« La Conspiration du silence : Disparues de l’Yonne, histoire d’une omerta à la française »

Série documentaire de huit épisodes, « La Conspiration du silence » revisite les affaires de disparitions et de mœurs qui ont frappé le département de l’Yonne. Comment ce petit territoire rural a-t-il pu devenir le terrain de jeu de tueurs en série comme Émile Louis et Michel Fourniret ? Plongeon dans l’une des périodes les plus obscures de l’histoire judiciaire et criminelle française avec la diffusion des quatre derniers épisodes ce mercredi à partir de 22.50 sur France 2.

« La Conspiration du silence ». © AMDA Production / France Télévisions

La plupart des victimes étaient des jeunes filles de la DDASS, orphelines ou enlevées à leurs parents à la naissance pour les protéger de l’alcool, de la violence, des mauvais traitements. Certaines étaient légèrement handicapées mentales. Placées sous la responsabilité et la protection de l’État, elles ont disparu, ont été violées, torturées ou assassinées dans l’indifférence générale ou presque. Abandonnées par ceux-là même qui étaient censés les protéger : les responsables des centres pour handicapés, les services sociaux, la gendarmerie, la justice. Ces crimes, dont certains ne sont aujourd’hui toujours pas résolus, ont terni pour longtemps l’image de la région connue jusque-là pour son vin blanc, le chablis, et son club de foot, l’AJ Auxerre.

Immersion au cœur d’un fiasco judiciaire

Depuis plus de vingt ans, les auteurs-réalisateurs ont suivi ces différentes affaires et leurs rebondissements. Les arrestations, les découvertes de corps, les procès… Ce travail de terrain a permis d’accumuler des heures d’archives, de témoignages, de documents inédits. Ces archives inestimables constituent la colonne vertébrale de cette série documentaire. Pour le réalisateur Thierry Fournet, « cette série documentaire se propose donc de nous faire revivre ces affaires aujourd’hui avec la plupart des témoins qui ont fait avancer les enquêtes, qui en furent les acteurs ou les victimes, pendant ces trente ans de brouillard juridique ».
Près de cinquante ans après les premières disparitions de jeunes filles, La Conspiration du silence retrace l’intégralité de ces affaires criminelles, replacées dans le contexte de l’époque et analysées avec le recul du temps écoulé. La série démontre que cette accumulation ahurissante d’affaires criminelles dans un périmètre géographique si restreint n’était pas une fatalité mais le résultat de négligences, de connivences, de lâchetés parfois, qui ont permis à des tueurs en série de commettre les pires atrocités dans un silence étourdissant. « La Conspiration du silence pose un regard critique envers les institutions qui ont permis l’un des plus grands fiascos judiciaires français », expliquele producteur délégué Guillaume Blanc. Pour le réalisateur Vincent Hérissé, « si tant d’affaires criminelles ont défrayé la chronique de ce département rural, semblable à tant d’autres, c’est que trop de gens n’ont pas agi comme ils auraient dû. Ils ont laissé les criminels tuer en toute impunité, ont préféré regarder ailleurs quand il aurait fallu plus de vigilance, plus d’attention, plus de protection au regard de la fragilité des victimes. C’est cette histoire que j’ai souhaité raconter au travers de La Conspiration du silence ».

La Conspiration du silence
« La Conspiration du silence ».
© AMDA Production / France Télévisions

La saison 2 de la série documentaire à découvrir prochainement

La saison 2, en cours de production, couvrira la fin des années 1990 jusqu’au début des années 2000… La traque, l’arrestation d’Émile Louis, la découverte de certains corps, son procès, la série reviendra sur les ombres de l’affaire Dunant, le suicide (impossible) du gendarme Jambert… Cette saison traitera les négligences et les dysfonctionnements chroniques du palais de justice d’Auxerre. À découvrir prochainement sur nos antennes…  

 

La Conspiration du silence : Disparues de l’Yonne, histoire d’une omerta à la française

