« Qui brille au combat » : rencontre avec Sarah Pachoud et Angelina Woreth
Pour la sortie de « Qui brille au combat », France TV & Vous a interviewé Sarah Pachoud et Angelina Woreth qui interprètent à l’écran Bertille et Manon. Le film, inspiré de l’histoire personnelle de sa réalisatrice Joséphine Japy, dépeint le quotidien d'une famille dont l'une des filles est atteinte d'un handicap lourd. Les deux actrices partagent leur expérience de tournage imprégnée de tendresse, de douceur et de la rencontre avec l’authentique Bertille, la sœur de la réalisatrice.
Angelina Woreth : Le nombre de fous rires qu’on a eus sur ce film…
Sarah Pachoud : Oui, il y a des scènes qui n’ont pas pu être montées tellement c’était…
Angelina Woreth : « Qui brille au combat ». En fait, Joséphine (Japy), quand elle était en train d’écrire le film, elle cherchait des noms pour ses personnages. Et donc elle a regardé la signification des personnages des membres de sa famille, notamment Bertille, car sa vraie sœur s’appelle vraiment Bertille. Et en fait, la définition de Bertille, c’était « celle qui brille au combat ». Elle ne le savait pas. Et donc voilà, ça lui a semblé évident d’enlever « celle » et de mettre juste « Qui brille au combat » comme titre.
Quelle expérience retenez-vous de ce tournage ?
Angelina Woreth : On a passé du temps avant le tournage, déjà ensemble pour se rencontrer. On a passé du temps avec Bertille et on a surtout passé des moments à faire des chorégraphies, en fait, où je devais par exemple mettre ses chaussures pendant qu’elle bougeait, qu’elle était dans le personnage de Bertille, lui faire une tresse pendant qu’elle était dans le personnage, et qui ne sont pas forcément des scènes qui se sont retrouvées dans le film, mais qui ont permis de briser la glace et d’apprendre à entrer en contact et à se toucher, puisqu’effectivement ça passe beaucoup par le corps, notre relation dans le film. J’en garde une formidable expérience humaine. Un tournage, c’est pas forcément toujours facile et on ne s’entend pas forcément toujours bien. Et là, franchement, il y a eu un truc vraiment familial, et on s’est tous vachement bien entendus, c’était très doux. Non, franchement, je me rappellerai de ce tournage.
Quelle place a pris votre corps dans le travail d’interprétation ?
Sarah Pachoud : Le rapport au corps, c’est ce qui m’intéresse le plus, en tout cas aujourd’hui à travailler. Ce qui passe de la vie par le corps, parce que j’ai l’impression que c’est l’outil avec lequel on triche le moins. Parce que, enfin, je ne sais pas, la distance qu’on a avec ce qu’on dit, ce qu’on pense, ce qu’on ne pense pas, ce qu’on croit penser. C’est toute une autre dimension. Et là, c’était un peu libéré de tout ça, et moi ça m’amusait beaucoup que tout, toutes les pensées, toute la communication, tout passe par les mains, le regard, la façon de bouger. Moi, ça m’amusait et je pense qu’elle l’a ressenti.
Qu'avez-vous appris sur le handicap en tournant ce film ?
Angelina Woreth : Je pense, en tout cas, de ce que j’ai compris en parlant avec Joséphine, en rencontrant des gens, c’est qu’il n’y a pas le temps pour les épanchements. Quand il y a quelqu’un d’handicapé dans la famille, forcément, ça passe un petit peu au deuxième plan les états d’âme potentiels qu’on peut avoir, même s’ils sont légitimes, bien souvent. Et je pense que c’était important de ne pas en faire un personnage cliché de l’adolescent qui gueule sur ses parents parce qu’en fait il n’y a pas le temps pour ça quand il y a une personne comme Bertille dans la famille, parce que toute l’attention et les efforts sont concentrés sur elle... Il n’y a pas le temps, c’est pas possible, donc elle ne peut pas se le permettre. Donc voilà, elle est un peu obligée d’être dans le droit chemin. Donc, c’est pour ça que, je pense, le personnage rend très pudique.
Quelle est la pire question qu’on vous ait posée pour ce film ?
Angelina Woreth : Euh, ça m’embête un peu...
Sarah Pachoud : Ouais, moi aussi...
A. W. : Toi aussi ?
S. P. : On pense à la même chose.
A. W. : Je suis obligée de le dire, franchement. On a eu une question aujourd’hui, c’était : « Quelle est la meilleure décision que vous ayez prise dans votre vie ? »
S. P. : T’en as pas, et de toute façon tu ne le dirais pas, donc t’es là : Un mensonge ?
A. W. : « Attends, une bonne décision ?… » C’est dur de répondre.
