Rencontre : Bernard Campan, « L’enfant qui mesurait le monde »

C’est un visage familier et sympathique pour la plupart des Fans de Culture. Dans son nouveau film, « L’enfant qui mesurait le monde », Bernard Campan troque son sourire attachant pour un rictus désenchanté. En quelques minutes, Alexandre Varda, son personnage, nous ramène au deuil, à l’amertume et à l’obscurité. Le long chemin qu’il va emprunter sur les rivages grecs, filmé par Takis Candilis, l’amènera peu à peu vers la lumière. Retour avec lui sur ce film décisif.

Bernard Campan. © DR

 « L’enfant qui mesurait le monde », une coproduction France 2 cinéma, un partenariat France Télévisions.


Les Fans de Culture de France Télévisions : L’enfant qui mesurait le monde, ça parle de quoi ?
Bernard Campan : 
Ça parle de la rencontre que va faire un homme qui est de mon âge, qui est promoteur immobilier, qui est en plein succès mais qui va être viré de sa boîte, donc qui perd son emploi et, en parallèle, le même jour, apprend le décès de sa fille avec laquelle il était fâché depuis une douzaine d’années. Il avait perdu contact. Donc, il va retourner en Grèce et il découvre qu’il a un petit-enfant – il n’était pas au courant – de 9 ans : son petit-fils.

Les Fans de Culture : Quels étaient vos points d’accroche avec ce personnage ?
B. C. : 
On cherche toujours les points d’accroche avec les personnages, même si on n’en trouve pas. Quand on doit jouer un serial killer, a priori il n’y en a pas. Mais bon, un humain reste un humain et c’est ça que je trouve intéressant, c’est que je pense que cet homme, je le comprends, je le comprends. Il a été attiré par le succès, par l’argent. Moi je peux savoir ce que c’est, j’aime l’argent aussi. Donc voilà, je cherche des points communs et puis après on se laisse porter par l’histoire.

FDC : Comment s’est passé le tournage avec le réalisateur, Takis Candilis, qui revenait derrière la caméra après quarante ans d’absence ?
B. C. : 
Sur le tournage, Takis, vraiment c’était très simple toujours. Il me racontait un peu ce qu’il s’était passé avant, ce qui est toujours très bien pour un comédien. On a besoin de savoir ce qui s’est passé avant. Parfois je lui disais des choses sur les dialogues, sur les idées que je pouvais avoir ou des choses que je voulais changer. En amont, je lui ai dit, mais aussi pendant le tournage. Donc on a eu un bel échange. Il avait cette grande qualité, entre autres, d’être toujours à l’écoute.

FDC : Et le tournage avec l’araignée... ?
B. C. : 
L’araignée… Il y a une vraie araignée je crois, et puis il y a une fausse. Alors le jour où j’ai tourné, la première fois, on m’a dit : « Voilà l’araignée, elle va passer sur le muret là-bas... donc tu la regardes. » Bon, moi je vois pas d’araignée, alors j’ai mon regard qui balaye comme ça pour la suivre. Et puis je dis : « Je propose, mais je peux m’approcher un peu pour la regarder. » Parce que moi je pensais qu’elle était petite. « Pour la regarder et puis sourire... tiens, une araignée ? » Mais dans le film, je vois une espèce de master comme ça, une espèce de mygale qui traverse et moi je m’approche avec un petit sourire comme ça. Mais Takis, ça lui a bien plu parce qu’il s’est dit : « Tiens, ça va créer quelque chose d’intéressant. » C’était pas ce que j’avais imaginé.

FDC : Pour vous, culture rime avec...
B. C. : 
La culture, si ça doit rimer avec un mot, c’est le mot ouverture. Parce que c’est justement garder l’esprit ouvert. Tout ce qu’on pense être culture... enfin, tout ce qu’on pense ne pas être culture peut l’être. C’est un peu comme quand j’étais jeune, j’entendais : « Il y a la grande musique et la petite musique. » Il y a la musique, c’est la culture. Donc ouverture d’esprit, c’est ce qui rime avec culture je crois.