Les images sont belles mais trompeuses. Nulle volonté de remettre en cause la qualité de vie ou la beauté intrinsèque des paysages. Simplement d’évoquer ce qu’un œil averti aura décelé. Des détails inquiétants liés, qu’on le veuille ou non, aux changements météorologiques. Là une prolifération de scolytes, ailleurs la fin de l’or blanc. « Le changement climatique est un accélérateur de requestionnements manifeste sur tous les champs, explique Philippe Alpy (à la fois maire, éleveur, vice-président du conseil départemental, président du Syndicat mixte du Mont-d’Or (SMMO) et de la station de ski de Métabief). La station de ski, c’est authentique, mais sur la politique de l’eau, le changement climatique remet en cause des pratiques avec violence. Avec une violence significative qui ébranle des systèmes économiques. Quand on sillonne le monde, qu’on voit l’avancée des déserts, qu’on se documente, qu’on regarde, on se dit : “Mais on est encore sur un territoire privilégié et qui va prendre cher avec le changement climatique.” Et on le sait, en montagne, on va subir des conséquences encore plus rapidement que dans d’autres territoires. » Il revient donc à chacun de savoir prendre sa part pour s’adapter au mieux aux conditions climatiques qui seront les nôtres dans les années à venir et de trouver des solutions pérennes plus en adéquation avec ce monde auquel nous ne sommes pas vraiment préparés, avouons-le.
J’utilise cet instrument qui est pour moi l’incarnation de la durabilité et de la noblesse du bois pour sensibiliser aux enjeux, aux menaces qui pèsent sur les forêts actuellement.
Olivia Gay, violoncelliste
Vidéo. Pour aller plus loin – Le Haut-Jura face au changement climatique (parc naturel régional du Haut-Jura)
Sale Temps pour la planète : Jura, un massif sous pression
Le Jura n’attend pas que la crise frappe plus fort pour se transformer. Sur ces reliefs, une autre montagne est en train de naître, portée par une volonté locale forte : faire du climat une opportunité pour repenser les usages, les paysages, les économies. Adieu la neige à tout prix, place à un tourisme toutes saisons, plus sobre, plus doux, enraciné dans le vivant. Les sentiers s’ouvrent aux randonneurs, aux cyclistes, aux familles. Des séjours immersifs se multiplient, centrés sur la nature, l’agriculture locale, la forêt ou encore les savoir-faire jurassiens.
Mais l’adaptation ne se joue pas uniquement dans les activités humaines. Elle est aussi à l’œuvre dans les sols, les rivières, les tourbières.
Ce que le Jura esquisse aujourd’hui, d’autres massifs alpins ou pyrénéens devront probablement l’envisager demain. Car le changement climatique ne s’arrête pas aux frontières ni aux sommets. Dans ce petit bout de montagne, c’est un modèle entier d’adaptation fondé sur le vivant qui se met en place. Un laboratoire grandeur nature où la résilience passe par l’humilité, l’innovation… et la patience.
Collection documentaire (52 min – 2025 – inédit) – Auteur-réalisateur Morad Aït-Habbouche – Production Elle Est Pas Belle La Vie ! / MAH Production – Avec la participation de France Télévisions
Ce documentaire est diffusé lundi 2 juin à 21.05 sur France 5
Sale Temps pour la planète : Jura, un massif sous pression est à voir et revoir sur france.tv