En 1939, Hitler et Staline ont formé une alliance de façade pour renforcer leur hégémonie

Michaël Prazan vous invite à découvrir la Seconde Guerre mondiale à travers le prisme d'un duel entre deux hommes aussi sanguinaires que machiavéliques. Deux dictateurs épris d'une même soif de pouvoir, de grandeur et d'une même volonté d'étendre leurs frontières, qui iront jusqu'à s'allier pour mieux se combattre. « Hitler-Staline, le choc des tyrans » est diffusé ce lundi à 21.05 sur France 3. Il sera suivi du documentaire « Guerre des sables, le Reich en échec » de Yvan Demeulandre.

 

Staline est mon chouchou. Si comme Moscou j'avais une spacieuse Sibérie à ma disposition, alors je n'aurais pas besoin de camps de concentration. Qui en ce monde parle des millions de victimes du bolchévisme ?

Adolf Hitler

Ils se sont pris pour les maîtres du monde après avoir conquis le pouvoir dans leur pays respectif (Joseph Staline ayant aidé en sous-main Adolf Hitler à y parvenir, en demandant aux communistes allemands de ne pas s'allier avec les socialistes). Grandi dans la détestation du père, adoré par leur mère, l'un a connu la Première Guerre mondiale, l'autre la révolution de 1917. Galvanisés par leur ascension politique et leur ascendant sur leur peuple, ils ont poursuivi avec un même élan patriotique leur funeste projet, celui de créer un pays à leur image en faisant table rase des populations (voire des nations) incompatibles avec leur idéologie. S'admirant et se détestant tour à tour, ils n'ont cessé de s'inspirer mutuellement (jusque dans les pires atrocités) pour mieux se contrer. Tenir l'autre à distance respectable, en faire son allié le temps d'asseoir sa dictature, sans jamais craindre le chaos. Leurs rêves, de courtes durées au regard des siècles qui nous précèdent, ont plongé les peuples du monde entier dans la Seconde Guerre mondiale, conduisant à des exactions et des exterminations sans précédent de part et d'autre de leurs frontières. Mais que valent des vies humaines pour ce genre d'individu ? Deux hommes si imbus d'eux-mêmes, dominateurs et possessifs (la femme de Staline et la nièce d'Hitler ont préféré le suicide aux conditions de vie qu'ils leur imposaient), qu'ils étaient disposés à commettre tous les excès pour marquer durablement l'histoire. Certes, ils l'ont marquée, non en lettres d'or comme ils l'espéraient, mais au fer rouge sang.

Je bois à la santé du führer. C'est un homme formidable. Pendant des années, nous nous sommes versés l'un sur l'autre des seaux d'ordure. Il faut préparer progressivement l'opinion aux changements que ce traité suscite dans nos relations.

Joseph Staline, après la signature du pacte de non-agression

Il a suffi d'un pacte signé le 23 août 1939 entre Hitler et Staline pour détruire deux décennies d'espoir. Non pas que le monde tel qu'il existait à l'époque soit exemplaire. Trop de souffrance, de pauvreté et d'inégalités perduraient. La crise de 1929 n'arrangeant rien à ce monde qui se relevait à peine de la Der des Ders et dont les perdants conservaient un goût amer (les pays vainqueurs, sous l'impulsion de la France, voulaient faire payer le prix fort du conflit aux vaincus). Cela devait-il pour autant se terminer par d'autres massacres, saccages, annexions ou destructions ?
Pourquoi avoir laissé le chef du IIIe Reich remilitariser la Rhénanie, rétablir la conscription obligatoire, s'emparer des Sudètes, en Tchécoslovaquie, ou occuper l'Autriche et n'avoir rien fait au lendemain de la nuit de cristal (le saccage des commerces juifs, des synagogues, l'assassinat et la déportation des milliers de Juifs en novembre 1938) ? Et que penser de l'extermination par la faim (Holodomor en ukrainien) menée aux débuts des années 30 par Staline à l'encontre des paysans ukrainiens, causant la mort de plusieurs millions d'entre eux, sous prétexte de vouloir mettre au pas la population ukrainienne ? Ce génocide (ou crime contre l'humanité) rapporté par le journaliste britannique Gareth Jones, après un voyage sur place, n'émut personne ou presque ; pire, certains l'accusèrent d'affabulation. Avait-on peur à ce point de la réaction de ces deux despotes pour préférer l'inaction ? Une telle attitude à leur égard ne pouvait que renforcer leur rêve d'hégémonie...
Ailleurs, on ne s'offusquait pas davantage de la présence invasive du Japon en Mandchourie, puis en Chine, ou de celle de l'Italie en Éthiopie, pour ne ce citer que ces exemples. Seule l'invasion de la Pologne par Hitler (et dont Staline se réservait une part, suite à leur accord de 1939) poussa les dirigeants étrangers à réagir. La Seconde Guerre mondiale débutait sans que l'Allemagne et la Russie n'entrent l'une contre l'autre en conflit, protégées l'une et l'autre par ce fameux pacte de non-agression. Du moins dans un premier temps...

Mon père n'avait ni deviné ni prévu que le pacte de 1939, qu'il considérait comme sa plus grande ruse, serait rompu par un adversaire encore plus rusé que lui.

