Que s’est-il passé à la fin de l’âge du bronze ? Une enquête « Science grand format »

Vers 1200 avant notre ère, les archéologues font état de destructions soudaines de nombreuses de cités sur le pourtour méditerranéen. Hittite, mycénienne, cananéenne, ces civilisations dominantes tombent l’une après l’autre, même la grande Égypte est ébranlée. Que s’est-il passé à la fin de l’âge du bronze ? Une enquête à suivre dans « Science grand format » jeudi 29 juin à 21.00 sur France 5.

Vers 1200 av. J.-C. on assiste à la chute de nombreux royaumes. © TV6

« Apocalypse », le mot peut sembler galvaudé, pourtant c’est bien ce qu’ont dû se représenter les peuples des pourtours de la Méditerranée vers 1200 avant notre ère. En effet, des incendies de grande ampleur se sont déclenchés dans les principales villes des royaumes hittite, mycénien, cananéen, égyptien. Partout on appelle à l’aide un pays voisin, un royaume allié. Dans cette partie du monde très interconnectée, les échanges sont nombreux et l’interdépendance réelle. Notamment en ce qui concerne la ressource principale qui a donné son nom à la période, à savoir le bronze. Pour produire cet alliage, il faut du cuivre, importé de Chypre, et de l’étain (Cornouailles [Ang.], Espagne, Sardaigne, Turquie et en majorité en Afghanistan), présent en plus grande quantité. Aussi, quand en une cinquantaine d’années les trois principales civilisations de l’époque s’effondrent subitement, c’est toute la région qui tremble. À tel point que la période suivant ces grands bouleversements a été nommée les « siècles obscurs ».

Les mystérieux « Peuples de la mer »

Dès lors, une question se pose : qui ou qu’est-ce qui a bien pu provoquer cette « apocalypse à l’âge du bronze » ? Une fresque sur les murs du temple de Louxor (Égypte) a retenu l’attention des chercheurs. Elle dépeint la bataille de Ramsès III contre de mystérieux « peuples de la mer » et fait état de sa victoire, là où tant de cités n’avaient pas su résister à cet envahisseur. Sur le bas-relief, on découvre un assemblage bigarré de tribus aux origines diverses, comprenant guerriers mais aussi femmes, enfants, bêtes de somme. On peut dès lors supposer qu’il s’agissait de peuples en fuite, de nomades cherchant de nouveaux foyers. Un exemple existe avec les Philistins, en Israël, ayant vaincu les Cananéens avant de s’installer et de fonder cette nouvelle civilisation.

Une catastrophe climatique

Si l’enquête progresse, une nouvelle question surgit : qu’est-ce qui a jeté ces peuples sur les routes de l’exil, maritimes et terrestres ? Ce sont des textes plus tardifs qui apportent des éléments de réponse. Ainsi, Hérodote et Aristote évoquent des changements climatiques majeurs vers 1200 avant notre ère. Ils font écho à des textes de la fin de l’âge du bronze évoquant la crainte d’une pénurie de céréales pour nourrir les populations en raison de faibles récoltes. De fait, les études d’archéologie biologique font état de sécheresses importantes pendant près de cent cinquante ans. En outre, les géologues ont relevé des traces de séismes le long des nombreuses failles de la région (Louxor, Mycènes, Thèbes, Tirynthe…). Les cités qui ont su résister à ces bouleversements étaient alors plus vulnérables : les tremblements de terre ont endommagé les réseaux hydriques, les faibles récoltes ont entraîné des famines et épidémies, ces deux phénomènes conduisant à des révoltes, comme ce fut le cas sous Ramsès III avec l’une des premières grèves de travailleurs de l’Histoire.

Un contexte familier

Réchauffement climatique, catastrophes naturelles, mouvements migratoires de masse, difficile de ne pas établir de parallèle avec notre situation actuelle. Peut-on dès lors lire l’effondrement des grandes civilisations de l’âge du bronze comme un exemple de ce qui pourrait nous attendre ? Les catastrophes naturelles sont chaque année plus nombreuses et violentes, comme en témoignent les récentes tragédies en Turquie, Italie, Inde…, les migrations de grande ampleur ont commencé et risquent de s’amplifier à mesure que les effets du réchauffement climatique toucheront plus durement les régions et les populations les plus exposées. L’étude de la fin du l’âge du bronze nous donne certainement matière à réfléchir et peut-être anticiper et préparer au mieux les grands bouleversements à venir.

Que la vie des anciens serve d’exemple, car le monde est vieux, et l’avenir sort du passé.

Djibril Tamsir Niane, écrivain, historien

Science grand format : L’Apocalypse à l’âge du bronze

Documentaire (84 min, Inédit, 2023) – Présentation Mathieu Vidard – Autrice-réalisatrice Katie Reisz – Production TV6, Discovery Channel, avec la participation de France Télévisions, NHK, SBS, SVT, LGI Media

Science grand format : L’Apocalypse à l’âge du bronze est à voir jeudi 29 juin à 21.00 sur France 5 et à revoir sur france.tv

Retrouvez Mathieu Vidard dans le Photomaton de France TV & Vous

Publié le 27 juin 2023
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