La reine Victoria des mers du Sud

Du 11 au 21 novembre, les antennes de France Télévisions se mettent au rythme des Outre-mer pour décliner toutes les nuances d’une histoire et d’une culture communes. Avec une fiction, « La Dernière Reine de Tahiti », et un documentaire, « Tahiti, une reine en héritage », c’est la grande figure de Pōmare IV, dernière souveraine de la Polynésie, qui est à l’honneur, lundi à partir de 21.10 sur France 2.


‘Aimata Pōmare IV Vahine o Punuatera‘itua (1813-1877), reine un demi-siècle durant de Tahiti et Moorea, des Tuamotu de l’ouest, de Raivavae et Tubuai, méritait bien en effet qu’on lui consacre une soirée. Pas seulement pour son destin diablement romanesque – une gamine insouciante et sauvageonne, fille adultère et quasiment inconnue du roi Pōmare II, désignée reine à 13 ans, faute d’héritier mâle, au plus fort des menaces occidentales sur la Polynésie. Mais surtout parce que celle que l’on surnomme parfois, avec un brin d’irrévérence à l’égard de l’ancienne puissance coloniale britannique, et pour cause d’égale longévité au pouvoir, « la Victoria des mers du Sud » incarne parfaitement l’histoire dramatique de Tahiti et la lutte des Tahitiens d’aujourd’hui pour recouvrer leur mémoire et faire vivre leurs traditions.
‘Aimata fut contemporaine de la guerre que se livrèrent Anglais et Français pour le contrôle du Pacifique et de leurs tentatives – avec l’appui, pour les premiers, des missionnaires protestants et pour les seconds de l’Église catholique – pour éradiquer les coutumes locales ; elle fut témoin de la brutalité et de la voracité des colonisateurs qui offraient en échange… leurs maladies – grippe, variole, syphilis, choléra décimèrent 90 % de la population tahitienne entre 1774 et 1842. Elle fut une reine sous tutelle – anglaise puis française –, sous surveillance, mais sans doute pas une potiche. Charles Darwin parla d’elle avec muflerie, Pierre Loti avec admiration, Gustave Flaubert l’évoque dans un brouillon de Madame Bovary, à Paris (où elle ne mit jamais les pieds) elle fut décrite comme une diva – en y mêlant les fantasmes et les clichés relatifs à la Polynésie et dont le flot ne s’est pas encore tari.
Elle fit ce qu’elle put – et ce n’était pas rien –, avec lucidité, pour tenir à bout de bras son peuple et préserver ce qui pouvait l’être, sa culture, sa langue. À sa mort, en 1877, des suites d’une crise cardiaque, après cinquante ans de règne, son corps fut placé dans un mausolée de corail (il existe encore), puis inhumé dix ans plus tard auprès des siens, dans un simple carré de sable et de pierres sacrées. Pour les Tahitiens, les corps retournent à la nature, chargés de force spirituelle, de mana. D’une certaine manière, son règne dure encore. C’est en tout cas ce que l’on souhaite à Tahiti.

Interview de Tuheï Adams


Pour le tournage de La Dernière Reine de Tahiti, qui s’est déroulé du 10 mars au 8 avril en Polynésie française, la production a fait appel à plus de 50 techniciens hexagonaux et tahitiens et plus de 70 figurants locaux. Ce tournage répond à l’ambition de France Télévisons d’ancrer sa production de création au cœur de toutes les régions en accompagnant et valorisant toutes les compétences dans les métiers de production de séries, feuilletons et fictions. 
Le film a été projeté en avant-première à Papeete le 18 septembre dernier et diffusé sur Polynésie La 1ère le 25 septembre. À ces deux occasions, les Polynésiens ont réservé à la fiction un accueil exceptionnel. Ils ont ainsi été les premiers à saluer cette dernière reine de Tahiti.

Opération Cœur Outre-mer


Du vendredi 11 au lundi 21 novembre 2022, l’ensemble des chaînes et les plateformes numériques de France Télévisions vont battre à l’unisson de « Cœur Outre-mer » pour la quatrième année consécutive. Une opération exceptionnelle et une offre de contenus éclectique pour mieux connaître la vie, l’environnement, la culture et le patrimoine des territoires ultramarins.

21.10 : « La Dernière Reine de Tahiti »

Au royaume des lagons, la coutume veut que seuls les hommes puissent devenir rois. La jeune ‘Aimata Pōmare va briser cette loi. Face à l’hostilité de ses semblables, menacée par la convoitise de l’Angleterre et de la France, ‘Aimata, jeune princesse tahitienne, tentera de sauver ses traditions et son peuple afin de lui offrir un destin. C’est ainsi qu’elle deviendra la dernière reine de Tahiti et fera la paix avec la France.

Avec Tuheï Adams (la reine ‘Aimata Pōmare IV), Bernard Le Coq (Pritchard), Alexia Barlier (Miss Madison), Terence Telle (Ariifaaité), Thierry Godard (Bruat), Eddy Kelly (Teva), Teiva Manoi (Chef Tati), Lee Rurua (Mahana), Sam Chemoul (John Darling)

Fiction (90 min – 2022 – inédite) – Réalisation Adeline Darraux – Scénario Francis Bianconi, Sophie Deschamps, Olivier Doran – Sur une idée originale de Francis Bianconi – Production GMT Productions (Mediawan), avec la participation de France Télévisions

22.55 : « Tahiti, une reine en héritage »

Ce documentaire raconte pour la première fois la trajectoire d’une femme (d)étonnante : Pōmare IV. Une reine tahitienne souvent comparée à son homologue contemporaine, la reine Victoria, qui, comme elle, a régné plus d’un demi-siècle. Pour témoigner de l’apport de la reine Pōmare IV dans de multiples sphères, de nombreuses personnalités polynésiennes témoignent : l’étonnante danseuse Marguerite Lai, l’érudite anthropologue Simone Grand, l’homme politique Joinville Pomare, l’ethnologue Alexandre Juster, etc.

Documentaire (52 min – 2022 – inédit) – Réalisation Fabrice Gardel et Alexia Kingler – Production Galaxie 

Diffusion vendredi 18 novembre à 21.10
À voir et à revoir sur france.tv

Publié par Christophe Kechroud-Gibassier le 18 novembre 2022
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