« Quai des brunes, femmes dockers de La Réunion » : un modèle à suivre

« Je ne savais pas qu’il n’y avait pas de dockers femmes en métropole. C’est une fierté de se dire qu’on est les premières. » Ce documentaire revient sur la particularité du grand port maritime de La Réunion : la présence de femmes dans les rangs des dockers. Une immersion dans ce métier en route vers la parité femme-homme et empreint d’héritage familial. Lundi 25 mars à 00.05 sur France 3, La1ere.fr et france.tv.

 

Les femmes n’ont pas intégré le grand port maritime de La Réunion par magie, c’est le fruit de luttes et de détermination. Dans ce documentaire, Sabrina, Christelle, Hortense, Tricya et Agnès racontent leur quotidien de docker, mais aussi l’expérience de leur arrivée dans ce métier considéré comme très physique et « masculin », pour autant que le travail ait un genre. Pour se faire une place, elles ont dû redoubler d’efforts et montrer de quoi elles étaient capables.

Ses collègues hommes disent d’elle qu’« elle assure, et mieux encore que certains gars ». Sabrina a ouvert la voie aux autres femmes. Ayant été confrontée aux réflexions et à la pression, elle est aujourd’hui une ponte dans son domaine. Après dix-sept années de travail en tant que docker, elle est ce que l’on appelle plus spécifiquement chauffeur-cavalier.
Quasiment toutes filles ou petites-filles de dockers, ces ouvrières sont fières d’exercer leur métier. Jusqu’à il y a quelques années, cette profession était occupée par des hommes (comme encore sur la majorité des ports) et surtout mal vue. On disait que les dockers étaient « les chiens des quais » et leurs conditions de travail étaient très rudes. Mais ils se sont syndiqués et ont obtenu des droits. Parmi ceux-ci, la priorité à leurs enfants qui postulent pour devenir docker. Un avantage important pour un travail qui se transmet généralement de parent à enfant et dans le cadre duquel cette filiation est très précieuse. 

Transmission familiale : 1, norme de genre : 0

On était souvent docker de père en fils. Mais René, le père de Sabrina, a eu deux filles. Figure emblématique du port de La Réunion et syndicaliste respecté, il s’est donc retrouvé dans une situation particulière. Fallait-il laisser perdre l’héritage docker ou pousser à la féminisation du métier ? Il n’a pas hésité et s’est mobilisé avec ses camarades syndicalistes : « J’ai dit au directeur : “Pourquoi dans la vie de tous les jours il y a des femmes présidentes, des femmes députées, des femmes maires, et alors chez les dockers il n’y a pas de femmes ? Où est la parité homme-femme ?Et là, il a accepté. Pour Sabrina, il a accepté. »

Cependant si Sabrina a ouvert la voie aux femmes en étant la première à intégrer cette équipe d’hommes, c’est bien sa persévérance qui a fait la différence. Les débuts étaient difficiles mais elle a brillamment réussi à faire sa place : « Tous les yeux étaient braqués sur moi. J’avais cette grosse pression sur mes épaules où il ne fallait pas faire de faux pas. Parce que si je faisais un seul faux pas, je savais que toutes les femmes après n’auraient plus eu de place, plus eu leur place sur ce port. » Celles qui sont arrivées ensuite ont aussi dû affirmer leur position, mais le changement en cours est maintenant bien visible. Inspirant, ce documentaire met en lumière le travail de ces femmes, leur ténacité et l’évolution des mentalités qui modèlent l’histoirede La Réunion. Il relate aussi les vies de personnes comme les autres, entre famille et passions. 

Agnès, docker et ses collègues sur le port de La Réunion
Agnès, docker, et ses collègues sur le port de La Réunion.
© Les Nouveaux Jours Productions

Si j’avais eu un frère, je ne sais pas s’il aurait eu la même carrière que moi. Parce que, moi, il fallait que je prouve que j’étais capable. Et c’est pour ça que j’ai pris ce poste de chauffeur-cavalier, pour pouvoir montrer, surtout à mon père et aux autres, que la femme avait sa place sur ce quai. [...] J’espère qu’il est fier de moi.

Sabrina

Je suis fière, moi, d’être docker et de dire que je suis ouvrière. C’est vrai qu’après la femme, elle a plusieurs images, après y a certaines images qui ne vont peut-être pas plaire, d’autres images qui vont être dans le cadre de la société, mais si on peut apporter une autre facette de la féminité, eh ben c’est chouette.

Tricya

Il va falloir qu’ils s’y fassent les hommes, le futur sera féminin. Non, je ne vais pas dire ça ! (rires)

Sabrina

Quai des brunes, femmes dockers de La Réunion

Christelle, docker, à son travail
Christelle, docker, à son travail.
© Les Nouveaux Jours Productions

Documentaire (52 min — 2023) — Réalisation Claire Perdrix — Production Les Nouveaux Jours Productions — Avec la participation de France Télévisions 

Diffusion lundi 25 mars à 00.05 sur France 3, La1ere.fr et france.tv

Voir la grille des programmes TV disponibles cette semaine 

Publié par Ambre Gozlin-Frobert le 23 mars 2024