Traverser le désert inondé : « Les Routes de l'impossible » au Tchad

Affronter l’enfer et braver les obstacles pour gagner sa vie ! C’est le quotidien d’hommes et de femmes dans des pays où le moindre voyage devient une épopée. Pour cette nouvelle saison estivale, « Les Routes de l’impossible » reviennent avec cinq épisodes inédits. Après l’Inde, et avant le Kenya, le Guatemala ou l’Indonésie, deuxième numéro au Tchad le mardi 11 juillet à partir de 21.00 sur France 5.


Au Tchad, même le désert est inondé. Cette année, les inondations d’une ampleur inédite ont touché plus d’un million de personnes. Des centaines de milliers d’hectares de champs ont disparu, un drame dans un pays où un tiers de la population est en situation d’insécurité alimentaire. Et par manque d'infrastructures, les axes de circulation se sont transformés en « routes de l’impossible ».

C’est vraiment à contrecœur que nous prenons cette route. Nous ne sommes pas considérés comme des êtres humains : si on meurt, c’est pas grave…

Norbert, qui accompagne Souleiman

« Sans la pirogue, c’est devenu impossible de se déplacer. » Abdel l’a bien compris, et s’est reconverti dans la livraison de ces barques qui permettent à des milliers de gens de traverser les routes coupées par les eaux. Au Tchad, où les transports sont majoritairement terrestres, les pluies qui ont noyé dix-huit provinces sur vingt-trois, ont paralysé une partie de l’économie. S’il gagne mieux sa vie, les conditions de voyage sont un enfer pour Abdel comme pour une grande majorité de Tchadiens contraints de se déplacer pour leur travail ou pour fuir leur région inondée.
Camions et taxis-brousse sont les seuls véhicules capables de défier ces traversées à travers le pays, car ces vieux modèles automobiles supportent encore les réparations mécaniques multiples.
À bord du camion de Souleimane, « très résistant avec une longue durée de vie », Norbert organise l’installation de huit tonnes de marchandises et de quinze passagers - quatre euros le trajet pour un euro de salaire moyen. Leur destination : la ville de Djegui Djeké et son marché à cent vingt-cinq kilomètres de là. Pour se donner toutes les chances d’y arriver à temps, ils partent avec quatre mécanos et huit heures d’avance. Mais la route, semée d’embûches et engloutie par les eaux en furie à certains endroits, leur réserve bien de mauvaises surprises…

« Les Routes de l'impossible »
« Tchad, le désert prend l’eau »
© Tony Comiti

Dans ce pays, on dirait que le président est inexistant ou qu’il ne veut pas nous aider. Il préfère rester dans son bureau… Il devrait vraiment arranger cette route, personne n’a jamais essayé de la bitumer.Norbert

Le taxi-brousse de Mamat, lui, s’apprête à partir de Mongo vers Am Timan, dans la région de Salamat, le grenier du Tchad. Pour les voyageurs à bord — dix euros dans la benne, quinze sur la banquette arrière où ils sont cinq —, cette destination est une promesse d’Eldorado : « Nous voulons cultiver, travailler dans les champs. » Mais elle est aussi, à cette époque de l’année, coupée du reste du pays par l’eau. Les deux cent soixante kilomètres du voyage, normalement réalisables en une dizaine d'heures, vont se transformer en cauchemar éveillé pour les passagers.
Après seulement quarante minutes de trajet, un gigantesque embouteillage les arrête : le pont submergé par la rivière et le courant trop fort pour traverser contraignent les véhicules à attendre, certains déjà depuis vingt-quatre heures... Mais les Tchadiens ne sont jamais à court d'idées et construisent des radeaux de fortune en bidons, d'autres installent un tuba dans leur moteur ! Les autres devront attendre que le courant faiblisse avant de pouvoir traverser. 
Le voyage ne fait que commencer : les parties inondées de la route se répètent et les avaries techniques leur font perdre de plus en plus de temps... Les voyageurs devront changer plusieurs fois de taxis, emprunter des barques et des motos avant de pouvoir rejoindre exténués, sans avoir mangé, leur destination finale, après... quarante-huit heures de voyage !

Pour les passagers du camion de Souleimane et Norbert, il n'y aura pas eu de répit de jour comme de nuit jusqu'à l'arrivée au marché... trop tard ! « Pourquoi se plaindre ? commente une commerçante. C’est comme ça toutes les semaines. »

Le Tchad est comme une page blanche, tout est à écrire. Tout est à construire dans notre pays ! 

Mamat

À 21.50, rediffusion de l'épisode Vietnam, les génies du Mékong. 

Les Routes de l’impossible : Tchad, le désert prend l’eau

« Les Routes de l’impossible »
« Tchad, le désert prend l’eau »
© Tony Comiti

Série documentaire (52 min - inédit) – Idée originale Tony Comiti – Auteurs Frédéric Elhorga et Patrice Lucchini – Réalisation Guillaume Lhotellier et Antoine Boddaert – Rédaction en chef Patrice Lucchini – Production Tony Comiti Productions, avec la participation de France Télévisions

Les Routes de l’impossible : Tchad, le désert prend l'eau est diffusé mardi 11 juillet à 21.00 sur France 5
À voir et revoir sur france.tv

Commentaires