Quand un peuple n’a plus de terre, il n’a plus rien.
Fortuné Savelli
On pourrait presque les écouter les yeux fermés parler de cette terre qu’ils bichonnent et chérissent, de ces bâtisses ou villages auxquels ils redonnent vie, de ces recettes uniques qu’ils se transmettent génération après génération. Des passionnés qui ne résonnent ni à court terme ni en des termes financiers. L’important pour eux est ailleurs. Il s’agit non seulement de valoriser un patrimoine unique mais aussi de s’assurer que leur savoir-faire puisse ne jamais se perdre. Il y a de la fierté dans leurs paroles. Fierté à perpétuer des gestes, retrouver des techniques ancestrales, confectionner des instruments anciens, cultiver la terre ou encore pérenniser une race. « On est la seule race à avoir deux couleurs de robe. Du gris clair à foncé et de marron clair à marron foncé, précise Olivier Fondacci au milieu de son troupeau. C’est un âne de taille moyenne avec des pattes assez fines parce qu’il doit être assez apte à marcher dans les sentiers. La croix sur le dos, les membres zébrés. Mais ce dont je suis fier, c’est ce qu’on a rajouté par la suite. C’est qu’un âne corse ne peut être corse que s’il a un nom corse, c’est évident pour nous. Et puis, on a créé un berceau de vie. Un âne corse ne peut être corse que s’il est né en Corse. J’estime que chaque race endémique doit faire des naissances dans leur lieu d’origine. »
On ne peut que leur souhaiter de réussir le plus longtemps possible à préserver ce cadre de vie dont ils ont hérité et auquel nous sommes si attachés.
Le village, s’il n’a plus de mémoire, s’il disparaît, si ce n’est plus qu’un village dortoir ou un village de vacances, ce n’est plus un village. Cela pourrait être n’importe où, mais là non, c’est Corbara.
Marie-Joseph lors d’une procession
Ce qui est motivant, c’est de participer modestement à développer son environnement socio-économique. Prendre du bœuf ou du veau d’ailleurs, ça serait une hérésie. Ce n’est pas du chauvinisme, mais je veux que ma cuisine rime à quelque chose.
Jean-Antoine Ottavi, à propos de ses pique-niques gastronomiques (« Corse Net Infos », 26 mars 2022)
Des racines & des ailes : La Corse, terre d’émotions
Mon village en Corse
Réalisation Isabelle Thomas – Production France TV Studio
En Balagne, chaque village raconte une histoire singulière. Dans les années 1970, le village de Pigna accueille des artisans, des musiciens et devient très vite le centre culturel de la Balagne. Ugo Casalonga y a établi son atelier de lutherie. Il s’est spécialisé dans les instruments anciens et a fait renaître le cistre corse.
À Palasca, nous irons à la rencontre de Fortuné Savelli. Ce berger détient le secret de la fabrication du célèbre fromage corse le « brocciu ». Son nouveau défi : ouvrir une auberge sur ses terres pour offrir à ses convives une cuisine raffinée et locale.
À Lumio, depuis quarante ans, Noelle Irolla et Milou Corteggiani sont tombées amoureuses du maquis, qui regorge de richesses : romarin, myrte, immortelle… des plantes qu’elles transforment en huiles essentielles. Aujourd’hui, leurs enfants prennent la relève pour perpétuer cette tradition.
À Santa Reparata, Olivier Fondacci possède le plus grand troupeau d’ânes de Corse. Des ânesses, surtout, dont Olivier recueille le lait pour tenter une première en France : le fromage frais au lait d’ânesse.
En Balagne, chaque village se blottit autour de son clocher. Jean-Manuel Paoli est architecte du patrimoine, il travaille à restituer aux églises corses leur véritable identité.
La Corse, hors des sentiers battus
Réalisation Juliette Lambot – Production Eclectic
Sur les routes du cap Corse, l’architecte du patrimoine Pauline Benielli explore les « palais des Américains », des majestueuses demeures construites par les insulaires partis faire fortune aux Amériques au XIXe siècle. Elle nous ouvre aussi les portes du château de la Punta, sur les hauteurs d’Ajaccio, qui retrouve son faste après des années d’abandon.
Stella a repris le métier oublié de muletière. À 20 ans, elle suit les pistes ancestrales des transhumances pour ravitailler les bergers qui montent leurs bêtes en estive sur les hauts plateaux.
Le chef nomade Jean-Antoine Ottavi parcourt les sentiers de l’île pour dresser des tables d’exception et cuisiner des repas gastronomiques avec des produits locaux au cœur de paysages grandioses.
Dans les forêts de Castagniccia, l’ébéniste Nicolas Olivieri se passionne pour l’histoire d’un arbre emblématique : le châtaignier. Il a fait la richesse de la région au XVIIe siècle et ont permis aux habitants d’exprimer leur dévotion et leur fortune à travers les plus beaux décors baroques de Corse.
Magazine documentaire (inédits – 2025) – Présentation Carole Gaessler – Rédaction en chef Karine Abderrahim – Réalisation (émission) Jean-Luc Orabona – Production (émission) France TV Studio
Ces deux documentaires sont diffusés mercredi 24 septembre à partir de 21.10 sur France 3
Des racines & des ailes : La Corse, terre d’émotions est à voir et revoir sur france.tv
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