Épisode 5 : Où sont passés les tortionnaires ? 
Le couple Dunand est sous les verrous et l’enquête suit – lentement – son cours. Au vu des horreurs commises, on s’attend à une extrême sévérité mais la justice auxerroise laisse perplexe. L’enquête du juge Bourguignon ne permet pas de découvrir les nombreux clients du couple diabolique. Seuls deux d’entre eux sont mollement interpellés. L’inimaginable arrive lorsque, en 1986, deux ans après son incarcération et en attendant son procès, Claude Dunand est remis en liberté. Il est finalement condamné en 1991 à la réclusion à perpétuité sans avoir jamais rien révélé de ses clients. Comme pour les disparues de l’Yonne, Huguette et Mikaela étaient des filles de la DDASS, socialement abandonnées. Étrange impression, là encore, alors que le pire est sous nos yeux, d’un grand endormissement coupable et d’un système bien huilé.

Épisode 6 : Les disparitions continuent
En 1987, alors qu’Émile Louis a quitté la région et que Dunand est hors d’état de nuire, une nouvelle disparition ébranle la Bourgogne : celle d’Isabelle Laville, lycéenne de 17 ans. Contrairement aux précédentes, elle n’est pas une enfant de la DDASS et le traitement de l’affaire s’en ressent : la famille, les médias et le club de foot local se mobilisent très largement. Six mois plus tard, une jeune fille de la DDASS, Marie-Angèle Domèce, se volatilise elle aussi. Mais sa disparition n’émeut cette fois-ci personne. Là encore, le dossier s’évanouit dans les archives du tribunal d’Auxerre. En 1990, une nouvelle affaire éclate et fera grand bruit au-delà du territoire : le corps de Joanna Parrish, une jeune Anglaise qui a été violée, est repêché dans l’Yonne. Les enquêteurs ne parviennent pas à identifier le tueur et l’affaire s’enlise. La famille de Joanna critique vertement le laxisme et les manquements de la justice française, en dénonçant « une enquête dans l’indifférence ». L’Yonne compte alors 28 disparitions non expliquées.

Épisode 7 : La Loi du silence
1989, Auxerre est en état de choc. Pierre Charrier, fondateur de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) de l’Yonne, est pris en flagrant délit de viol sur l’une de ses pensionnaires, Nathalie. Il est inculpé. L’enquête révèle l’omerta qui plane sur le microcosme des notables et du handicap local. Seule une minorité prend la défense des personnes handicapées, tandis qu’une majorité influente reste silencieuse. En 1992, le jugement dévoile la personnalité du violeur qui prétend que les handicapées ont des besoins sexuels et qu’il ne faisait qu’assurer une mission éducative… Le viol est requalifié en attentat à la pudeur sur personne vulnérable et Pierre Charrier est condamné à six ans de prison. Pierre Monnoir entre alors en jeu et crée l’association de défense des handicapés de l’Yonne. C’est le début d’une croisade de quinze ans pour rétablir la vérité sur les disparues.

Épisode 8 : Révélations
Pierre Monnoir sollicite les médias quand il comprend que le petit monde auxerrois ne se mobilisera pas pour les jeunes disparues. En 1996, l’émission de Jacques Pradel Perdu de vue se saisit de l’affaire et, à force de persévérance, réussit à établir la matérialité des disparitions et surtout à mettre en évidence le lien avec Émile Louis. C’est un véritable tournant dans l’enquête. L’affaire bascule grâce au fameux rapport Jambert, qui refait surface dix ans après. La presse commence à s’emballer quand des avocats soucieux de justice entrent en scène. À chaque entretien avec les familles des victimes, on croise la route d’Émile Louis. La mobilisation de la justice tarde, invoquant « l’archéologie des faits », mais l’instruction finit par démarrer enfin…


Série documentaire (8 x 35 min – 2023) — Réalisation Thierry Fournet et Vincent Hérissé — Production AMDA Production et France Télévisions

Diffusion mercredi 31 mai à partir de 22.50 sur France 2
À voir et revoir sur france.tv

Publié le 23 mai 2023
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