La traque des criminels environnementaux dans « Planet Killers »

Ils tuent notre planète. Planet Killers part à la poursuite de criminels environnementaux parmi les plus recherchés au monde, et propose une plongée inédite et exclusive dans l'Unité des crimes environnementaux d'Interpol. Un Français en fuite pour escroquerie à la pollution industrielle, un Kenyan recherché pour braconnage d’éléphants : les deux premiers épisodes de cette série sont à découvrir lundi 23 janvier à partir de 21.00 sur France 5.

J’ai plus de trente ans d’expérience dans la police… Je suis convaincu que le crime environnemental est la pire forme de criminalité, tant son impact sur notre planète est irrémédiable.

Rory Corcoran, directeur du Programme environnemental - Interpol 

Un criminel environnemental. Un scandale écologique. Une traque. Un épisode.
Dans la nouvelle soirée du lundi que France 5 consacre à l’environnement, Planet Killers raconte la traque par les autorités de quatre criminels environnementaux, recherchés par Interpol, en enquêtant sur leur réseau international et en décrivant les conséquences majeures de leurs crimes et délits sur la planète. Ces histoires éclairent les écocides de notre monde. Le créateur et coréalisateur de cette série, Martin Boudot (Vert de rage), nous en parle.

« Planet Killers »
Martin Boudot, auteur de « Planet Killers »
© Nathalie Guyon - FTV

Comment est née cette série ?
Martin Boudot : 
À mes yeux, Planet Killers est un mélange entre Vert de rage et une série qui s’appelle World’s most wanted et à laquelle j’ai participé, et qu’on a coproduite pour Netflix, qui racontait la traque des criminels les plus recherchés au monde. Je voulais joindre ces deux mondes : polar d’un côté, et environnemental de l’autre. C’est pour ça que j’ai pris contact avec Interpol et l’Unité de lutte contre le crime environnemental. 

Comment Interpol a-t-elle accepté de vous ouvrir ses portes ?
M. B. : 
Ça a été des mois et des mois de discussion, mais on a fini par y arriver. Ils ont apprécié trois choses dans notre démarche : le fait que nous travaillons pour un service public, et que France Télévisions fasse partie du réseau des télévisions publiques européennes. La deuxième, c’est qu’ils aimaient mon engagement environnemental et le travail que nous avons réalisé pour Netflix. Et la troisième, notre volonté de mettre en avant notre journalisme d’investigation et de ne pas nous arrêter uniquement à leur point de vue mais de pousser l’enquête. Ce qui est intéressant dans notre accord, c’est qu’ils n’ont droit de regard que sur ce que nous avons filmé dans leurs locaux. C’est le début de notre enquête.

Comment avez-vous choisi ces quatre criminels environnementaux ?
M. B. : 
On les a choisis parce qu’ils représentent chacun un écocide différent aux quatre coins du monde : Le Prince du carbone sur la pollution industrielle et les émissions de CO2, Le Roi de l’ivoire sur le trafic d’ivoire, Le Parrain des océans sur le trafic des espèces protégées et sur la pêche illégale, Le Bourreau des forêts sur la déforestation et le trafic de bois. Ils sont tous les quatre aussi sur notice rouge. Des fugitifs liés à l’environnement, il n'y en a qu'une trentaine pour Interpol, mais visés par une notice rouge, encore moins. 

Chaque criminel environnemental a des connexions dans plusieurs pays, dans une espèce de toile mafieuse…
M. B. : 
Exactement. Chaque enquête nous a emmenés dans trois pays au minimum. Pour mettre à jour les réseaux de ces criminels, il faut traverser les frontières. C’est également cela qui nous intéressait dans Planet Killers : soit ces coquilles vides dans les paradis fiscaux, soit ces réseaux mafieux qui travaillent ensemble d’un pays à l’autre. Ils sont primordiaux pour permettre à ces criminels environnementaux de s’échapper et passer entre les mailles du filet.  

Des fugitifs coupables de graves délits liés à l’environnement mais le sang coule aussi… 
M. B. : Il y a clairement du sang. Le duo de frères, accusés de trafic d'ivoire, est recherché pour braconnage et suspecté d’avoir commandité des meurtres de personnes des forces de l’ordre, et un enquêteur en particulier. Et les gardiens des réserves tombent régulièrement sous les balles en protégeant les éléphants. Dans Le Parrain des océans, on est avec les narcotrafiquants. Ceux qui ont enquêté ont reçu des menaces de morts ou on leur a tiré dessus. Pour Le Bourreau des forêts, il y a carrément des guerres entre les gardes forestiers et les contrebandiers qui essaient de s’emparer du bois de santal rouge dont il ne reste plus que 5 %. Ce qui est intéressant avec Cyril Astruc, Le Prince du carbone, c’est qu’il raconte comment tous les systèmes liés à l’environnement sont aussi visés par les fraudeurs. On voulait montrer qu’il y avait plusieurs facettes à ces crimes ou délits liés à l’environnement.

