Que ce soit pour nous loger, pour financer des travaux ou nous acheter une voiture, nous sommes près d’un tiers des ménages à vivre à crédit. En 2023, les crédits à la consommation, en augmentation constante chaque année, ont représenté un total de 48 milliards d’euros.
D’un côté, en permettant d’étaler les dépenses sans renoncer à la consommation, les crédits offrent l’assurance d’une vie plus confortable – et, bien souvent, tout simplement plus digne – pour les particuliers et, à l’échelle du pays, la garantie d’un meilleur pouvoir d’achat, la promesse de booster l’économie nationale. D’un autre côté, en revanche, avec les multiples formes qu’ils prennent, les crédits peuvent se révéler de redoutables pièges, entraînant les contractants dans la spirale infinie des dettes, jusqu’au risque de tout perdre.
Cumul des crédits (souvent encouragés par les logiques commerciales agressives de certaines enseignes, notamment pour les biens à la consommation), opacité des établissements qui, sous des promesses séduisantes et souvent fallacieuses, imposent des taux exorbitants à la limite de la légalité sans vérification de solvabilité : chaque année, des centaines de milliers de ménages (135 000 en 2024) sont contraints de déposer un dossier de surendettement auprès de la Banque de France.
À quel prix le bonheur est-il dans le prêt ?
C’est un peu comme si vous étiez au casino, ça devient presque un jeu. J’ai eu des refus, mais quand vous faites plusieurs crédits vous connaissez les astuces... Il faut un peu contourner le système. [...] Si j’ai fait ce dossier de surendettement, c’est pour retrouver une vie « normale ».
Aymeric, conducteur de tram - « Ma vie à crédit, le bonheur est dans le prêt ? »
En allant à la rencontre de différents Français emprunteurs qui, par définition, vivent au-dessus de leurs moyens, ce nouveau documentaire des « docs conso » proposé par France 5 révèle les dessous de notre société et de son modèle, parfois mortifère, d’émancipation par la (sur)consommation.
« Nos produits sont très onéreux : raison de plus pour ne pas acheter quelque chose dont on n’a pas besoin », résume ainsi, plus ou moins consciente du paradoxe qu’elle promeut, cette employée d’une entreprise d’électroménager haut de gamme spécialisée dans le leasing (pratique qui consiste à proposer une location avec option d’achat : une forme de crédit qui ne dit pas son nom).
L’enquête rigoureuse, didactique, menée par Émilie Helmbacher, est tout à la fois poignante (s’immisçant dans le quotidien d’un conducteur de tram multi-emprunteur, en attente de son audience de surendettement), révoltante (une séquence en caméra cachée dans « l’espace financement » d’un grand magasin proposant, en quelques minutes seulement, des crédits renouvelables), légère (via une mise en scène qui joue avec tout un imaginaire coloré de jouets) et optimiste (esquissant d’autres possibilités de consommation).
Fidèle à la mission des « docs conso », Ma vie à crédit, le bonheur est dans le prêt ? nous aide ainsi dans nos choix quotidiens, face à une offre de consommation d’autant plus compliquée à déchiffrer que le monde se fait chaque jour plus incertain et insaisissable. Un consommateur averti est un citoyen éclairé.
Ma vie à crédit, le bonheur est dans le prêt ?
Pour des millions de Français, le crédit est devenu un passage obligé. Chaque année, près d’un tiers des ménages souscrivent un prêt et, en 2023, les demandes de crédits à la consommation ont même augmenté de 10 % dans l’Hexagone, pour un total de 48 milliards d’euros. Le crédit, les paiements en plusieurs fois, c’est l’assurance d’étaler ses dépenses, pour ne pas finir dans le rouge à la fin du mois. Mais, parfois, les promesses séduisantes des enseignes et des établissements de crédit peuvent se révéler être des pièges redoutables pour les consommateurs.
Dans le viseur, en particulier, les fameux crédits revolving ou renouvelables. Leurs taux bien souvent exorbitants et leur accumulation conduisent, chaque année, des milliers de Français à déposer un dossier de surendettement auprès de la Banque de France. Et à se retrouver, dans certains cas, au tribunal pour défendre leur bonne foi. Pendant plusieurs mois, nous avons enquêté sur le crédit dans toutes ses formes et sur cette France qui vit parfois au-dessus de ses moyens. Vivre à crédit serait-il vraiment une solution idéale, et à quel prix ? Le bonheur n’est peut-être pas dans le prêt…
Documentaire (52 min – 2025) – Scénario et réalisation Émilie Helmbacher – Musique Audio Network – Production Kraken Films
Ma vie à crédit, le bonheur est dans le prêt ?, diffusé mardi 9 septembre à 21.05 sur France 5, est à (re)voir sur france.tv