narration Virginie Efira — Réalisation Image Julie Lazare et Mathias Denizo — Production
Bangumi — Avec la participation de France Télévisions — Avec le soutien du CNC
22.50 Débat : Alcoolisme : comment gagner le combat ?
Présenté par Carole Gaessler
23.35 Black-out
Black-out, soirées sans limites nous propulse dans un monde à part, celui d’une jeunesse française immergée dans une culture de l’alcool omniprésent. Alcool social, festif, occasionnel ou tabou : il est partout. À travers l’histoire tragique de Simon Guermonprez, un jeune étudiant lillois en médecine décédé à 19 ans, ce documentaire explore comment l’alcool façonne des soirées où la pression du groupe et l'envie de s’intégrer prennent le pas sur tout le reste. À partir des procès-verbaux des auditions des jeunes présents à cette soirée, Black-out reconstitue minute par minute les événements, nous offrant une vision sans filtre de l’alcoolisation en milieu étudiant. Une photo générationnelle puisqu'en parallèle de l'histoire de Simon, ce documentaire cherche à comprendre le rôle central de l'alcool quand on a 20 ans. À travers des interviews émouvantes de jeunes Françaises et Français, le film leur donne la parole sur l'alcoolisation : le plaisir de l'ivresse, les souvenirs impérissables, l'amitié renforcée mais aussi l'incapacité à dire non, la pression du groupe, le rejet de ceux qui choisissent de ne pas boire. Ils racontent et partagent leurs histoires avec des sourires, parfois des larmes.
En caméra cachée lors de soirées étudiantes, Black-out dévoile aussi des comportements de plus en plus extrêmes, parfois hallucinants, où l’alcool semble régir les interactions. Ce documentaire propose une exploration sans jugement d’une génération façonnée par l'alcool, devenu autant un lien qu’une frontière, un catalyseur de joie comme de tragédie.
Documentaire (52 min) — Réalisation Frédéric Roullier — Production Seiya — Avec le soutien du CNC, la Procirep et l'Angoa — Avec la participation de France Télévisions
Diffusion le mardi 16 septembre à partir de 21.10 sur France 2
Disponible dès le vendredi 12 septembre sur france.tv