Avez-vous reçu des menaces pendant les tournages ?
M. B.
 : Oui. Avec Hugo Van Offel, mon coréalisateur, nous avons reçu des menaces, parfois même des menaces de mort. Les tournages ont été compliqués : particulièrement avec les narcotrafiquants au Mexique. C’est dangereux, et on a pris beaucoup de précautions. On reste vigilants. Meurtres et suicides non élucidés font partie de ces crimes environnementaux.

Combien pèse le crime environnemental dans la lutte pour la protection de notre planète ?
M. B. : 
250 milliards/an pour les criminels : trafic d’espèces, argent de l’ivoire, du bois, pollutions industrielles, déchets, orpaillage illégal. Pour le trafic du poisson, il a eu tellement d’influence sur la faune marine de la mer de Cortese — que Cousteau appelait « l’aquarium du monde » —, qu'il y a aujourd'hui des espèces entières qui ont disparu ou sont sur le point de disparaître. À l'image du plus petit dauphin au monde, pris dans les filets pour pêcher le « totoaba », l’espèce de poisson qui rapporte plus qu’un kilo de cocaïne sur le marché noir. Ou encore les éléphants qui ne sont plus que 400 000 ; ils étaient dix millions dans les années 30. Quant à l’outil qui devait permettre de réduire les émissions de CO2, il a été détruit, nous faisant perdre des années.

Quelles seraient les solutions pour lutter contre ces crimes ?
M. B.
 : D'abord, il faudrait que les États dans le monde entier caractérisent mieux ce qu’est le crime environnemental ou les crimes liés à l’environnement. Il y un manque réel de cadre juridique autour de ces crimes qui sont très complexes. En France, on est pourtant parmi les dix premiers pays au monde, que ce soit d’un point de vue juridique en termes de sanctions ou de forces de police, et d’expérience pour travailler sur la question. 
La deuxième chose est que le crime environnemental est souvent sous-estimé par les autorités policière et judiciaire, ou même les citoyens. Or, ce que nous racontons, c’est que la criminalité liée à l’environnement n’est jamais isolée et toujours accolée à de la criminalité classique : trafic d’armes, d’êtres humains, meurtres, prostitution… C’est toujours une criminalité d’opportunité, une nouvelle aubaine idéale, car c’est celle qui rapporte le plus avec le moins de sanctions. Elle est mondiale et, à certains endroits, sert à financer des luttes armées, et même terroristes, ou du trafic de drogue. Il ne faut donc pas la sous-estimer.
Enfin, la sensibilisation du grand public est primordiale. Planet Killers est diffusé sur France 5, mais on a une visée plus mondiale. Notre ambition est que ce soit une série documentaire française distribuée dans le monde entier pour toucher un large public, plus jeune aussi.
Tout mon travail est d’essayer de les informer et de les convaincre de l'importance de ce combat. 

Propos recueillis par Anne-Laure Fournier


Planet Killers 

Ils sont recherchés pour pollution industrielle, commerce d'espèces protégées, exploitation forestière interdite, trafic d’animaux sauvages... D'énormes récompenses sont offertes pour leur capture. Et pourtant, ils ne sont toujours pas derrière les barreaux.

Planet Killers est une plongée inédite et exclusive dans l'Unité des crimes environnementaux d'Interpol. Cet accès rare est le fruit de deux ans de discussions avec l'agence internationale. Les coréalisateurs Martin Boudot et Hugo Van Offel ont suivi leurs opérations à travers le monde et ont eu un accès privilégié aux forces de police des pays partenaires d'Interpol. Français, belges, américains, israéliens, kényans, singapouriens, mexicains, indiens, etc. Blanchiment d'argent, corruption, fraude financière, violences et meurtres : la criminalité environnementale pèse 300 milliards d'euros par an.
Un Français en fuite pour escroquerie à la pollution industrielle, un Kenyan recherché pour braconnage d’éléphants, un Indien accusé de déforestation, un Chinois poursuivi pour trafic d’espèces en voie de disparition. Les quatre épisodes de Planet Killers s'intéressent à quatre criminels environnementaux, visés par des notices rouges d’Interpol, parmi les plus recherchés au monde.

Le Prince du carbone
Lundi 23 janvier à 21.00

« Planet Killers »
Cyril Astruc
© Premières Lignes


Le Prince du carbone a été sélectionné au Prix Europa (du 23 au 29 octobre 2022 à Potsdam, Allemagne), dans la catégorie « Current Affairs » (série documentaire d’actualité).

