Le pouvoir, il y a ceux qui se battent pour le conquérir et ceux qui ont dû y renoncer. Le candidat Paul Francœur réussira-t-il à accéder au second tour de la présidentielle de 2025 ? Deux anciens chefs de l’État parviendront-ils à revenir sur le devant de la scène ? Après le dénouement de la série de Pierre Schoeller, France 2 diffuse la comédie loufoque d’Anne Fontaine avec Jean Dujardin et Grégory Gadebois. Mercredi 13 novembre à partir de 21.05.
Si Dans l’ombre raconte avec un certain réalisme la conquête du pouvoir suprême, ses embûches et ses coulisses, Anne Fontaine choisit dans Présidents l’absurdeet la farcepour mettre en scène deux anciens locataires de l’Élysée, mi-réels mi-imaginaires, leur touchante tentative de conjurer le manque, ainsi que leur bouffon et dérisoire projet de relancer leurs carrières politiques. Après l’ascension par la face sud, la descente par la face nord, en somme...
« Nicolas mesure 1 m 82, nous prévient-on dès le début. François pique de grosses colères. Dans ces conditions, toute ressemblance avec des personnes existantes est laissée à l’imagination du spectateur. » Autant dire qu’elle n’a rien de fortuit. Nicolas tourne en rond dans son bel appartement. Il fait sa toilette, prend son café, fait le ménage en compagnie de Sugus, son chien nain, il discute des modèles d’aspirateurs avec Nathalie, sa compagne chanteuse lyrique, fréquente un coach en développement personnel... Bref, il s’ennuie à mourir.
Présidents pour toujours ?
On est au moment où Emmanuel Macron dévisse dans les sondages de popularité, tandis que Marie Le Pen est en pleine ascension. Soudain, Nicolas a une illumination ! Le voilà dans le train, en compagnie de son garde du corps amateur d’arts martiaux asiatiques – et du chien –, direction la Corrèze où vit celui qui lui a ravi la présidence de la République, François, qui affiche désormais la mine réjouie et satisfaite du retraité de la politique. Petit déjeuner, marche, visites à ses abeilles, saxophone, apéro, dîner, lecture, dodo... Et, le dimanche, Le Masque et la Plume sur France Inter ! En vérité, François ne va guère mieux que Nicolas, son état moral est même assez fragile : la dernière crise l’a poussé à envoyer 50 kg de purin à Manuel Valls par Chronopost ! Et Isabelle, son épouse vétérinaire, a bien raison de s’inquiéter car Nicolas va dévoiler à François un improbable et très guignolesque plan de reconquête du pouvoir et lui proposer de s’associer avec lui dans la création d’un nouveau parti, « La France pour toujours »...
Il eut sans doute été plus honnête de le baptiser « Présidents pour toujours » car c’est à peu près leur seul programme. Entre balades en vélo, engueulades, apéros, querelles d’egos, concours de vanité, réflexions stratégiques calamiteuses..., les deux « ex » se montent le bourrichon, tandis que Jean Dujardin et Grégory Gadebois, servis par des dialogues irrésistibles de loufoquerie, rivalisent dans un assez vertigineux exercice d’imitation décalée.
Présidents (France, 2021) • 100 min • Réalisation Anne Fontaine • Scénario Anne Fontaine • Production Ciné-@
Avec Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Doria Tillier, Pascale Arbillot...
César Casalonga (Swann Arlaud) est un apparatchik, autant dire un bon soldat. Il n’a, dans la vie, que deux passions – qui, à vrai dire, n’en font qu’une : son métier de conseiller politique, où il excelle comme stratège, et le « Patron », Paul Francœur (Melvil Poupaud), qu’il accompagne depuis dix-sept ans – « … et six mois » – dans l’ascension qui doit conduire celui-ci jusqu’à la présidence de la République. Cet objectif semble enfin à portée de main lorsque Francœur remporte l’investiture de la droite à l’issue d’une primaire qui l’opposait à sa redoutable concurrente, la très conservatrice Marie-France Trémeau (Karin Viard), pourtant donnée favorite. La victoire est serrée, elle n’en est pas moins inattendue.
Alors que l’heure est aux manœuvres destinées à créer une difficile union à droite entre les états majors des deux rivaux, César reçoit un appel anonyme qui l’avertit qu’il est « assis sur une bombe »… Il faut rapidement se rendre à l’évidence : la primaire a été truquée. Pire : un homme a trouvé la mort dans des conditions troubles liées au piratage des données du vote électronique.
