Cheffe d’orchestre : « Marielle Cafafa, la maestra »

Ça me semble très naturel de sculpter le son avec les mains et non de pointer l’orchestre avec une baguette.

Marielle Cafafa, cheffe d'orchestre

Aujourd'hui, en France, seuls 4 % des chefs d'orchestre sont des femmes. Ce film dresse le portrait de l'une d'entre elles : Marielle Cafafa. Cette jeune femme – petite, menue et déterminée – est une artiste « plurielle, atypique et passionnée ». Pianiste, danseuse, chanteuse lyrique, elle a suivi un parcours d'excellence pour réaliser son rêve : être cheffe d'orchestre.
Un documentaire outremer.ledoc programmé dans le cadre de l'opération Cœur outre-mer.

Pianiste dès sa plus tendre enfance, c'est à l'âge de 10 ans, en Guadeloupe, que naît sa vocation de cheffe d'orchestre. À 14 ans, Marielle Cafafa quitte son île et s'installe à Paris où elle entame de brillantes études. Diplômée du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, agrégée de musique et docteure en musicologie, la jeune femme devenue cheffe d'orchestre choisit d'enseigner et de s'impliquer dans des projets pédagogiques d'éducation musicale destinés aux enfants.
Professeure de chant et de direction de chœur à l'Université de Rouen-Normandie, Marielle Cafafa dirige plusieurs orchestres d'enfants dans le cadre du dispositif Démos (Dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale). Initié et coordonné depuis 2010 par la Cité de la musique et la Philharmonie de Paris, son objectif est de favoriser l'accès à la musique classique par la pratique instrumentale en orchestre à des enfants issus de quartiers relevant de la politique de la ville ou de zones insuffisamment dotées en institutions culturelles. Marielle Cafafa donne aux enfants des outils, des repères, pour leur permettre de décoder et de comprendre le langage musical. Pour la cheffe d'orchestre, « il faut s'écouter, oser, trouver l'énergie au fond de soi pour transmettre des émotions. Il ne faut pas formater les jeunes à prendre des modèles. La graine doit germer à l'intérieur de chacun pour rayonner ».
Ce documentaire nous invite à suivre la jeune femme : de Maubeuge, où elle rencontre chaque mois de jeunes apprentis musiciens qu’elle forme à travailler ensemble sur le même tempo, avec les mêmes ambitions ; à Pointe-à-Pitre, où elle revient, vingt-deux ans après son départ, dans le cadre du projet Démos. Ce voyage permettra à la cheffe d'orchestre de renouer avec ses origines aux sources de sa vocation.

Extraits

« C’est sa personnalité toute entière, ce qu’il est intérieurement et qu’il réussit à transmettre en extériorisant, qui fait la valeur d’un chef d’orchestre. »

« Ma mère est une femme résiliente, très courageuse... Et toute la force qu’elle a eue tout au long de sa vie, moi aussi je l’ai. C’est ce même type de force qui fait que l’on est debout, quoi qu’il arrive. »

« Je suis très attachée à la culture guadeloupéenne, c’est à dire à ce qui s’exporte, ce qui voyage, ce qui est libre en fait… Je n’ai pas besoin d’être en Guadeloupe pour me sentir guadeloupéenne. »

« Je ne suis pas là où on attend les personnes noires et où on attend les femmes noires, ça c’est une évidence. Donc, du coup, je dérange énormément en tant que femme noire qui prend la lumière. »

« La forme de la baguette ne correspond pas au message que je veux transmettre. Sans compter qu’en plus, pour moi, ce n’est autre qu’un objet phallique dont je dis souvent qu’un tel objet n’a pas sa place dans mes mains. »