« Paname, le Grand Paris du rap » : focus sur une décennie magique et un nouvel âge d’or du rap français

Diffusé sur france.tv, « Paname, le Grand Paris du rap » raconte une décennie hors normes, celle des années 2010, pendant laquelle l’Île-de-France s’est imposée comme l’un des principaux centres du rap mondial. Particulièrement attachés à leur territoire, les rappeurs et rappeuses de cette décennie ont bouleversé l’industrie musicale, mais aussi contribué à redessiner une nouvelle géographie du rap. Faisant de leur musique la première et véritable manifestation du Grand Paris.

Une décennie capitale pour le rap.

Dans la géographie du rap en France, la région parisienne occupe une place unique : c’est en Île-de-France, son berceau historique, que cette musique s’est implantée, dès les années 1980. Cependant, vingt ans après ce premier âge d’or, le genre s’essouffle peu à peu. Touché en plein cœur par la crise du disque, il peine à se réinventer artistiquement et ne se vend plus très bien. Ainsi, à l’aube des années 2010, c’est surtout à travers ses faits divers que les grands médias l’évoquent…

Et pourtant. Quelque dix années plus tard, le rap aura réussi le pari incroyable de devenir le genre musical le plus écouté en France. Pour comprendre cette prouesse, les auteurs de ce film, Jean Morel et Simon Maisonobe (du collectif Grünt), ont donné la parole à de nombreux rappeurs ainsi qu’à des journalistes et chroniqueurs spécialistes du rap.

Pour expliquer cette révolution, tous évoquent pour commencer l’arrivée de groupes basés à Paris et non plus en banlieue. Leurs noms ? Sexion d’Assaut, L’Entourage, 1995… Pour un genre qui jusqu’alors s’était construit à partir de territoires assez restreints (quartier/ville/département), ce nouvel ancrage géographique est important… même si les rappeurs, eux, ne sont pas si différents : « Ceux de banlieue étaient pauvres comme nous, mais nous on était des pauvres parmi des riches », observe Adama (Sexion d’Assaut). Ainsi, grâce au rap, c’est finalement le rapport de Paris à sa banlieue – et de la banlieue à Paris – qui va progressivement se transformer. 

Faire de la musique tout seul

En parallèle, la démocratisation de la technologie et la généralisation du streaming changent énormément la donne. « Nous, on est la génération qui peut faire de la musique tout seuls, et ça c’est juste la première fois que ça arrive », souligne l’un des intervenants. Sexion d’Assaut s’empare très tôt de MySpace, Skyblog et Facebook, qui génèrent des techniques marketing nouvelles. « Ils ont inspiré et fait beaucoup de travail en amont pour nous et les autres », remarque Sneazzy, un des nombreux intervenants du film. Autre grande nouveauté de l’époque, apportée cette fois par Kaaris, l’arrivée de la trap constitue une révolution musicale d’ampleur, comme le seront également le cloud, l’afrotrap et la drill. Partout, que ce soit à Paris, dans le 93, le 92 ou le 91, de nouveaux noms et de nouveaux styles émergent, témoignage d’une créativité sans limite. Ainsi verra-t-on apparaître MHD et son rap-monde, PNL – phénomène musical sans précédent –, Fianso et le rap réalité… et tant d’autres noms (Jazzy Bazz, Nekfeu, PLK…). Dans tous les cas, et alors que le nombre de rappeurs explose, il s’agit de s’imposer, coûte que coûte. Et la lutte est rude : les open-minds et les battles reviennent au goût du jour, les rap-contenders apparaissent, participant à une restructuration du rap qui là encore bouleverse la relation entre le centre et les périphéries. 

Dans ce contexte, Paris devient un territoire de rap parmi d’autres. Mais c’est surtout l’esprit de Paname qui s’impose, Paname vue comme une terre d’exil, un lieu de fluctuation musicale et de transition. Preuve que le rap francilien, désormais ouvert à l’international, se joue bel et bien des frontières. D’où la conclusion d’Oxmo Puccino : « Paris influence le monde, mais quand je dis “Paris influence le monde”, c’est le grand Paris, c’est-à-dire Paris et sa banlieue. » En l’espace de dix ans, le rap francilien, dans toute sa diversité, aura donc réussi à ressembler au nouveau Paris – le Grand Paris du rap – tout en sauvant l’industrie du disque et en séduisant de nouveaux publics. 

#PanameleDoc 

Intervenants

– Louis Moulin, journaliste 
– Narjes Bahhar, journaliste
– Mehdi Maizi, journaliste 
– Neefa, journaliste 
– Simon Clair, journaliste 
– Driver, journaliste et rappeur 
– Séverin Guillard, universitaire 
– Fif, fondateur de Booska-P
– Pauline Raignault, A&R project manager 
– Chroniqueur sale, youtubeur 
– Adama, rappeur 
– PLK, rappeur
– Jazzy Bazz, rappeur 
– Sneazzy, rappeur 
– Médine, rappeur 
– Oxmo Puccino, rappeur
– Sheldon, rappeur
– Farid Bourimech, producteur 

Paname, le Grand Paris du rap 

Documentaire (90 min – 2023) – Réalisation Jean Morel et Simon Maisonobe – Écriture Benjamin Chevallier, Jean Morel et Simon Maisonobe – Montage Laurent Dubesset – Production Grünt et Talweg 

Paname, le Grand Paris du rap est à voir et revoir sur france.tv à partir de jeudi 23 février à 18.00

Remportez une platine avec enceintes et plein de surprises !
Paname, le Grand Paris du rap proposé par France TV Slash

Du rythme et du rap

En parallèle du documentaire Paname, le Grand Paris du rap, france.tv offre des regards singuliers et inédits sur plusieurs talents de la culture rap, au sein de la collection Du rythme et du rap, avec de nombreux concerts et documentaires.
À voir sur france.tv

Publié le 20 février 2023
Commentaires