Paul Thomas Anderson n’est pas un petit nom du cinéma. D’ailleurs, il est assez célèbre pour qu’on le reconnaisse sous l’acronyme PTA. Alors, lorsqu’un cinéaste de son calibre sort un nouveau film (Une bataille après l’autre), l’événement vaut la peine de se pencher un peu plus avant sur ses précédentes réalisations. La plateforme france.tv nous offre cette opportunité en nous donnant « Rendez-vous avec Paul Thomas Anderson » afin de découvrir son premier long-métrage, Hard Eight, et un film majeur (c’est très personnel), There Will Be Blood. Deux œuvres marquantes d’un cinéaste au style puissant et singulier.
Paul Thomas Anderson
Né le 26 juin 1970 en Californie, PTA est tombé dans le creuset de la machine à rêves dès sa prime adolescence. Son père lui offre à 12 ans une petite caméra qu’il s’empresse de faire bourdonner. Autodidacte, comme nombre de ses pairs (Quentin Tarentino, David Fincher, Steven Soderbergh…), il se forme sur les plateaux de télévision et grâce aux clips. À 18 ans, il réalise son premier court-métrage, The Dirk Diggler Story, donnant naissance plus tard à Boogie Nights, film qui le fera connaître d’un public plus large. Son deuxième court, Cigarettes and Coffee (1993), remarqué au festival de Sundance, constitue la matrice de Hard Eight (Double Mise), son premier long. Après cette expérience, il décide de monter sa propre société de production, Ghoulardi Films Company. Le cinéaste maîtrise dorénavant ses créations en étant scénariste, réalisateur et producteur. Un atout majeur à Hollywood pour développer son style personnel.
Le rêve américain
Paul Thomas Anderson n’est pas un cinéaste dont on peut dire qu’il répète un genre. Il papillonne plutôt entre film choral (Boogie Nights, Magnolia – Ours d’or à Berlin), comédie romantique (Punch-Drunk Love, Prix de la mise en scène à Cannes), drame historique/western (There Will Be Blood – Ours d’argent de la meilleure réalisation) ou encore action/comédie pour son dixième long-métrage Une bataille après l’autre (en salle à partir du 24 septembre). PTA affirme plutôt sa singularité au travers de sa réalisation. Chaque scène est extrêmement soignée, pensée, du (très) gros plan au très large et frontal (There Will Be Blood), en passant par les mouvements super dynamiques de la steadicam. La dynamique et l’équilibre de l’image sont calculés presque au millimètre. La lumière, la pellicule (il filme toujours en pellicule), les objectifs, il contrôle tout, même le développement. Il pousse cette obsession du détail dans un seul but, créer une émotion, un sentiment enveloppant le spectateur.
Toutefois, son œuvre s’inscrit dans une critique acerbe du rêve américain, par la question du destin et du déterminisme social et aussi de la Californie, avec les industries qui s’y sont développées (pétrolières, pornographiques, culturelles). En dix films, Paul Thomas Anderson a imprimé son style, mais malgré de nombreuses nominations aux Oscars (huit pour There Will Be Blood) n’a pas – encore – été récompensé de la petite statuette dorée, certainement un des symptômes de sa personnalité inclassable.

Hard Eight
John a perdu tout son argent. Il rencontre Sydney et tous deux partent pour Reno. Sous la tutelle de Sydney, John devient un joueur professionnel mais il tombe également amoureux…
Réalisation Paul Thomas Anderson (1996)
Avec Philip Baker Hall, John C. Reilly, Gwyneth Paltrow, Samuel L. Jackson, Philip Seymour Hoffman, F. William Parker, Nathanael Cooper… (Déconseillé - 10 ans)
There Will Be Blood
Daniel Plainview entend parler d’une petite ville de Californie où le pétrole affleure. Il décide d’aller tenter sa chance. À Little Boston, chacun lutte pour survivre et l’unique distraction est l’église animée par un prêtre excentrique, Eli Sunday. Mais le pétrole jaillit des terres incultivables que Plainview et son fils ont acquises. Le père et le fils voient enfin le sort leur sourire…
Réalisation Paul Thomas Anderson (2006)
Avec Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier, Russell Harvard, Kevin J. O’Connor, Ciarán Hinds, Paul F. Tompkins… (Déconseillé - 12 ans)
« Rendez-vous avec Paul Thomas Anderson » dès le 18 septembre sur france.tv