« Viol, défi de justice » : un documentaire au cœur de la justice de l’intime

Depuis le mouvement #MeToo, les plaintes pour viol ont doublé. Comment la justice fait-elle face à cette libération de la parole ? Pour tenter d’y répondre, la réalisatrice Marie Bonhommet a posé sa caméra au tribunal de Nantes, au cœur de cette justice de l’intime confrontée à de nouveaux enjeux de société. « Viol, défi de justice », un documentaire à découvrir le mardi 26 mars à 21.05 sur France 5.

« Viol, défi de justice ». © Capa

« C’est l’histoire d’un crime difficile à juger.
Un crime commis à l’abri des regards, souvent sans preuves ni témoins.
Ce crime, c’est le viol
. »

Ces quelques mots, simples et puissants, ouvrent le documentaire dont le titre, Viol, un défi de justice, pose toute la complexité de cette justice de l’intime devenue un enjeu de société.
Depuis la révolution #MeToo, et la libération de la parole, le nombre de plaintes pour viol a en effet doublé. Pour y faire face et réduire les délais d’attente, les affaires de viol sont désormais jugées, depuis janvier 2023, devant une nouvelle juridiction : la cour criminelle. Contrairement aux assises, la cour ne comprend pas de jury citoyen mais est dotée de cinq magistrats professionnels. Pour les juges et les avocats, il s’agit de confronter la version d’une femme qui se dit victime à celle d’un homme qui plaide son innocence, de dépasser le parole contre parole…

Ce documentaire s’inscrit dans une époque, celle de l’après-MeToo...

Marie Bonhommet, réalisatrice

Grâce à une autorisation exceptionnelle, Viol, défi de justice nous plonge au cœur d’un procès à la cour criminelle de Nantes. Quatre ans plus tôt, lors d’une soirée d’été arrosée, deux jeunes gens de 18 et 22 ans ont eu une relation sexuelle. « Un viol », affirme Sarah, la plaignante. « Un rapport consenti », pour Jérôme, l’accusé. Selon Sarah, elle dormait dans une chambre plongée dans l’obscurité la plus totale quand Jérôme se serait fait passer pour son petit ami afin d’avoir un rapport sexuel. Sans preuves ni témoins, il appartient alors aux magistrats de se forger une intime conviction sur le consentement de Sarah et les véritables intentions de Jérôme… 
Avec ce documentaire immersif, la réalisatrice Marie Bonhommet a voulu « filmer un procès pour viol de l’intérieur en [se] plaçant du point de vue des acteurs de la justice » en tentant de répondre à une question : comment l’institution judiciaire, révolutionnée par le mouvement MeToo, a-t-elle évolué dans sa manière de juger ces affaires ? « Ce documentaire s’inscrit dans une époque, celle de l’après-MeToo, explique la réalisatrice. J’ai donc choisi une affaire tristement banale qui ne serait peut-être pas arrivée devant une cour de justice il y a encore quelques années. » 
Durant deux jours, cinq magistrats vont écouter parents, proches, enquêteurs, experts et avocates dessiner deux parcours de vie ordinaire dont la trajectoire a basculé au cours d’une fête banale. « Il restait ensuite à créer un dispositif filmique suffisamment discret pour ne pas perturber le bon déroulement du procès, précise Marie Bonhommet, tout en permettant au spectateur d’avoir le sentiment d’y assister. À travers ce film, je veux montrer les nouveaux enjeux auxquels la justice est confrontée mais je souhaite aussi qu’il ouvre une réflexion en chacun de nous. »
Viol, un défi de justice nous plonge ainsi au cœur d’une justice qui cherche à se réinventer pour donner aux violences sexuelles les réponses que la société attend.

Le documentaire sera suivi d’un débat animé par Karim Rissouli dans C ce soir et du documentaire Comme si j’étais morte de Benjamin Montel.

Viol, défi de justice
« Viol, défi de justice ».
© Capa

Viol, défi de justice 

Documentaire (70 min) — Réalisation Marie Bonhommet — Produit par Andrea RawlinsGaston pour Capa — Avec la participation de France Télévisions
 
Diffusion mardi 26 mars à 21.05 sur France 5 
À voir et à revoir sur france.tv

Voir la grille des programmes TV disponibles cette semaine 

Publié le 24 mars 2024