La musique adoucit-elle les mœurs ? Et surtout permet-elle d’échapper sinon à son destin au moins à son milieu ? Avec Mes frères et moi, le réalisateur Yohan Manca cherche moins à répondre à ces questions (ce qui tirerait son film du côté de la fable moraliste) qu’à les ouvrir à tout un champ d’émotions et d’espoirs (ce qui confère à ce premier opus sensible la grâce d’un conte initiatique intemporel).
Soit donc Nour, 14 ans, empêtré dans les menus trafics de ses frères aînés, dans un quartier populaire au bord de la mer. C’est l’été. Sa mère est en soins palliatifs. Il doit, en punition d’une incivilité, effectuer des travaux d’intérêt général et repeindre un couloir de son collège. C’est là qu’il entend l’atelier de chant qu’anime, durant la période estivale, Sarah, une chanteuse lyrique. « Quelque chose » le touche qu’il ne parvient à exprimer… Peu à peu, il s’intéresse au cours, s’immisce dans les répétitions de La Traviata. Très vite, Sarah décèle en lui, également, ce « quelque chose » indéfinissable. Car Nour chante – et sa voix est si belle qu’elle l’ouvre à la beauté même du monde.
« Votre fils a du talent, explique Sarah. On ne sait pas où ça le mènera, maintenant il a le chant pour lui. Ça peut l’aider à tout regarder différemment, à lui donner de la joie, de la force. C’est comme ça, c’est en lui. Il ne faut pas qu’il passe à côté de cette chance. »
Ton frère, il part en c... Il me fait le coup d’aller faire du chant, genre Mariah Carey, tu vois ?
« Mes frères et moi »
Face à Judith Chemla, lumineuse en prof de chant engagée, le jeune Maël Rouin Berrandou dans le rôle de Nour est la révélation de ce film. Impossible d’oublier la palette d’émotions qui se déploie sur son visage, à mesure qu’il se découvre touché par la grâce de la musique. Les autres rôles masculins, les frères de Nour, ne sont pas en reste, porté par Dali Bensallah, impeccable en chef de clan endurci, et Sofian Khammes, qui joue sur toute la gamme de la masculinité fragile.
Orchestrant un choc entre la musique lyrique élitiste et la culture populaire de la banlieue, Mes frères et moi parvient à déjouer tous les clichés pour célébrer, avec tendresse et humour, la possibilité d’une rédemption par l’art.
Mes frères et moi
Nour a 14 ans. Il vit dans un quartier populaire au bord de la mer. Il s’apprête à passer un été rythmé par les mésaventures de ses grands frères, la maladie de sa mère et des travaux d’intérêt général. Alors qu’il doit repeindre un couloir de son collège, il rencontre Sarah, une chanteuse lyrique qui anime un cours d’été. Une rencontre qui va lui ouvrir de nouveaux horizons…
Film inédit (90 min – 2021) – Réalisation Yohan Manca – Scénario Yohan Manca et Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre – Production A Single Man – Distribution Ad Vitam
[Déconseillé -10 ans]
Avec Maël Rouin Berrandou, Judith Chemla, Dali Benssalah, Sofian Khammes, Moncef Farfar, Luc Schwarz, Olivier Loustau, Olga Milshtein, Loretta Fajeau-Leffray…
Mes frères et moi, diffusé samedi 2 août à 21.00 sur France 4, est à (re)voir pendant 30 jours sur france.tv