Le sauvetage en mer, c’est d’abord la solidarité totale. Les gens partaient autrefois en canot à la rame. Et je peux vous dire que ce n’était pas gagné. Des gens courageux, généreux et solidaires.
Dr Yves Gourves, médecin généraliste
Ils veillent sur nous au prix de leur vie. Ils sont comme les pompiers, prêts à se sacrifier à chacune de leurs interventions. Y pensent-ils lorsqu’ils prennent la mer à bord de leur navire ? Leur revient-il à l’esprit les drames passés, dont celui de l’Aber Wrac’h, dans le Nord Finistère, en 1986 ? Cette nuit du 7 août, cinq bénévoles sont décédés en tentant de porter assistance à des plaisanciers en détresse. Un drame qui a marqué plus qu’une région et dans le sillage duquel une multitude de changements se sont opérés. C’est cette histoire que Marion Guégan nous relate.
« Un aber, c’est une vallée fluviale – qu’on appelle “ria” en français, mais en breton, c’est “aber” – dans laquelle la mer rentre par l’effet de marée, précise Louis Le Gall, sauveteur en mer. Ce qui donne une particularité au bord de mer, ce sont des escarpements rocheux, beaucoup d’échancrures. Cela crée des courants qui polluent le véritable flux de marée. En un mot, une côte dangereuse pour la navigation. »
Le canot de sauvetage, qui s’était élancé avec cinq hommes au secours d’un voilier en détresse cette nuit, s’est semble-t-il complètement disloqué dans un estuaire où de nombreux rochers affleuraient à la surface de l’eau.
Un journaliste relatant l’événement
Mot après mot se dessine l’impensable. Les images du canot disloqué résument à elles seules la violence du choc. On comprend que les marins partis cette nuit-là étaient tous aguerris et connaissaient parfaitement leur environnement maritime. On comprend que l’explication d’un tel désastre est à chercher ailleurs. Aussi pour qu’une telle tragédie ne puisse jamais se reproduire, on obtient des subventions de l’État, on améliore la sécurité, on revoit les navires, on s’appuie sur le retour d’expérience pour perfectionner tout ce qui peut l’être, on échange avec d’autres sauveteurs officiant en Europe. « Le sauvetage que j’ai connu, au démarrage, il y avait 80 % de professionnels de la mer. Aujourd’hui, explique Louis Le Gall, on est plutôt à 80 % de non-professionnels de la mer et à un petit 20 % de professionnels de la mer. Donc ça change beaucoup de choses. Cela change la connaissance des bénévoles en question, mais cela s’apprend. Tout s’apprend. Donc est arrivé aussi, post-86 et jusqu’à nos jours, la montée en puissance de la formation au sein de la SNSM, qui en a fait aujourd’hui son cheval de bataille. » Car ne l’oublions pas, il n’y a ici que des bénévoles, qui donnent de leur temps, et parfois aussi leur vie, pour sauver celle des autres.
Le « Présidents Joseph Oulhen », à l’époque, quand il est arrivé, c’était un truc hyper moderne. Cela n’avait plus rien à voir. Beaucoup plus puissant, rapide, sûr. Et puis, il faut le matériel le plus performant. Faut pas que les bénévoles aillent mettre leur vie en jeu.
Jo Oulhen, le fils de l’une des victimes

Fondée en 1825, la Société humaine de Boulogne-sur-Mer (SHB) a permis l’émergence de nombreuses autres structures de sauvetage. Deux cents ans plus tard, la SNSM est l’héritière de cette histoire.
La SNSM, 200 ans du sauvetage en mer
La Ligne bleue : Sauveteurs en mer, l’appel et le sacrifice
Dans la nuit noire du 7 août 1986, un drame est sur le point d’ébranler la Bretagne et la France. Cinq sauveteurs bénévoles de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de la station Aber Wrac’h partent en mission à bord de leur seul canot de sauvetage. Leur objectif est de secourir un bateau de plaisance, échoué près de l’île du Bec. Cette opération de sauvetage vire à la tragédie lorsque, au petit matin, leur canot est retrouvé brisé sur les rochers de Kerguen, sans aucun survivant parmi les sauveteurs à bord.
Ce documentaire plonge dans les profondeurs de ce drame, mais il ne se contente pas de raconter cette histoire : il explore également ses répercussions sur le long terme.
Documentaire (52 min – 2025 – inédit) – Autrice et réalisatrice Marion Guégan – Production Bonne Pioche Télévision, avec la participation de France Télévisions et du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée
Ce documentaire est diffusé lundi 13 octobre à 23.00 sur France 3
La Ligne bleue : Sauveteurs en mer, l’appel et le sacrifice est à voir et revoir sur france.tv