Dans l’ombre... d’un doute
En pleine campagne présidentielle, alors que les pièges tendus par leurs adversaires politiques – mais aussi par leurs « alliés » – se multiplient, César, Marylin (Évelyne Brochu), la directrice de la communication de Francœur, et le Major (Philippe Uchan), son directeur de campagne, qui forment la garde rapprochée du candidat, doivent faire discrètement toute la lumière sur la fraude avant que la presse ou le camp adverse ne s’en emparent. Mais la paranoïa gagne l’équipe. Se pourrait-il que le Patron lui-même soit à l’origine de la tricherie ? Défaite alors qu’elle pensait sa désignation acquise, Marie-France Trémeau se tient en embuscade et attend son heure. Et sa revanche…
Chronique de campagne (une présidentielle fictive située en 2025) traitée à la manière d’un polar – à moins que ce ne soit l’inverse –, la série s’attache à la mécanique de la conquête du pouvoir et aux hommes et aux femmes qui en sont les artisans parfois obscurs. Coécrit entre autres par l’auteur-réalisateur Pierre Schoeller (L’Exercice de l’État, Un peuple et son roi) et – c’est plutôt inédit – par deux hommes politiques ayant occupé les plus hautes fonctions, Édouard Philippe et Gilles Boyer, qui avaient signé ensemble le roman original, Dans l’ombre nous plonge au cœur d’un système dont la force est de susciter la foi et la fidélité, et la faiblesse d’être constamment menacé par le mensonge, la trahison et le doute.
Interview de Pierre Schoeller, co-scénariste, co-réalisateur et showrunner
Interview de Karin Viard et Melvil Poupaud
Les personnages
César Casalonga (Swann Arlaud) conseille Paul Francœur depuis près de vingt ans. César et Francœur se connaissent si bien qu’ils se comprennent sans se parler, ce qui fait de lui le pilier stratégique de la campagne. En guerrier qui sert un maître, il a tout sacrifié pour Francœur, y compris ses sentiments pour Marylin – ce dont personne n’est dupe – et vit dans un appartement de célibataire endurci avec Rosalie, sa chatte. Son esprit vif et son humour incisif en font un négociateur inégalable.
Paul Francœur (Melvil Poupaud) est une figure politique majeure de la droite. Il a perdu sa femme dans un accident de voiture qui lui a également coûté l’usage de ses jambes. Francœur est résilient, exigeant, parfois dur avec ses collaborateurs, mais jamais rancunier. Cet homme de principe refuse de sacrifier son dessein pour la France aux polémiques médiatiques. Bien qu’il y répugne, il est parfois contraint de faire des concessions à ses rivaux pour accéder à la fonction suprême.
Marylin (Évelyne Brochu) est la meilleure communicante politique de Paris. Elle excelle dans l’art du « spin », qui consiste à tourner tout événement médiatique en faveur de la campagne de Francœur et s’illustre par sa rigueur et son indépendance. Lorsqu’elle tombe amoureuse de Leïla, Marylin mesure sa difficulté à cloisonner sa vie professionnelle et sa vie sentimentale.
Marie-France Trémeau (Karin Viard) était la favorite de la droite aux primaires. Cette politicienne redoutable tire néanmoins profit de son échec en se rendant indispensable à la victoire de Francœur tout en s’assurant le leadership de son camp s’il perd. D’une détermination hors norme, elle est provocatrice, sans pitié mais aussi très honnête. Son principal défaut a toujours été de sous-estimer ses adversaires, Francoeur en tête.
Jérémy Caligny (Baptiste Carrion-Weiss) est le neveu d’un ancien ministre. Très ambitieux, il a travaillé pour Trémeau pendant les primaires avant de venir frapper à la porte de Francœur après sa victoire. César, d’abord méfiant, le prend sous son aile et lui enseigne les codes de la vie politique. Courageux, loyal et astucieux, Caligny s’avérera être un précieux atout dans les moments les plus durs de la campagne.
Le Major (Philippe Uchan) est le directeur de campagne de Francœur. Ce Girondin flegmatique, d’une loyauté sans faille, organise le planning du Patron avec rigueur et souplesse. S’il est le premier à exprimer ses doutes quant à la probité de Francœur, il en sait lui-même plus long qu’il ne veut bien l’avouer. Son expérience lui a appris qu’en politique mieux valait ne pas répondre à une question avant qu’elle n’ait été posée.
Résumés des épisodes
Épisode 1 : 50,47 %
Alors qu’il n’était pas favori, Paul Francoeur remporte de peu la primaire chargée de désigner le candidat de la droite pour la prochaine élection présidentielle. Le vote électronique, organisé par la société Droïde, a été brièvement perturbé par un bug informatique rapidement résolu. La campagne présidentielle démarre et les urgences s’accumulent : installer le QG, constituer les équipes et surtout restaurer l’unité avec Marie-France Trémeau, la rivale de Francoeur aux primaires, qui peine à digérer la défaite. César Casalonga, principal conseiller de Francoeur, est à la manœuvre jusqu’au moment où un coup de fil anonyme le prévient d’irrégularités survenues pendant le vote.
