Pour beaucoup d’Espagnols, c’est un monstre, l’homme du putsch militaire de 1936, le général qui, avec l’aide de l’Église, a lancé la croisade contre la République, le dirigeant autoritaire qui, pendant près de quarante ans, a édifié un régime « national-catholique » tourné vers le passé, réprimant toute forme d’opposition. Pour d’autres, malgré ses crimes de masse, c’est un héros national qui a relevé le pays et que l’on doit continuer d’honorer. Francisco Franco, mort paisiblement dans son lit il y a cinquante ans, est en tout cas le dernier dictateur d’Europe de l’Ouest.
Porté par la voix sobre de Jacques Gamblin, ce documentaire en deux parties (« Au nom du Christ et de l’Empire », « Le Manipulateur ») signé Serge de Sampigny raconte comment un général d’apparence banale, né à la fin du XIXe siècle dans une famille de militaires, s’est imposé comme un tyran impénitent, régnant trente-neuf ans sur l’Espagne (soit vingt-sept ans de plus qu’Hitler en Allemagne et seize de plus que Mussolini en Italie) et réussissant à se faire accepter par les démocraties européennes dans les années 1950.
Pourquoi est-ce qu’on n’aurait pas pu être comme la France, l’Italie, comme l’Allemagne, une démocratie normale ? Non, pendant quarante ans, nous n’avons même pas pu ouvrir la bouche : on t’envoyait en prison.
Alexis Mesón Dona, prisonnier politique
De son ascension fulgurante dans l’armée espagnole au putsch de 1936, marquant les débuts de la guerre civile, de la chute de Barcelone en 1939 (scellant la fin de la République) à sa position ambivalente pendant la Seconde Guerre mondiale, de l’instauration, avec le soutien de l’Église, du « franquisme » à ses crimes de masse, Franco, le dernier dictateur montre ces dirigeants apparemment effacés mais calculateurs, qui ne lâchent jamais le pouvoir et l’exercent dans la terreur.
S’appuyant sur d’impressionnantes images d’archives et un sens de la narration à la fois lyrique et didactique, le documentaire filme cette histoire au présent, entremêlant les récits et témoignages tout à la fois de descendants de victimes, de prisonniers politiques et de franquistes nostalgiques. Raconter aujourd’hui le parcours du « Caudillo », ce n’est pas exhumer une histoire poussiéreuse, aussi douloureuse soit-elle, c’est s’interroger au présent, collectivement, à travers l’exemple de nos voisins ibériques, sur la persistance des idéaux d’extrême droite et comprendre, à travers la trajectoire d’un autocrate calculateur assoiffé de pouvoir, les mécanismes du nationalisme.
Franco, le dernier dictateur

Épisode 1 : Au nom du Christ et de l’Empire
Né à la fin du XIXe siècle dans une famille de militaires, Franco a connu une ascension exceptionnelle dans l’armée espagnole, jusqu’à ce que le régime républicain en 1931 mette un frein à sa carrière. La guerre civile sera pour lui le moyen de s’emparer de tous les pouvoirs et de mener une croisade contre l’ennemi intérieur, les « Rouges ».
Épisode 2 : Le Manipulateur
Contrairement à ses alliés Hitler et Mussolini, le régime de Franco a survécu à la Seconde Guerre mondiale, malgré sa participation à la lutte contre l’URSS. La dictature franquiste a fini par être acceptée par les démocraties dans les années 1950. Par quelles ruses et quelles manipulations a-t-il réussi à conserver un pouvoir absolu pendant près de quatre décennies ?
Documentaire (2 x 55 min – 2025 – inédit) – Scénario et réalisation Serge de Sampigny – Narration Jacques Gamblin – Conseil historique MercedesYusta Rodrigo – Enquête Diane Cambon – Production Histodoc, avec la participation de France Télévisions et du Centre national du cinéma et de l’image animée, AMC Networks International Southern Europe, Ceska Televize, DR, Radio Canada, avec le soutien de La Procirep – Société des producteurs et de l’Angoa
Les deux épisodes de Franco, le dernier dictateur, diffusés dimanche 2 novembre à 21.05 sur France 5, sont à (re)voir sur france.tv
