« Rosa Bonheur, dame nature »

France Télévisions poursuit son accompagnement de la célébration des 200 ans de la naissance de Rosa Bonheur et de l’exposition qui lui est consacrée au musée d’Orsay avec un nouveau documentaire signé Grégory Monro, qui mêle témoignages de spécialistes et extraits des Mémoires de la grande peintre animalière. Vendredi à 23.30 dans « Aux arts et cætera » sur France 5.

« Rosa Bonheur, dame nature » © O2B Films

Ce n’est pas le moindre des paradoxes qui caractérisent Rosa Bonheur : la femme la plus célèbre de son époque tomba inexplicablement après sa mort dans un long et profond oubli. La peintre qui vendit le plus de toiles au XIXe siècle à travers le monde disparut pratiquement des histoires de l’art. Ce bicentenaire est donc l’occasion de rétablir dans toute sa mesure une artiste à la sensibilité extraordinaire et de raconter la vie hors du commun d’une femme indépendante, libre et incroyablement moderne. Dans ce documentaire – coproduit par les musées d’Orsay et de l’Orangerie –, Grégory Monro a choisi de mêler les propos de quelques femmes, spécialistes, biographes, admiratrices de la peintre, et le témoignage de Rosa Bonheur elle-même, telle qu’elle le dicta au soir de sa vie à l’Américaine Anne Klumpke, sa dernière compagne et sa légataire universelle*. Et c’est un choix fort opportun, tant cette voix nous semble proche et amicale. Elle évoque avec émotion le souvenir d’une mère disparue prématurément, tandis qu’elle élevait seule quatre enfants, ou celui, plus ambivalent, d’un père saint-simonien qui rêva de faire le salut du genre humain et oublia celui de sa famille, mais qui permit néanmoins à sa fille de se consacrer à sa seule passion : la peinture. « Après sa mort, je n’eus plus d’autres maîtres que ceux dont les œuvres sont au Louvre, sans compter la bonne nature dont le livre magnifique est toujours sous nos yeux. »
Puis il y a la réussite foudroyante avec le fameux Marché aux chevaux, présenté au Salon de 1853, et très vite la célébrité en Angleterre, dans toute l’Europe et jusqu’aux États-Unis. Mais c’est finalement le choix d’une vie en marge de l’agitation et plus proche de la nature, dans son château de By, près de Fontainebleau, acheté en son nom propre, grâce au fruit de son travail, et où elle vivra aux côtés de Nathalie Micas, à la fois son amie d’enfance, sa sœur d’adoption et sa mère de substitution. Elle évoque aussi, bien sûr, les animaux, dont elle fit davantage que le sujet de ses toiles : un sujet digne de respect, qu’elle peint avec un mélange de réalisme pointilleux, de sensualité prosaïque et de mysticisme. La vie de Rosa Bonheur, c’est enfin l’illustration d’une évidence – la femme est l’égale de l’homme –, non pas comme une revendication mais comme un principe posé d’emblée et sur lequel on ne cède rien.

Je crois que les jeunes ne m’en veulent pas tant d’être vieille que d’être femme. Ils ne peuvent pas me pardonner d’avoir montré d’une façon assez claire que pour l’art il n’y a pas de sexe. Je crains fort que ce petit antagonisme soit éternel.

Rosa Bonheur

* Rosa Bonheur & Anne Klumpke, Souvenirs de ma vie, éditions Phébus, 2022.

Extrait

 

Rosa Bonheur, dame nature

Dans le contexte de la grande exposition qui lui est consacrée cette année au musée d’Orsay, ce film invite le grand public à redécouvrir Rosa Bonheur, la peintre française la plus célèbre du XIXe siècle. Immense artiste, figure majeure de l’émancipation féminine, pionnière de la cause animale, toute la vie de Rosa Bonheur est un hymne à la liberté. Elle s’était juré de « relever la femme ». Ce documentaire souhaite lui redonner sa juste place dans l’histoire de l’art.

Documentaire (2022 - inédit) – Durée 63 min – Auteur et réalisateur Grégory Monro – Production O2B Films & Musées d’Orsay et de l’Orangerie – Avec le soutien du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, du Département de la Seine-et-Marne, du CNC et de la Procirep-Angoa

Diffusion vendredi 9 décembre à 23.30 dans Aux arts et cætera
À voir et à revoir sur france.tv

Publié le 09 décembre 2022
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