Comment protéger durablement les gorilles des plaines de l'Est ?

Pendant douze semaines, le photographe et cameraman animalier Vianet Djenguet a participé à un programme d’ « habituation » d’une famille de gorilles des plaines sauvages. Pour tenter d'endiguer l'extinction de cette espèce, les responsables du parc misent, entre autres, sur l'écotourisme. « Sur la terre des gorilles » est diffusé lundi 8 janvier à 21.05 sur France 5.

« Sur la terre des gorilles ».

La question, c'est de savoir si trois mois suffiront pour me faire accepter par un mâle au dos argenté 100 % sauvage.

Vianet Djenguet

Nombreuses sont les espèces en grand danger ou en voie d'extinction. Nous sommes les principaux responsables de cette hécatombe. Nos modes de vie et le changement climatique ont mis en péril leur environnement et leurs ressources. Comment dès lors protéger une espèce en voie d'extinction ? Quelles solutions pérennes faut-il apporter pour assurer sa sécurité tout en maintenant un cadre de vie adapté ? Parmi les mesures mises en place pour tenter d'endiguer ou d'atténuer ce phénomène figure l'écotourisme. En République démocratique du Congo, ce programme vise à protéger les gorilles des plaines de l'Est. « Je suis venu [dans le parc national du Kahuzi-Biega] pour filmer un programme de conservation des derniers gorilles des plaines de l'Est, explique Vianet Djenguet. Une espèce endémique du Congo protégée depuis 2016. Victimes de la guerre, de la déforestation et du braconnage, cette sous-espèce est au bord de l'extinction. Pour les 6 000 gorilles sauvages qui subsistent, le seul espoir réside dans l'écotourisme. » Pendant douze semaines, il va partager le quotidien de guides et écogardes qui vont tenter de se faire accepter d'un groupe de vingt-trois gorilles dirigés par Mpungwe, un mâle au dos argenté. Leur succès dépend de lui. Lui qui, plus jeune, a survécu au massacre de sa famille et qui a pour mission de protéger les siens. S'habituera-t-il à leur présence et laissera-t-il les siens se faire approcher ? 

Les gorilles et les humains partagent plus de 98 % de leur patrimoine génétique. Chaque fois que je passe du temps avec ces lointains cousins, je ne peux pas m'empêcher de remarquer nos ressemblances.

Vianet Djenguet

Extrait vidéo 

 

Sur la terre des gorilles

Vianet Djenguet est photographe et cameraman animalier. Après avoir parcouru le monde pour observer et filmer la vie sauvage, il retourne en République démocratique du Congo, dans une région proche de celle où il a grandi. Une mission exceptionnelle s’offre à lui : documenter un programme de conservation des derniers gorilles des plaines de l’Est dans le parc national du Kahuzi-Biega. 
Victime de la guerre, de la déforestation et du braconnage, cette espèce protégée depuis 2016 est au bord de l’extinction. Pour les gorilles sauvages qui subsistent, le seul espoir réside dans l’écotourisme. Vianet Djenguet participe au programme d’« habituation » d’une famille de gorilles et notamment de son mâle dominant, le dos argenté Mpungwe.
Cette expérience fait naître en lui des questionnements et des doutes… L’« habituation » est-elle la garantie de la survie des gorilles ou les rend-elle plus vulnérables ? L’écotourisme est-il la solution pour que les populations locales ne chassent plus les gorilles ? Commence alors pour lui un voyage intérieur qui le transformera profondément.

Ce documentaire a été triplement récompensé au Jackson Wild : Grand Teton Award, People & Nature-Long Form et Onscreen Personality pour Vianet Djenguet.

Documentaire (83 min - inédit) – Avec la collaboration de Vianet Djenguet –Réalisation Miles Blayden-Ryall – Fondateur de la Fondation Pole Pole, partenaire du parc national Papa John Kahekwa – Responsable des guides Lambert Mongane – Compositeur Johnny Yates – Production Off the Fence (pour France Télévisions et la BBC)

Ce documentaire est diffusé lundi 8 janvier à 21.05 sur France 5
Sur la terre des gorilles est à voir et revoir sur france.tv 

« Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai pu admirer les gorilles des plaines de l’Est. Ils sont véritablement magnifiques, et cette expérience a été à la fois enrichissante et unique. Rien à voir avec une simple visite au zoo, ici tout est naturel, et cette rencontre m’a apporté une véritable éducation. J’avais toujours pensé que les gorilles étaient tous semblables, mais aujourd’hui, j’ai découvert leurs différences, tant dans leur morphologie que dans leur mode de vie. »

Bismarck Biyombo, basketteur congolais évoluant en NBA, lors de sa visite du parc le 28 juillet 2023

Pour aller plus loin. — Quelle est la faune présente au parc national du Kahuzi-Biega (PNKB) ?

« Le PNKB a été créé pour protéger les gorilles des plaines de l’Est (Gorilla beringei graueri) qui sont endémiques à la République démocratique du Congo. Il fait partie des trois aires protégées importantes pour la conservation de la biodiversité du "Rift Albertin" avec 136 espèces de grands mammifères (dont 15 endémiques du Rift Albertin), 335 espèces d’oiseaux dont 29 endémiques, 69 espèces de reptiles dont 7 endémiques, 44 amphibiens dont 13 endémiques, 1171 espèces de plantes dont 218 endémiques (Hall et al., 1997 ; Plumptre et al., 2003). Le PNKB compte trois espèces charismatiques parmi les grands mammifères : le gorille, le chimpanzé et l’éléphant. Mais le Parc abrite aussi le buffle de forêt, le léopard ou encore le bongo, le sitatunga et l’hylochère. Dans les années 1990, 86 % des populations des gorilles des plaines de l’Est occupait le PNKB (Plumptre et al. 2010).
Cette population de gorilles a connu des fluctuations au cours des dernières décennies, surtout dans la partie de haute altitude où des inventaires réguliers sont conduits (Omari 2000, Liengola et al. 2004, Amsini et al. 2008, Plumptre et al. 2010). Dans la partie orientale du Parc, 223 gorilles étaient recensés en 1979 (14 familles et 5 mâles solitaires), 258 individus (25 groupes avec 9 mâles solitaires) dénombrés en 1990, et ce chiffre est resté stationnaire jusqu’en 1996. Toutefois, l’inventaire biologique mené dans la partie de haute altitude du Parc en février 2001 avait révélé la présence de 130 individus. Les inventaires de 2010 ont dénombré 181 individus répartis en 17 groupes contre 168 en 2004 avec 15 groupes (Plumptre et al. 2010). Sur la liste de la biodiversité du Parc figurent également 14 autres espèces de primates, dont
Cercopithecus sp, Colobus spp, Pan troglodytes schweinfurthii. »
Source : parc national du Kahuzi-Biega