Svetlana Allilouïeva, fille de Staline

« Ce pacte germano-soviétique [Molotov-Ribbentrop] a été l’objet d’une véritable fascination et connu diverses interprétations. D’abord perçu comme une forme de duplicité, sinon de complicité ou de capitulation de l’Union soviétique devant la belliqueuse Allemagne du IIIe Reich, on s’accorde aujourd’hui à penser qu’il n’était qu’un arrangement de circonstance, un opportunisme consenti par les deux belligérants. Une real politik ayant permis à chacun, animé par des motifs stratégiques, de se réarmer et de se préparer en vue d’un affrontement inévitable. Mais qu’en est-il vraiment ? Pour le comprendre, on ne peut faire l’économie d’un questionnement sur les intentions véritables des deux hommes qui l’ont initié et qui sont au pouvoir lors de sa signature. Le pacte de non-agression germano-soviétique, signé le 23 août 1939, sera donc le point de départ de notre film. Car c’est dans, et à travers ce pacte, aux contours et aux objectifs demeurés flous ou incompris, que va se nouer le conflit qui guette, ses enjeux et son issue.
« Au lieu de faire et refaire le récit de la Seconde Guerre mondiale, j’aimerais le matérialiser, et en rendre compte par le duel qui se joue, à partir de cet événement, au plus haut lieu ; le duel de ces deux hommes, Hitler et Staline, qui incarnent tout autant le régime qu’ils ont fondé que la conduite de la guerre. »
Michaël Prazan, extrait de son édito


Staline a probablement le cerveau fêlé. Voilà le danger qu'il nous faudra éliminer le moment venu.

Adolf Hitler à sa garde rapprochée

Dans le cadre de la commémoration de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale, France Télévisions mobilise ses programmes et ses éditions d'information en proposant un documentaire-événement qui, à l’heure de la guerre en Ukraine, trouve une résonance particulière : Hitler-Staline, le choc des tyrans, de Michaël Prazan,suivi de Guerre des sables, le Reich en échec de Yvan Demeulandre. 

Hitler-Staline, le choc des tyrans

Le 23 août 1939, le monde découvre avec stupeur qu’Hitler et Staline, les plus irréductibles des ennemis d’alors, ont signé un accord. Un pacte qui leur permettait de se partager la Pologne et qui donnait toute liberté au chef nazi de concentrer ses forces à l’Ouest, contre la France et le Royaume Uni. Par cet accord, l’Europe va être précipitée dans la guerre. Avec le pacte germano-soviétique, Staline et Hitler ont mis de côté toute logique politique pour laisser croire aux démocraties occidentales qu’un tel rapprochement était impossible et finalement concilier l’inconciliable. On a longtemps ignoré la relation « intime » entre Hitler et Staline, c'est pourquoi ce film explore avec des documents inédits et colorisés l’intimité des deux monstres, la fascination réciproque, leurs manœuvres pour se rapprocher, les marques de confiance qu’ils ont échangées et tout le bénéfice qu’ils ont tiré du pacte germano-soviétique, avant de reprendre leur guerre à mort, en juin 41, avec l’opération Barbarossa.

Documentaire (inédit - 90 min) – Auteur et réalisation Michaël Prazan – Commentaires Philippe Torreton – Production Siècle Productions, avec la participation de France Télévisions – Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Ce documentaire est diffusé lundi 9 mai à 21.10 sur France 3

Ma chère Lucie, j'ai plusieurs plans en tête dont je n'oserais jamais parler pour le moment à mes officiers, car autrement ils pourraient penser que je deviens fou. Tu me connais, c'est dans les petites heures que mes meilleurs plans surgissent dans mon esprit.

Le général Erwin Rommel à son épouse Lucia (plus communément appelée « Lucie »)

22.50 Guerre des sables, le Reich en échec
Début 1941, les combats font rage en Afrique du Nord. Pour protéger leur Empire, les Britanniques affrontent violemment l’armée italienne, qu’ils mettent en déroute. Avançant inexorablement vers Tripoli, rien ne semble pouvoir les arrêter. Pour prêter main-forte à ses alliés italiens, Hitler envoie l’Afrika Korps du général Rommel en Libye. Devant les éclatantes victoires que remporte ce corps expéditionnaire, Rommel se prend à rêver : si l’Afrika Korps prenait le canal de Suez ! La guerre des sables prend alors une autre dimension et devient un enjeu majeur sur le théâtre mondial des opérations.

Documentaire (inédit - 52 min) – Auteurs Olivier Wieviorka et Yvan Demeulandre – Réalisation Yvan Demeulandre – Commentaires Christian Gonon de la Comédie-Française – Production ZED, avec la participation de France Télévisions  – Avec le soutien de la  Procirep-Angoa, du Ministère des Armées - Secrétariat général pour l’administration  Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives – Avec la participation du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée et de National Geographic

La défense de l'Égypte réside ici à El-Alamein. Nous tiendrons et nous combattrons ici. Il n'y aura pas de nouvelle retraite.

Le commandant Bernard Law Montgomery à ses troupes

Hitler-Staline, le choc des tyrans et Guerre des sables, le Reich en échec sont à voir et revoir sur france.tv

 

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