Philippe de Dieuleveult : un drame jamais élucidé

La disparition soudaine de l’animateur vedette de « La Chasse au trésor », en août 1985, lors d’une expédition en raft sur le fleuve Zaïre secoua la France. Trente-sept ans après, rebondissements et théories se sont succédé, pourtant le mystère demeure. Ce film retrace la dernière aventure de Philippe Dieuleveult et replonge dans les coulisses de cet événement tragique mêlant showbiz, défi sportif et services secrets sur fond de Françafrique. À voir le jeudi 18 mai à 21.10 sur France 2

Philippe de Dieuleveult © Gaumont

C’est une expédition qui est mal foutue, je ne la sens pas...

 

Philippe de Dieuleveult à son frère Jean

Le 6 août 1985, Philippe de Dieuleveult, présentateur vedette rendu célèbre par le jeu télévisé La Chasse au trésor, disparaît avec six autres personnes lors de l’aventure Africa Raft sur le fleuve Zaïre. On ne le retrouvera jamais. L’enquête conclura à une noyade accidentelle… Pourtant, de nombreuses zones d’ombre continuent d’entourer leur décès. Proches et acteurs du drame témoignent dans ce film pour raconter les détails et ressorts de cette tragédie aux ingrédients de polar : accident, bavure ou assassinat ?

Lorsqu’en 1984 Philippe de Dieuleveult décide d’arrêter le jeu télévisé qui en a fait une star du grand public, il met fin à dix ans de missions en hélicoptère aux quatre coins de la planète. « Des émissions comme La Chasse au trésor ont fait rêver des millions de téléspectateurs : les audiences étaient phénoménales, se souvient le journaliste Arnaud Bédat, ami de Dieuleveult. Philippe incarnait le grand voyageur. » Sa décision ne surprend pas son ami Patrick Voigt, caméraman à Antenne 2 : « La Chasse au trésor, c’était une façon de faire de l’aventure, mais ça n’était pas vraiment sa passion. Lui, il rêvait de faire des grands reportages, c’est ça qui le passionnait… » Bientôt une nouvelle aventure lui est proposée : « L’expédition Africa Raft, c’est une idée qui germe dans la tête d’un Français d’une cinquantaine d’années, André Hérault. » Ce bras doit de Thierry Sabine sur le Paris-Dakar et ancien mercenaire a pour idée de « traverser l’Afrique d’est en ouest par les fleuves ». Huit au total, dont le fleuve Zaïre, sur une distance de cinq mille kilomètres.
Séduit par le projet, Philippe de Dieuleveult accepte, et Thierry Sadoun, producteur de l’expédition, réunit autour de lui une équipe d’une dizaine de personnes dont Richard Jeannelle, photographe à Paris Match, l’aventurier Gérard d’Abboville ou encore le meilleur ami de Philippe, le médecin François Laurenceau.

Dieuleveult, les disparus du fleuve
Le fleuve Zaïre
© Gaumont

Partis le 13 juin 1985 de Paris, les membres d'Africa Raft sont pourtant contraints de retarder de plusieurs semaines leur départ. « Cette expédition commence mal, en fait, raconte Arnaud Bédat. Ils devaient partir de Tanzanie, mais la situation militaire et politique est très compliquée. Ils n’ont pas l’autorisation d’y aller, et du coup l’expédition commence au Burundi. » Les membres de l’expédition y rencontrent un entrepreneur belge, Guy Colette, qui se joindra à eux. Mais le temps d’attente a fait émerger des tensions au sein du groupe. Sadoun et d'Abboville partent, tandis que Dieuleveult décide de rentrer à Paris pour retrouver sa femme sur le point d’accoucher. Lors de ce séjour, il confiera à son frère Jean : « c’est une expédition qui est mal foutue, je ne la sens pas », avant de repartir vers Kinshasa avec son ami Jean-Louis Amblard pour rejoindre ses coéquipiers.
Le 2 août, ils sont neuf à embarquer à bord de deux rafts de 11 mètres, prêts à défier les rapides violents à cet endroit du fleuve Zaïre. « Un enfer d’eau ! » comme le décrira plus tard un militaire français chargé des recherches. Et un lieu hautement stratégique, à proximité du barrage d'Inga, le plus grand d'Afrique, à la frontière entre le Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) et l’Angola, sous haute surveillance. Militaires et agents du renseignement y pullulent...
Quelques jours plus tard, François et Jean-Louis, les amis de Dieuleveult, qui ont décidé de ne pas affronter la partie la plus tumultueuse de cette partie du fleuve et sont restés sur une île, signalent la disparition de leurs coéquipiers. Ils resteront les deux uniques rescapés de l'Africa Raft.
Peu de temps après, le corps de Guy Colette est découvert. On n'en retrouvera aucun autre.

Pendant plusieurs semaines, la France se tourne vers le Zaïre, dirigé à cette période par le maréchal et dictateur Mobutu, pour accompagner les recherches du célèbre naufragé et de son équipe.
Les investigations officielles concluent à une noyade accidentelle. Mais Jean, le frère aîné de Philippe, avec sa mère, ne cessera de se battre pour aller au-delà des vérités – contredites par leurs incohérences – qu'on semble vouloir leur faire admettre, et comprendre ce qui s'est réellement passé.
Au fur et à mesure des décennies, des éléments troublants sont révélés et interrogent la version officielle des faits. Philippe de Dieuleveult, qu’on découvre agent de la DGSE, aurait été victime d’une bavure militaire, voire d’un assassinat d’État.

Dieuleveult, les disparus du fleuve

Dieuleveult, les disparus du fleuve
Philippe de Dieuleveult / Africa Raft
© Gaumont

Les intervenants
Elsa Manet, coanimatrice plateau de La Chasse au trésor ; Thierry Sadoun, producteur, organisateur de l’expédition ; François-Xavier Pelletier, aventurier ; Alexis de Dieuleveult, neveu et filleul de Philippe de Dieuleveult ; Jean de Dieuleveult, frère aîné de Philippe de Dieuleveult ; Yves de Dieuleveult, frère aîné de Philippe de Dieuleveult ; André-Alain Atundu, directeur général de la SNEL ; Christian Prouteau, fondateur et premier commandant du GIGN / et de la cellule anti-terroriste de l’Elysée en 1985 ; Jean-Louis Amblard, membre de l'expédition ; Chantal Jeannelle, veuve de Richard Jeannelle ; Bruno Kasonga, journaliste congolais ; Patrick Voigt, journaliste, caméraman à Antenne 2 ; Patrick de Saint-Exupéry, journaliste, rédacteur en chef de la revue XXI ; Edouard Mokolo Mpombo, sénateur, ancien membre des Affaires étrangères ; lieutenant-colonel Alain Moreau, militaire français de la 31e brigade zaïroise ; Antoine Nsiangana Kapita, pêcheur vivant dans la zone d'Inga ; Vincent Crouzet, ancien agent de la DGSE

Documentaire (90 min - 2022 - inédit) - Auteurs Anna Miquel et Yannick Saillet - Réalisation Yannick Saillet - Production Gaumont Télévision et France Télévisions

Dieuleveult, les disparus du fleuve est diffusé jeudi 18 mai à 21.10 sur France 2
À voir et revoir sur france.tv

Commentaires