« Une place pour Pierrot » : rencontre avec Hélène Médigue, Marie Gillain et Grégory Gadebois
Pour la sortie du film « Une place pour Pierrot », nous avons rencontré la réalisatrice Hélène Médigue et ses deux comédiens principaux, Marie Gillain et Grégory Gadebois. Ils reviennent sur l’histoire bouleversante de Camille et Pierrot, frère et sœur liés par la différence, et sur les thèmes universels de l’aide, de la famille et de la dignité.
Pierrot, 45 ans, est autiste et vit dans un foyer médicalisé. Déterminée à lui offrir une vie digne, sa sœur Camille le prend chez elle et se met en quête d’un endroit mieux adapté à sa différence. Le chemin est long mais c’est la promesse d’une nouvelle vie, au sein de laquelle chacun trouvera sa place.
Marie Gillain : C’est vraiment un film sur le lien, sur le lien humain, qui parle de la différence. Je trouve que c’est un film qui vous tend la main.
Grégory Gadebois : Ça parle d’une jeune femme qui s’occupe de son frère.
Marie Gillain : C’est l’histoire de ce frère et de cette sœur, mais c’est aussi l’histoire de toute cette famille qu’il y a autour d’eux. Elle ne perçoit pas que, faire venir son frère dans son lieu de vie, qui est aussi le lieu d’intimité de sa fille de quinze ans, ça peut éventuellement être problématique.
Hélène Médigue : Ce qui a motivé le film, c’est vraiment de développer un personnage, celui qu’incarne Marie Gillain, autour de la thématique des aidants. Il se trouve que Grégory Gadebois est un immense acteur. C’est un Stradivarius, et son travail est très organique.
Grégory Gadebois : C’est un peu le corps de quelqu’un qui ne s’embarrasse pas des convenances. Donc il est comme il a envie d’être, il bouge comme il a envie de bouger. Je sais qu’à un moment, j’aimais bien qu’il ait un petit courant électrique parfois, parce que ça, c’est mes trucs à moi.
Marie Gillain : Il est allé chercher ce personnage pour ce qu’il est, et pas uniquement parce que c’est un autiste.
Hélène Médigue : On voulait que le spectateur puisse s’identifier au personnage de Pierrot, donc on ne voulait pas l’enfermer dans une représentation. Le travail d’interprétation s’est fait très naturellement. On n’avait pas à dissocier l’équipe « professionnelle » des artistes autistes, parce qu’aujourd’hui ils ont fait un travail d’acteur, et ils ont beaucoup à nous enseigner.
Grégory Gadebois : Et il n’y a rien de plus contraignant qu’un tournage : il faut être là à telle heure, être assis à tel endroit, dire telle chose. Donc on faisait attention à ça, à ce qu’ils n’en aient pas marre. C’était super. Ils apprenaient leurs textes et on jouait les scènes comme on fait d’habitude.
Marie Gillain : On ne travaille pas avec des artistes autistes comme on travaille avec des acteurs classiques. Ils peuvent être activés par des émotions, par toutes sortes de choses qui peuvent activer leur sensorialité.
Hélène Médigue : Pour leur donner leur place et leur permettre de faire ce travail d’interprétation, il fallait aussi qu’ils puissent apprivoiser les situations, être en lien, accueillir cette caméra ou cette deuxième caméra, rencontrer vraiment l’équipe. C’était ça, en fait : leur donner une place.
Marie Gillain : Je trouve que c’est un film qui vous tend la main. Quand on a présenté le film en province, dans toutes les villes où on a fait des débats, on a rencontré les gens. C’est un film lumineux, qui rassemble.
Grégory Gadebois : Pareil. Pareil. Je suis bavard. Vous n’en pouvez plus de moi, hein ?