« Maman, ne me laisse pas m’endormir » : une histoire vraie et bouleversante mise en images par Sylvie Testud

Adaptation du livre-récit éponyme de Juliette Boudre, « Maman, ne me laisse pas m’endormir » retrace le combat acharné d’une mère pour sortir son fils de son addiction aux opiacés et aux anxiolytiques. Cette fiction poignante, portée par des comédiens bouleversants (Gwendoline Hamon, Nemo Schiffman, Gérard Lanvin, Michaël Youn), ouvrira cette soirée continue, prolongée par un débat sur la dépendance aux médicaments. Rendez-vous ce mercredi à partir de 21.10 sur France 2.

« Maman, ne me laisse pas m’endormir ». © Raoul Gilibert

« Je vis chaque minute de cette nuit-là à sa place. Il était seul, toutes ces heures. J’aurais pu le serrer, le rassurer, l’apaiser (…). J’aurais pu lui ôter sa peur, la rendre acceptable. Je n’étais pas là. »
Ces mots, tirés du roman éponyme de Juliette Boudre, ouvrent le film. 

Un camion de pompiers file à toute allure dans les rues.
À son bord, un jeune homme de 18 ans est transporté d’urgence à l’hôpital, en arrêt cardiaque, suite à une overdose de médicaments. Le dénouement tragique d’une longue descente aux enfers…

Pour Joseph, tout commence avec des insomnies, des crises d’angoisse… Il consulte une psy qui lui prescrit des anxiolytiques. Mais Joseph ne respecte pas les doses. En peu de temps, il devient accro aux médicaments, qu’il surconsomme en cachette… 
Maman, ne me laisse pas m’endormir retrace le combat, réel et acharné, d’une mère pour sauver son fils de son addiction. « Elle n’aura de cesse de chercher des solutions, le bon praticien, la bonne école, pour le sortir de ce qui est devenu une addiction et nuit à sa vie entière, à la famille, à l’entourage, explique la réalisatrice Sylvie Testud. Avec force et beaucoup de courage, elle se bat pour extraire Joseph des griffes des anxiolytiques. Les progrès sont là. On y est presque, et puis en une nuit, alors qu’elle n’est pas à côté de lui, Joseph s’en va, emporté par une dose trop forte. »

J’ai voulu filmer le bonheur qui est là, à portée de main, qui échappe. Et puis, finalement, il reste le sourire, la vie. Joseph a existé.

Sylvie Testud, réalisatrice

À l’écran, Gwendoline Hamon incarne avec force Juliette, cette mère aimante, battante et désemparée face à la dépendance de son fils. À ses côtés, on retrouve Michaël Youn en beau-père dévoué et Gérard Lanvin dans le rôle du père, un ex-alcoolique plein d’empathie. Nemo Schiffman (vu notamment dans La Promesse de l’aube et Elle s’en va, film qui lui a valu une nomination au César du meilleur espoir en 2014) se glisse avec délicatesse dans la peau de Joseph. Récompensé du Prix d’interprétation masculine du Festival de la fiction de La Rochelle, le jeune comédien livre ici une prestation sensible et bouleversante. En mettant en images cette histoire vraie, Sylvie Testud signe une fiction poignante, à la fois dure et tendre, intime et empreinte de pudeur. « Il n’y a pas de responsable, pas de raison. Le bonheur s’en est allé alors qu’on a tant voulu le garder, indique la réalisatrice. J’ai voulu filmer le bonheur qui est là, à portée de main, qui échappe. Et puis, finalement, il reste le sourire, la vie. Joseph a existé. » À travers le combat de cette maman en deuil et les tentatives de reconstruction de ce fils aujourd’hui disparu résonnent ainsi la vie, l’amour, le courage. Mais aussi le cri d’alerte sur un danger encore trop sous-estimé, l’addiction aux produits pharmaceutiques. Comme le personnage de Juliette le rappelle à la fin du film, 12 millions de Français consomment des opioïdes. Et depuis 2000, le nombre de décès par overdose médicamenteuse a augmenté de 146 %…

Maman, ne me laisse pas m'endormir
Gwendoline Hamon et Nemo Schiffman.
© Thierry Valletoux

Un débat pour prolonger « La soirée continue »

Un débat, présenté par Julian Bugier, prolongera cette histoire qui alerte sur un mal et des dangers encore trop souvent méconnus : l’addiction aux médicaments, en particulier aux opiacés, un fléau déjà bien identifié aux États-Unis, qui fait aujourd’hui des ravages en Europe et notamment en France chez les enfants et les adolescents. Un récent rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), intitulé « Quand les enfants vont mal, comment les aider ? », tire la sonnette d’alarme sur l’augmentation de la prescription et de la consommation des psychotropes chez les 6-17 ans. Julian Bugier et ses invités éclaireront le public sur ce sujet de société et de santé publique qui concerne des dizaines de milliers d’enfants.

Maman, ne me laisse pas m’endormir 

Juliette découvre que son fils adolescent, qu’elle croyait épanoui, est en réalité miné par un profond mal-être et qu’il est entré dans une dangereuse dépendance aux médicaments. Déterminée à le sortir de son addiction mortifère, portée par son amour inconditionnel, elle s’engage alors dans un long et douloureux combat aux côtés de son enfant, sans jamais renoncer à le sauver. 

Fiction (90 min – 2023) — Adaptation du livre éponyme de Juliette Boudre publié aux Éditions de l’Observatoire / Humensis — Scénario Juliette Boudre, Nathalie Hugon,Lorraine Lévy — Réalisation Sylvie Testud —Production Incognita — Coproduction France Télévisions et TV5 Monde — En coproduction avec Be-Films et la RTBF — Avec la participation du CNC et le soutien de la Région Grand Est et de Strasbourg Eurométropole 

Avec Gwendoline Hamon (Juliette), Nemo Schiffman (Joseph), Gérard Lanvin (Vincent), Michaël Youn (Paul), Sylvie Testud (Sophie)

Maman, ne me laisse pas m’endormir est diffusé mercredi 26 avril à 21.10 sur France 2
À voir et à revoir sur france.tv

Publié par Céline Boidin-Lounis le 23 avril 2023
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