Épisode 2 : Le chat noir
Un coup de feu éclate dans un commissariat. L’agent de police Jennifer Bouchara vient de se tirer une balle dans la tête. Marylin, en charge de la communication de la campagne, alerte Francoeur : il faut réagir sans tarder pour ne pas se faire doubler par les autres candidats. Mais Francoeur refuse de réagir à chaud, sans élément de contexte. De son côté, César mène l’enquête sur la fraude présumée. Un rendez-vous discret avec un expert informatique le convainc que celle-ci est avérée. Francoeur s’assure auprès de sa garde rapprochée que personne n’est impliqué mais chacun note qu’il ne prend pas la peine d’affirmer qu’il n’a rien à voir avec l’affaire…
Épisode 3 : La riposte
Pour saboter les révélations du Canard enchaîné au sujet du patrimoine caché de Francoeur, Marylin organise un entretien avec un journaliste du Figaro au cours duquel le candidat affirme être victime de fausses rumeurs. Mais, peu après, Francoeur révèle à César qu’il est bien en possession d’une étude de Goya, qui appartient en réalité à sa fille, reçue en héritage de sa mère décédée. César n’est pas tranquille : c’est la première fois que son patron lui cache une vérité. Francœur s’apprête à faire une annonce importante au JT pour donner un nouveau souffle à sa campagne. Mais Bernard Janvier, le président en exercice, lui coupe l’herbe sous le pied en annonçant aux Français qu’une maladie grave l’empêche de briguer sa propre succession.
Épisode 4 : Élu par la foudre
Alors que la fraude est révélée par la presse, César doit faire face à une nouvelle déflagration : une perquisition médiatisée a lieu au QG de campagne de Francoeur. De son côté, Trémeau, la rivale défaite de Francoeur à la primaire, commence à recueillir les parrainages qui lui permettraient de se présenter à la place de Francoeur si la candidature de celui-ci venait à être désavouée. César ose affronter son patron qui nie toute responsabilité dans la fraude et lui demande de trouver le coupable pour le disculper une bonne fois pour toutes. Un corps est retrouvé par la police dans la Seine. Il s’agit d’un homme qui avait cherché à alerter César. Caligny, le jeune responsable des réseaux sociaux de la campagne de Francoeur, découvre que le dernier votant avant le bug, un certain Cassius, a introduit dans le système informatique un virus permettant un piratage.
Épisode 5 : Danse sur un volcan
Acculé, le Major avoue à César s’être rendu à un rendez-vous – code « Cassius » – avant la primaire. Ce n’est pas Francoeur mais lui, le Major, qui a été en lien avec l’instigateur de la fraude : Pinguet, le directeur de Droïde. Pinguet lui a proposé de truquer le vote en faveur de Francoeur, ce que le Major a refusé. Francoeur est furieux d’apprendre qu’un membre de son équipe était au courant d’une possible fraude sans l’avoir mis au courant. Il faut maintenant découvrir qui a accepté la combine de Pinguet. Les Russes ? Vital, le principal concurrent de Francoeur ? Ou quiconque aurait eu intérêt à avoir Francoeur pour rival plutôt que la redoutable Trémeau ?
Épisode 6 : L’odeur de l’essence
Après le premier tour, il ne reste que deux candidats en lice : Guillaume Vital qui arrive en tête et Paul Francoeur. Francoeur doit rallier un maximum de soutiens politiques, quitte à faire des concessions, et contenir Trémeau qui se comporte comme si elle avait gagné. Caligny récupère les preuves matérielles de la fraude, mais découvre du même coup que l’équipe de Vital les a également en sa possession…
Dans l’ombre
Série (2024 – inédite – 6 x 52 min) – Adaptée du thriller politique Dans l’ombre (2011) écrit par Édouard Philippe et Gilles Boyer – Réalisation Pierre Schoeller et Guillaume Senez – Showrunner Pierre Schoeller – Scénario Pierre Schoeller, Lamara Leprêtre-Habib, Cédric Anger, Gilles Boyer et Édouard Philippe – Production Elzévir Films et Deuxième Ligne Films – Avec la participation de France Télévisions et Newen Connect (filiale de Newen Studios)
Le roman Dans l’ombre est disponible en grand format aux Éditions Lattès et en format poche aux Éditions du Livre de poche.
Avec Swann Arlaud (César Casalonga), Melvil Poupaud (Paul Francoeur), Karin Viard (Marie-France Trémeau), Evelyne Brochu (Marylin), Philippe Uchan (Le Major), Sofian Khammes (Texier), Baptiste Carrion-Weiss (Jérémy Caligny), Éric Paradisi (Démosthène), Maud Wyler (Leila Argument), Clara Antoons (Iris), Étienne Beydon (Benjamin Pinguet), Gautier Boxebeld (Mukki), Boris Terral (le sénateur Pinguet), Muriel Combeau (Olympe) et Catherine Salée (La Walkyrie)