À 50 ans, Juliette est handicapée par une arthrose du genou due à son surpoids. Depuis quelques semaines, elle s’est lancée dans l’activité physique adaptée qu’elle pratique une à trois heures par semaine.
Gabriel, 73 ans, souffre d’arthrose lombaire, conséquence d’une chute qu’il a faite il y a quarante ans. Il ne se priverait pour rien au monde de la cure thermale de trois semaines qu’il effectue chaque année dans sa ville de Dax. Quant à Sylvie, 74 ans, elle va bénéficier de la pose d'une prothèse pour soulager une arthrose du pouce qui la handicape depuis plus de dix ans. Comme Sylvie, Juliette et Gabriel, 10 % de la population, soit environ 7 millions de personnes en France, souffrent d’arthrose, le plus fréquent des rhumatismes (des genoux, des hanches, des mains et du rachis) et la première cause de handicap locomoteur après 50 ans.
Notre squelette est composé de 360 articulations, des sortes de charnières qui nous permettent de bouger en toute liberté... jusqu’à ce que le cartilage – ce revêtement qui tapisse les extrémités de nos os et agit comme un amortisseur – se détériore, voire disparaisse. Nos os entrent alors en contact. Ça grince et ça peut faire très mal.
L’arthrose fait-elle partie de notre condition humaine ? Il semblerait bien, malheureusement, puisque nos lointains ancêtres, il y a un million d’années, en souffraient déjà. Mais ce mal a sans doute évolué. Une étude récente laisse entendre que l’arthrose du genou, restée stable au cours des siècles (8 % de la population), aurait doublé au cours des cinquante dernières années.
En dépit de sa fréquence, qui en fait un véritable problème de santé publique, l’arthrose reste mal connue. Le retard de la recherche explique qu’il n’existe aucun traitement médicamenteux capable de prévenir, de ralentir ou de soigner ses effets. Mais les nombreuses idées reçues à son sujet (« C’est une maladie de vieux », « Il n’y a rien à faire »...) sont en train d’évoluer, car la médecine elle-même a changé son regard. Bien entendu, elle associait à juste titre l’arthrose à l’obésité et au surpoids, qui touchent 17 % de la population et sont un facteur majeur, avant même le vieillissement. Mais les choses ne sont pas si simples, puisque l’obésité est également liée à l’arthrose des mains. Et l’on marche rarement sur les mains... L’explication serait à chercher du côté de molécules produites par le tissu adipeux et s’attaquant aux articulations.
Voilà donc le phénomène de l’inflammation de bas grade (IBG) désormais au cœur des recherches sur l’arthrose. Ce qui ne signifie pas, loin de là, que le traitement par médicaments anti-inflammatoires soit suffisant mais que les solutions sont à trouver plus largement dans une meilleure hygiène de vie, un moindre stress, un renforcement musculaire grâce à une activité physique et une alimentation végétale. Le programme Plants for Joints, initié aux Pays-Bas, prouve en tout cas qu’on peut ainsi faire diminuer très nettement la douleur liée à l’arthrose et améliorer la qualité de vie.
Les invités
- Le professeur Jérémie Sellam, rhumatologue à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP)
- Le professeur Sébastien Czernichow, nutritionniste à l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP)
- La professeure Adeline Cambon-Binder, chirurgienne orthopédiste à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP)
- Le docteur Jennifer Zauderer, médecine physique et rééducation, médecine à l’hôpital Cochin (AP-HP)
- Sylvie Le Blastier témoignera de son opération.
Enquête de santé : Mieux vivre avec l'arthrose
Magazine – Durée 90 min – Présentation Marina Carrère d’Encausse – Documentaire inédit – Durée 52 min – Réalisation Adélie Floch – Production 17 Juin Média
Diffusion mardi 10 juin à 21.10 sur France 5
À voir et à revoir sur france 5