La traque de Cyril Astruc, « le prince du carbone », recherché depuis plus de dix ans par Interpol et les polices de plusieurs États.

Recherché par Interpol et les autorités françaises depuis près de dix ans, Cyril Astruc — surnommé « le Prince du carbone » — est l’une des têtes pensantes du « casse du siècle », la fraude aux quotas carbone avec cinq milliards d’euros détournés des caisses des États européens. Autant d’argent qui devait notamment financer la lutte contre le réchauffement climatique et qui avait comme objectif de réduire les émissions de CO2.
D’Israël à la Belgique en passant par les États-Unis, Cyril Astruc a toujours réussi à passer entre les mailles du filet. Un personnage haut en couleur, dont les facéties rappellent le film Catch Me If You Can. Mais, autour de Cyril Astruc et de la « mafia Carbone », le sang commence à couler.
Alors que les juges, les enquêteurs français, belges, israéliens et les officiers d’Interpol sont aux trousses du « prince du carbone », en 2020, les concentrations de CO2 ont atteint un niveau record dans le monde.

Le Roi de l'ivoire
Lundi 23 janvier à 21.50

« Planet Killers »
Samuel Jefwa
© Premières Lignes

La traque du « roi de l’ivoire » et de son frère, les plus grands trafiquants d’ivoire au monde, recherchés par Interpol et les polices de plusieurs États.

En avril 2015, les douaniers thaïlandais interceptent plus de trois tonnes d'ivoire provenant du Kenya : les défenses sont cachées dans des containers estampillés « Feuilles de thé ». 
Au même moment, dans les faubourgs de Mombasa, au Kenya, Samuel Jefwa s'enfuit. C’est le cerveau de ce vaste trafic à échelle industrielle, on le surnomme « le roi de l’ivoire ». Très vite, lui et son frère Nicholas sont visés par une notice rouge d'Interpol. Les autorités kényanes et l'unité environnementale d'Interpol se lancent à leur recherche, mais les deux frères leur échappent sans cesse.
Du Kenya à Singapour, en passant par Seattle, aux États-Unis, l'enquête va révéler que les deux frères sont liés à des cargaisons d'ivoire livrées dans les ports du monde entier. Un trafic qui rapporte des dizaines de millions de dollars et leur permet d’avoir des connexions jusque dans les plus hautes sphères de l’État kényan.
Alors que la traque s'organise, les gardiens des parcs nationaux voient le nombre d'éléphants baisser de semaine en semaine. On comptait plus de 10 millions d’éléphants en 1930. Aujourd’hui, il en reste à peine 400 000. 

Prochains épisodes : Le Parrain des océans / Le Bourreau des forêts

Planet Killers 

Série documentaire (4 x 52 min – 2022) – Auteur Martin Boudot – Production Premières Lignes, avec la participation de France Télévisions

« Planet Killers »
« Planet Killers »
© Premières Lignes

Le Prince du carbone

Réalisateur Martin Boudot

Les intervenants 

Avec les interviews exclusives de Rory Corcoran, directeur du Programme environnemental - Interpol ; Emmanuel Dusch, officier des Douanes judiciaires - SEJF ; Thomas Fèvre, officier des Douanes judiciaires - SEJF ; Marc Holsteyn, commissaire - Police fédérale belge ; Nicolas Baïetto, ex-vice-procureur du parquet de Paris ; Guillaume Daieff, ex-juge d’instruction - tribunal de grande instance de Paris ; Officier de police, Unité de lutte contre le crime organisé - Israël ; Aviad Eliya, directeur du service des extraditions - Ministère de la Justice - Israël. 
Et des entretiens avec Bernard Petit, ex-sous-directeur, Police judiciaire ; Fabrice Arfi, journaliste d’investigation, Mediapart ; Emmanuelle Elbaz Phelps, journaliste d’investigation, Israël.

Le Roi de l'ivoire 

Réalisateur Hugo Van Offel 

Les intervenants

Avec les interviews exclusives de Cindy Chimal, analyste criminel - Interpol ; Francis Legei, chef de la sécurité - Parc Kimana ; Katto Wambua, procureur - Criminalité environnementale ; Francis Muhoro, ex-directeur de la police criminelle ; Heri Lugayen, officier de renseignement criminel - Interpol - police de Tanzanie ; Gideon Kabaté, enquêteur, port de Mombasa - ex-complice des Jefwa ; Adrian Loo, protection animale - Singapour ; Sam Wasser, biologiste - Université de Washington ; Chris Morris, détective privé. Et un entretien avec David Ochoma, journaliste d’investigation.

Planet Killers : Le Prince du carbone et Le Roi de l'ivoire sont diffusés lundi 23 janvier à 21.00 et 21.50 sur France 5
À voir et revoir sur france.tv  

 

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