Antidépresseurs, la fin du bonheur en pilules ?

À sa sortie en 1987, le Prozac était surnommé « la pilule du bonheur ». Depuis, les effets secondaires néfastes de ce « remède miracle » sont mieux connus, et l'efficacité des antidépresseurs est aujourd'hui questionnée. De quoi permettre aux médecins d'explorer de nouvelles pistes à découvrir dans ce nouveau numéro d'« Enquête de santé », mardi 28 février à 21.00 sur France 5.

Antidépresseurs : utiles ou dangereux ? © 17 Juin

L'histoire semble invraisemblable, pourtant, jusque dans les années 1990, les laboratoires n'étaient pas soumis à un contrôle indépendant de leurs publications. Ainsi, pendant des années, ils se sont gardés de publier les études faisant état d'effets secondaires néfastes. Dépendance, insomnie, prise de poids, mais aussi troubles digestifs, perte de libido ou encore complications cardiaques…, ces effets sont aujourd'hui mieux connus et répertoriés. Le documentaire de Géraldine Laura Antidépresseurs : utiles ou dangereux ? raconte que, en 2008, une étude a révélé ces biais de publication et ainsi fait baisser le taux d'efficacité de 94 % à seulement 51 %. De nouvelles études indépendantes font même chuter ce taux à 15 %.

Une efficacité contrastée
Dès lors, les médecins doivent réévaluer le rapport risque/bénéfice pour leurs patients, et on estime que seuls 30 % des traitements à base d'antidépresseurs seraient efficaces. Une évaluation nécessaire face à une consommation qui ne cesse d'augmenter en France depuis la crise du Covid-19 et déjà établie à sept millions de Français. Si les antidépresseurs restent efficaces et nécessaires dans le traitement de dépressions sévères, ils ne sont pas recommandés pour des catégories légères ou modérées. Or, la majorité des patients qui se les sont vu prescrire souffrent de ces formes de dépressions moins importantes.

De nouvelles pistes... hallucinantes
Face à l'observation de l'inefficience des antidépresseurs dans le cas de dépressions sévères, chercheurs et médecins se sont tournés vers d'autres pistes. Parmi elles, l'eskétamine, un dérivé de la kétamine, connue depuis les années 1990 pour ses qualités d'antidépresseur, mais présentant toutefois des risques de montée de la pression artérielle, ce qui implique que le traitement soit administré sous contrôle médical. Comme pour les antidépresseurs, la substance agit au niveau cérébral en créant de nouvelles connexions neuronales et en modifiant l'état de conscience.
En Suisse, cette fois, des médecins testent des traitements encore plus étonnants : en utilisant des substances psychédéliques telles que les champignons hallucinogènes ou le diéthyllysergamide (LSD), ils traitent les patients atteints de dépressions résistant aux médicaments classiques. Toutefois, ces formes expérimentales restent accompagnées par un suivi psychothérapique et toujours encadrées par des médecins.

« Enquête de santé » propose une soirée consacrée aux antidépresseurs avec un documentaire réalisé par Géraldine Laura. Sa diffusion sera suivie d'un débat présenté par Marina Carrère d’Encausse.
Les invités du débat
Dr Christine Barois, psychiatre, auteure de Pas besoin d'être tibétain pour méditer, Éditions Solar
Dr Guillaume Fond, psychiatre, responsable du centre expert dédié à la dépression résistante, hôpital Sainte-Marguerite / AP-HM, auteur de Bien manger pour ne pas déprime, Éditions Odile Jacob
Dr Jean-Victor Blanc, psychiatre, hôpital Saint-Antoine / AP-HP, auteur de Pop and psy, Éditions Plon
Florence Bourles, patiente-experte, présidente de France Dépression Occitanie Hérault

Enquête de santé : Antidépresseurs : utiles ou dangereux ?

Magazine, Documentaire (52 min) - Présentation Marina Carrère d’Encausse - Réalisation Géraldine Laura - Production 17 Juin Media, avec la participation de France Télévisions

« Enquête de santé » : Antidépresseurs : utiles ou dangereux ? est à voir mardi 28 février à 21.00 sur France 5 et à revoir sur france.tv 

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