Protéger les villes des submersions marines, est-ce encore possible ?

C’est l’une des conséquences du réchauffement climatique : la montée inéluctable des eaux. S’en protéger, coûte que coûte, est devenu un leitmotiv. Mais à quel prix et pour quel résultat ? À travers les options choisies par New York, Rotterdam et Singapour pour s’en prémunir, « Science grand format » évoque notre relation au littoral. « Quand la mer menace les villes » est à découvrir jeudi à 21.00 sur France 5.

« Science grand format : Quand la mer menace les villes ». © Tangerine Productions

Jusqu’à très récemment, nous avions tendance à nous soucier du climat quand il nuisait à notre bien-être, gâchait nos vacances, déversait sur nos têtes ou à nos pieds des trombes d’eau, ou balayait à coup de rafales toitures, arbres et voitures. Ses courroux sont devenus monnaie courante. Prédit depuis des décennies par le Giec, le dérèglement climatique est enfin pris au sérieux par la plupart de nos dirigeants politiques. Reste à imposer des actes plus dissuasifs que de simples accords pour atténuer l’inéluctable et ainsi éviter à des millions d’individus de migrer pour raison climatique.
N’allez pas croire pour autant que rien ne soit fait. Partout dans le monde, des femmes et des hommes s’activent pour repenser notre relation à notre environnement et ainsi construire un avenir plus viable.

 

Quelle attitude adopter face à la montée des eaux ?

La montée des eaux figure parmi les effets néfastes de ce réchauffement planétaire. Chaque centimètre de plus est une avancée salée dans les terres. Pour comprendre les enjeux et les impacts induits par cette hausse, il faut se rendre dans des villes comme Rotterdam, New York ou Singapour. Des cités qui ont su dompter leur environnement marin ou marécageux pour s’étendre. Une cohabitation de toujours dont se dessinent aujourd’hui les limites. Avec les hausses du coût de l’énergie ou des matières premières, les conséquences de la guerre ou de la pandémie, certains projets pour ralentir cette progression ne verront sans doute jamais le jour. Et puis ce qui est faisable à Rotterdam ne l’est pas forcément à Singapour ou à New York, et inversement. En attendant, découvrez les techniques mises au point pour contrer, atténuer ou contenir cette montée des eaux.

Nous devons voir très grand car le niveau de la mer peut monter de manière conséquente. Et s’il monte au-delà de deux mètres, ce qui est prévu dans cent ans, nous aurons besoin de solutions très différentes de celles que nous avons actuellement et qui sont basées sur un ou deux mètres. Alors il deviendra techniquement et financièrement très difficile de protéger les Pays-Bas.

Sjoerd Groeskamp, océanographe (Institut royal néerlandais de recherche maritime)

Les inondations côtières

« D’ici à 2050, l’élévation du niveau de la mer pourrait avoir des conséquences pour 300 millions de personnes des communautés côtières qui pourraient être confrontées à de graves inondations au moins une fois par an. Certains écosystèmes côtiers peuvent servir de digues rentables pour lutter contre les deux principales menaces de la montée des eaux : les inondations côtières et la désintégration du littoral.
Les mangroves et les récifs coralliens, par exemple, contribuent à briser les vagues avant qu’elles ne touchent le rivage, ce qui réduit à la fois la force et la hauteur de la houle et, par là même, la probabilité que la mer ne se brise sur les terres des populations. Une étude portant sur 52 sites a révélé que les habitats naturels étaient 2 à 5 fois plus rentables que les structures artificielles lorsqu’il s’agissait d’abaisser la hauteur des vagues.
Dans la ville de Kisakasaka, dans l’est de la Tanzanie, l’eau de mer s’est infiltrée dans les fermes des habitants et a tué les cultures. Les villageois ont riposté et reboisé des centaines d’hectares de mangroves. En deux ans, l’empoisonnement au sel de leurs récoltes a été stoppé et les puits sont revenus à la normale. »
Source : ONU

Lorsqu’on replante des mangroves, on le fait dans n’importe quel espace disponible. Malheureusement, ce n’est peut-être pas un endroit où les mangroves poussent naturellement. Restaurer les mangroves est souvent plus rentable et parfois même plus rapide que la plantation parce que nous les laissons à l’endroit où la nature les a voulues.

Dan Friess, géographe (Université nationale de Singapour)

Science grand format : Quand la mer menace les villes

New York, Rotterdam et Singapour, situées sur trois continents, sont chacune confrontées à des problématiques singulières. Après l’ouragan Sandy en 2012, New York a lancé plusieurs grands programmes pour tenter de se protéger des assauts de l’océan. Rotterdam compose avec l’eau depuis le Moyen Âge. Elle est une référence mondiale dans la recherche de solutions contre la montée des eaux. Singapour, minuscule île-État, doit faire face à une élévation bien supérieure du niveau de la mer qu’en d’autres points du globe en raison de la fonte des glaciers et de sa position sur l’équateur ; elle risque tout simplement de disparaître. Au cœur de cette bataille, nous découvrons le rapport que ces trois villes entretiennent avec l’eau depuis l’origine. 

Magazine – Présentation Mathieu Vidard
Documentaire (90 min - 2022) – Auteurs Thomas Marlier et Laurence Thiriat – Réalisation Laurence Thiriat –Conseillère scientifique Angélique Melet – Conseillère scientifique Rotterdam Émilie Gascon – Compositeur Siegfried Canto – Production Tangerine Productions – En coproduction avec Composite Films, avec la participation de France TélévisionsUshuaïa TV, Earth X

Ce documentaire est diffusé jeudi 10 novembre à 21.00 sur France 5
Science grand format : Quand la mer menace les villes est à voir et revoir sur france.tv

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